| LIMONADE, subst. fém. A. − Vieilli, MÉD. Boisson faite de jus de limon ou de citron, d'eau et de sucre. Les limonades étaient destinées à activer les fonctions digestives ou à servir de boisson aux malades, à la façon des tisanes (Encyclop. méthod. Méd.t. 81808) : 1. Les maux de gorge, les évanouissements durent, je crois, toute la vie. M. de Staël est sublime pour ces mille et un soins, mais il ne comprend pas comment tant de limonade versée ne le met pas à votre niveau dans mon cœur.
Staël, Lettres L. de Narbonne,1793, p. 127. ♦ Limonade purgative. Solution composée de citrate de magnésie versé dans une limonade. Après sa mauvaise nuit, elle voulut voir le médecin (...). Il ordonna un peu de limonade purgative (Michelet, Journal,1858, p. 398). B. − Limonade gazeuse, et absol., cour., limonade. Boisson rafraîchissante faite d'eau saturée d'acide carbonique, légèrement sucrée, parfumée avec du sirop ou de l'essence de citron. Fabrique, marchand de limonade; boire une limonade. En sortant de là [chez La Rive], nous allons prendre une limonade au café Foy (Stendhal, Journal,1804, p. 144).Le suc des limoniers ou citrons sert de base pour la préparation des limonades (Du Breuil, Cult. arbres,1876, p. 327).Les citrons de la mi-temps ou la limonade qui pique les gorges desséchées de mille aiguilles rafraîchissantes (Camus, Peste,1947, p. 1413): 2. Les pieds dans le sable et la vase desséchée, nous ne pensions qu'à la bouteille de limonade de la veuve Delouche, qui fraîchissait dans la fontaine de Grand'fons...
Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 217. − P. ext. Boisson acidulée, rafraîchissante (cf. Duval 1959). − Arg. Eau (d'apr. Rigaud, Dict. jargon paris., 1878, p. 202). ♦ Au fig. Être, tomber dans la limonade. Être dans les ennuis, la misère. Tomber dans la limonade, être en déconfiture (Larch.Suppl.1880).Tirer qqn de la limonade. L'aider à s'en sortir. Je suis dans une purée épatante, ayez pitié de moi, Seigneur! envoyez-moi un généreux bienfaiteur qui me tirera de la limonade (Courteline, Femmes d'amis, Envoyé du ciel, 1927, p. 149). C. − P. méton. Commerce de ceux qui vendent au détail, notamment dans des débits de boissons, de la limonade et d'autres boissons. Être dans la limonade. − Bonsoir, dit Pierrot. Je boirais bien un verre. − Difficile, dit le bonhomme. La limonade est fermée (Queneau, Pierrot,1942, p. 200): 3. ... non seulement le vin, mais d'une façon générale, l'alcool (...) la bière, les spiritueux et toutes les boissons non alcoolisées, ainsi que le café (...) ont reçu l'hospitalité la plus large de ce seul mot : limonade [it. ds le texte], qui les englobe tous.
Vie Lang.1971, no235, p. 544. REM. Limonaderie, subst. fém.Fabrique de limonade. L'on ne trouve ici que ce qui constitue l'ancienne limonaderie (Leclercq, Prov. dram., MmeSorbet, 1835, 6, p. 142). Prononc. et Orth. : [limɔnad]. Ac. 1694-1740 : -nnade; dep. 1762 : -nade. Étymol. et Hist. 1. 1640 limonnade « boisson rafraîchissante faite à partir de jus de citron ou de limon » (Oudin Ital.-Fr., s.v. limonea); 1650 limonade (Mén.); 2. 1867 « état de limonadier » (Delvau); 3. 1879 arg. être dans la limonade « être dans la misère » (Figaro, 16 oct. ds Larch. Suppl. 1880). Dér. de limon3*, suff. -ade*. Fréq. abs. littér. : 160. Bbg. Quem. DDL t. 6. |