| LIERRE, subst. masc. A. − Plante vivace à feuilles alternes toujours vertes et luisantes, fixées sur une tige ligneuse grimpante et se fixant sur les troncs d'arbres et le long des murs au moyen de racines adventives latérales modifiées en crampons. Lierre commun, grimpant; crampon, griffe du lierre. Le chêne donne souvent des supports au chèvre-feuille, au lierre et à plusieurs autres plantes rampantes (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 76).Le lierre embrasse étroitement un côté du tronc [du chêne] et ensuite suit leurs principales branches (Stendhal, Lamiel,1842, p. 83).Et la feuille de lierre a la forme d'un cœur (Hugo, Légende, t. 2, 1859, p. 517). − [P. réf. à Bacchus dont il était un des attributs signifiant la vigueur] Iakkhos, couronné De pampres et de lierre et de vendanges mûres! Dieu jeune, qui te plais aux furieux murmures Des femmes de l'Edon et du Mimas! (Leconte de Lisle, Poèmes ant.,1852, p. 294). − P. compar. Il levait ses bras où des veines s'entrecroisaient comme des lierres sur des branches d'arbre (Flaub., Salammbô, t. 2, 1863, p. 42): 1. L'égoïste spéculation, la spéculation impitoyable, qui s'attache soudain, comme un lierre, à tout nom qui surgit, à tout talent qui s'élève, se souciant peu de les étouffer, pourvu qu'elle profite et s'enrichisse de leur sève...
Mussetds Revue des Deux Mondes,1833, p. 607. − P. métaph. Olivier (...) n'avait pas assez de sève pour vivre de sa propre substance. Il était lierre : il lui fallait se lier (Rolland, J.-Chr., Maison, 1909, p. 944). − Au fig. [Symbole de la constance de l'amour] Il me souvient pourtant qu'elle y parlait de fleurs et d'oiseaux, des étoiles et du lierre qui meurt où il s'attache (France, Pt Pierre,1918, p. 231): 2. ... ce n'est pas que je prétende nier qu'une femme digne d'amour peut voir son destin dans cette jolie devise du lierre, qui meurt s'il ne s'attache; c'est une loi de la nature, mais c'est toujours un pas décisif pour le bonheur, que de faire celui de l'homme qu'on aime.
Stendhal, Amour,1822, p. 100. B. − Lierre terrestre. Plante rampante de la famille des Labiacées, croissant dans les lieux ombragés, dont les feuilles ont quelque analogie avec celles du lierre commun, et possédant des propriétés médicinales. Synon. herbe de la Saint Jean.Tisanne (...) où l'on fera infuser quelques pincées d'hyssope, de véronique ou de lierre terrestre (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p. 135): 3. ... le Lierre terrestre (...) cultivé sur un sol riche, renouvelé de temps à autre, en atmosphère humide, à température élevée, sous une bonne lumière (...) demeure à l'état végétatif et ne produit pas de fleurs.
Bot.,1960, p. 1319 (Encyclop. de la Pléiade). C. − Géranium* lierre. REM. Lierreux, adj.Sur les ponts lierreux qui voilent les rivières (F. Jammes, Sources et feux,1936, 214, in Parent, 153 ds Quem. DDL t. 3). Prononc. et Orth. : [ljε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1372 (J. Corbichon, Propriét. des ch., 1. 17, ch. 53 ds Gay : ung vaissel de fust de lyere). Issu, avec agglutination de l'art. déf., de l'a. fr. iere « lierre » ordinairement masc. (1remoitié xes. edre; Jonas, éd. G. de Poerck, 145; fin xies. iedre, Gl. de Raschi, éd. A. Darmesteter et D. Blondheim, no586, p. 81; fin xiies. ierre, 1reContinuation de Perceval [ms. T], éd. W. Roach, 10482), lui-même issu du lat. hedera « lierre » fém.; le changement de genre peut s'expliquer par assimilation au genre gén. masc. des noms d'arbres et d'arbustes en fr. (FEW t. 4, p. 398a). Fréq. abs. littér. : 665. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 230, b) 1 293; xxes. : a) 1 024, b) 467. Bbg. Mercier (A.-L.). La Flore pop. d'Île-de-France. Le Lierre. B. folkl. d'Île-de-France. 1962, t. 25, pp. 558-560. - Rommel 1954, pp. 151-152. |