| LIGNER, verbe trans. A. − Marquer d'une ou de plusieurs lignes. Ligner du papier : L'immense difficulté, pour faire un dessin où il y ait du soleil! Voilà Gavarni d'abord lavant le papier blanc, d'un ton chaud, jaune rosé; puis avec de l'encre de Chine, réchauffée de laque, traçant ses bonshommes, les lignant et les ombrant...
Goncourt, Journal,1861, p. 924. − P. métaph. Au loin, un mur s'allongeait (...) Le filet de neige qui lignait son chaperon lui donnait une couleur de rouille sale (Goncourt, G. Lacerteux,1864, p. 273).La nuit est venue. De petites chauves-souris zigzaguent sur le violet dense des tours de Notre-Dame, sur la pâleur du ciel, que lignent en bas, comme des épingles noires, les baïonnettes de la multitude armée (Goncourt, Journal,1870, p. 636). − Au fig. Délimiter, quadriller, accentuer le contour. Cette action était bien lignée (Péguy, Notre jeun.,1910, p. 38). − Spécialement ♦ MAR. ,,Serrer une voile à pli afin de la ranger`` (Mots rares, 1965; ds Lar. 19e-20e, Littré, Guérin 1892, DG, Quillet 1965). ♦ PÊCHE. ,,Pêcher à la ligne`` (Canada 1930). ,,Donner de la ligne à un poisson`` (Dionne 1909). ♦ TECHNOL. ,,Tracer une ligne droite sur une épure en cinglant celle-ci à l'aide d'une ligne frottée de craie ou de poudre teintée après l'avoir fortement tendue au-dessus de la surface à ligner`` (Noël 1968). Synon. battre la ligne.Personne [dans la charpenterie] ne savait mieux que lui (...) tringler, ligner, équerrer (D'esparbès, Lég. outil,1903, p. 11). B. − VÉN. ,,Se dit du loup qui s'accouple`` (Mots rares, 1965; ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e-20e, Littré, Guérin 1892, DG, Rob., Quillet 1965). REM. Ligné, -ée, part. passé,a) Emploi adj. Toile lignée; papier ligné. Et bientôt, entre deux murs de ténèbres, la découpure arrêtée et rigide des maisons, des bâtisses, des toits, des pins d'Italie, (...) elle poursuivait un chemin noir qui avait au bout, tout au bout, Rome et ses dômes, détachés, dessinés, lignés dans une nuit violette, sur une bande de ciel jaune (Goncourt, MmeGervaisais,1869, p. 116).Bot. ,,Marqué de lignes parallèles simples, fines et d'une couleur qui tranche sur la couleur générale`` (Littré; ds Besch. 1845, Lar. 19e-20e, Quillet 1965). En partic. Feuilles lignées. ,,Feuilles dont les nervures latérales sont fréquentes, parallèles, déliées`` (Besch. 1845; ds Lar. 19e-20e, Quillet 1965). b) Emploi subst. masc. Ce qui est tracé avec des lignes. Il n'y a qu'un homme né de lui, en ce siècle, dans cette partie-là, c'est Gavarni. Ils ont mis un grand dessin de David au-dessus du grand dessin de Prud'hon, la Justice, comme pour montrer toute la distance de l'un à l'autre et le génie différent de la tentative. Ce dessin bête de graveur, cette misère et cette peine et ce ligné, à côté de ce libre jet d'une pensée harmonieuse et puissante... (Goncourt, Journal,1858, p. 468). Prononc. : [liɳe], (il) ligne [liɳ]. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 « lancer (avec une fronde) » (Graindor de Douai, Jérusalem, 2605 ds T.-L.); 2. 1530 « tracer des lignes parallèles sur du papier, le régler » (Palsgr., p. 611b); 3. fig. 1860 « cerner d'un trait qui accentue le contour » (Goncourt, Ch. Demailly, p. 290). Dér. de ligne*; dés. -er. |