| * Dans l'article "LIÈGE,, subst. masc." LIÈGE, subst. masc. A. − Matière élastique et imperméable d'une grande légèreté, constituée par la partie externe de l'écorce du chêne- liège et employée à divers usages. Liège mâle; liège femelle ou liège de reproduction; la récolte du liège; liège brut, aggloméré, ouvré; planches, plaques de liège; bouchons, semelles de liège. Si l'on chauffe des lièges granulés jusqu'à ce que la résine ou subérine contenue dans chaque grain vienne à la surface, un coup de presse suffit à coller tous les grains entre eux et à en faire un produit très homogène qui se livre en plaques d'épaisseurs variées (0,01 cm à 0,10 cm). C'est un matériau remarquablement isolant et résistant (Arts et litt.,1935, p. 2-11): La terre brûlait ses gros souliers, l'horizon tournait comme une roue. Il se sentait plus léger qu'un homme de liège, merveilleusement libre et léger, dans l'air élastique. « Je me crus dégagé des liens mortels », note-t-il.
Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 260. − P. méton. ♦ Chêne-liège. La Sierra Morena, avec ses grandes assises de marbre rouge, ses chênes verts et ses lièges (Gautier, Italia,1852, p. 23).Voici aussi des lièges, des cyprès, des érables (Lorrain, Heures Corse,1905, p. 34). ♦ Bouchon, flotteur de liège. Le pêcheur patient prend son poste sans bruit, (...) Penché, l'œil immobile, il observe avec joie Le liége qui s'enfonce et le roseau qui ploie (Delille, Homme des champs,1800, p. 44).Que m'importe de lire sur le liége d'une bouteille, au lieu de vin à douze ou vin à quinze, société œnophile, ou telle autre fabrique qu'on voudra? (Proudhon, Propriété,1840, p. 304). ♦ TECHNOL. Instrument fait d'une pièce de bois recouverte de plaques de liège, utilisé par les corroyeurs pour liéger les peaux. Liège à main, liège à bras (Nouv. Lar. ill.). B. − BOT. Tissu secondaire recouvrant les tiges et racines de nombreuses plantes vasculaires, constitué de cellules mortes remplies d'air, dont la membrane est imprégnée de subérine. Synon. suber.Les couches superficielles de la tige âgée sont occupées par du liège, qui constitue pour la plante un revêtement protecteur. Il étendrait autour d'elle une cuirasse isolante si, par places, il ne subissait des modifications qui créent des voies d'aération : on les appelle des lenticelles (Bot.,1960, p. 576 [Encyclop. de la Pléiade]). REM. 1. Liéger, verbe trans.a) Pêche. Garnir de flotteurs de liège. Liéger une ligne, un filet. La senne est un filet à simple nappe, dont la ralingue supérieure est fortement liégée et celle inférieure plombée (Boyer, Pêches mar.,1967, p. 52).b) Peauss. Assouplir un cuir ou une peausserie à l'aide d'un liège, tout en donnant à sa surface un aspect finement ridé (d'apr. Rama 1973). Pour accroître sa souplesse, on roule le cuir sur lui-même, après pliage, soit à la main à l'aide d'un outil nommé liège du fait de sa garniture en liège, soit mécaniquement à la machine à liéger (Bérard, Gobilliard, Cuirs et peaux,1947, p. 110). 2. Liégeur, subst. masc.Ouvrier qui fait la récolte du liège. Il avait marié le plus réussi, le mieux dégrossi de ses petits-fils à la fille d'un marchand de biens (...) qui tenait un vieux bouchon à tonnelle restauré par elle et servait sous les bambous casse-croûte et boissons aux rouliers, aux saisonniers, aux liégeurs (Morand, Homme pressé,1941, p. 141). 3. Liégeux, -euse, adj.Qui est de la nature du liège, qui en a l'aspect, l'apparence. Écorce liégeuse. (Ds Pt Lar. 1906-Lar. Lang. fr.). Emploi subst. N'ai-je pas chez moi un petit vase [japonais] représentant un tronc d'arbuste, montrant toutes les colorations ligneuses et jusqu'au liégeux du vieux bois dans les creux de branches mortes coupées (E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 2, 1881, p. 265). Prononc. et Orth. : [ljε:ʒ]. Ac. 1694 et 1718 : liege; 1740-1835 : -é-; dep. 1878 : -è-. Étymol. et Hist. 1. a) Début xiiies. « écorce du chêne vert » (R. de Houdenc, Vengeance Raguidel, éd. M. Friedwagner, 5924); b) 1562 « quercus suber » (Du Pinet, Histoire du monde, XVI, 8, p. 586); 2. 1902 bot. (Nouv. Lar. ill.). Du lat. pop. *levius, élargissement du lat. class. levis « peu pesant, de peu d'importance », le liège ayant été ainsi nommé à cause de sa légèreté. Fréq. abs. littér. : 114. Bbg. Cohn (G.). Arch. St. n. Spr. 1899, t. 103, p. 219. - Hehn (V.). Kulturpflanzen und Haustiere in ihrem Übergang. Berlin, 1902, p. 576. - Sain. Arg. 1972 [1907], p. 93. |