| LIQUIDATION2, subst. fém. A. − DR. et FIN. 1. FIN. (Bourse). Échéance des opérations à terme; p. méton., période pendant laquelle s'effectuent ces opérations. Pour asseoir sa puissance, il lui fallait bien dominer la Bourse; et c'était ainsi, à chaque liquidation, une nouvelle bataille (Zola, Argent,1891, p. 99). 2. DR. COMM. Action de rendre liquide, de fixer le montant d'une somme, d'un compte à régler; p. méton., règlement de cette somme ou de ce compte. Liquidation d'une dette. C'étaient des légionnaires qui demandaient l'arriéré de leurs croix (...) des veuves qui rêvaient une liquidation de pension hors des conditions légales (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 323). ♦ Liquidation d'une société, d'une succession. Détermination de l'actif et du passif d'une société, d'une succession, et des droits de chaque associé, ou de chaque héritier. Un conseiller juridique qui renseignait sur toutes les questions de droit posées par l'absence, liquidations commerciales, successions, divorces (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 147): 1. La liquidation de la succession de mon père n'étant pas encore terminée, et ne sachant si, toutes dettes payées, il reviendrait une part quelconque à ses héritiers, je crus devoir offrir sur-le-champ, d'avance, moi-même, la somme que l'administration réclamait...
Hugo, Corresp.,1832, p. 505. ♦ Liquidation judiciaire (vx). Synon. de règlement judiciaire.Procédure instituée en vue d'adoucir les règles de la faillite, au profit des commerçants de bonne foi (d'apr. Cap. 1936). 3. DR. FISCAL a) Liquidation des dépenses publiques. ,,Évaluation concrète de la dépense; décision prise par le ministre ou par ses délégués, qui arrête le montant justifié des droits acquis pas un créancier de l'État sur les fonds du budget`` (Barr. 1974). b) Liquidation de l'impôt. ,,Calcul de l'impôt par l'application du taux ou du tarif à la base imposable, et compte tenu d'éventuelles déductions ou réductions`` (Budgét. 1978). 4. Liquidation d'une communauté. ,,Détermination de l'actif et du passif d'une communauté de biens entre époux dissoute, lorsque cette communauté a été acceptée par la femme ou ses héritiers`` (Cap. 1936). Les frais de scellé, inventaire, vente de mobilier, liquidation, licitation et partage, font partie de ces dettes (Code civil,1804, art. 1482, p. 272). B. − Vente de marchandises au rabais au moment de la cessation d'un commerce ou pour écouler rapidement un stock. Liquidation totale : 2. ... toujours à guetter les devantures, en quête de ces liquidations, de ces débris de naufrage que Paris amène continuellement dans l'écume de ses bords, elle découvrait au boulevard de Clichy l'occasion d'un lit superbe...
A. Daudet, Sapho,1884, p. 48. C. − Au fig. 1. Action de mettre fin à quelque chose de manière rapide et définitive. La liquidation de l'affaire Dreyfus, dont les dreyfusards ont su tirer un si bon parti (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 354).Au début de 1922, époque de la liquidation de « dada » en tant que mouvement (Breton, Manif. Surréal., 2eManif., 1930, p. 159): 3. ... la corporation qu'on a en vue ici (...) ne supprime pas les libertés syndicales, elle émane d'elles; et elle suppose la liquidation préalable du capitalisme moderne et du régime du primat du profit de l'argent.
Maritain, Human. intégr.,1936, p. 204. − PSYCHOL. Même sens. Puis vient la liquidation des complexes affectifs infantiles (Mounier, Traité caract.,1946, p. 428). 2. a) Action de se débarrasser de quelqu'un. Brouille certaine et irrémédiable avec une demi-douzaine de gens. Liquidation générale des amis douteux (Bloy, Journal,1892, p. 23). b) Action de tuer quelqu'un ou de se tuer. Je ne veux pas que mon fils reste sur une pente au bout de laquelle on peut entrevoir la liquidation par le suicide (Augier, Contagion,1866, p. 365). Prononc. et Orth. : [likidasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin. a) 1416 « action de liquider des biens » (doc. angevin ds Jean de Bueil, Le Jouvencel, éd. L. Lecestre, t. 2, p. 307, pièces justificatives); b) 1671 « estimation de l'actif et du passif (d'un compte) » (Pomey); 2. 1866 « action de tuer quelqu'un ou de se tuer » (Augier, loc. cit.); d'où 1899 « action de se débarrasser brutalement (de quelqu'un) » (Clemenceau, Iniquité, p. 223 : Enfin nous voici débarrassés de Picquart et de Grimaux. C'est ce qu'on appelle la liquidation); 3. 1866 « action de mettre fin brutalement à une situation » (Littré); 4. 1893 « vente à bas prix (de marchandises) » (DG). Prob. empr., malgré l'écart chronol., à l'ital. liquidazione (début xvies., Sanudo ds Batt.), dér. de liquidare (liquider*). Fréq. abs. littér. : 287. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 493, b) 230; xxes. : a) 388, b) 442. Bbg. Dub. Pol. 1962, pp. 335-336. - Hope 1971, p. 206. |