| ![]() ![]() ![]() ![]() LÉONIN2, -INE, adj. VERSIFICATION A. − Vers léonin. Vers latin ou français dont les deux hémistiches riment ensemble ou présentent une assonance. Deux vers léonins qui me paraissent réunir les conditions de la belle poésie au xiesiècle : je veux dire la bizarrerie et l'obscurité (Mérimée, Ét. arts Moy. Âge,1870, p. 347).Christophorum videas, postea tutus eas. Je me souvins aussitôt de ce vers léonin autrefois passé en adage : « Regarde saint Christophe et puis va-t-en tranquille » (Bloy, Journal,1902, p. 110). B. − Rime léonine. Rime très riche dont l'homophonie s'étend à plusieurs syllabes. La rime léonine, très riche, présente au moins deux syllabes semblables : sultan, insultant (Gramm. Lar.1964, p. 445).La poésie s'appelle alors rhétorique. Guillaume de Machault et Crétin lui donnent pour plus noble ambition de jongler avec les rimes serpentines, léonines, croisées ou sonnantes (Jeux et sports,1967, p. 751). − [P. méton., en parlant d'un poème] Qui présente ce genre de rime. La ballade léonine n'est rien autre qu'une ballade dont les rimes sont léonines (Morier1961et 1975). Prononc. et Orth. : [leɔnε
̃], fém. [-in]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1165 rime lëonine (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 4); ca 1377 rime leonine (Guillaume de Machaut, Prologue, 152 ds
Œuvres, éd. E. Hoepffner, t. 1, p. 11); cf. E. Pasquier, Recherches de la France, Paris, Orléans, 1665, pp. 595-596 : Des vers latins rimez que nos ancestres appelloient Leonins, et pourquoy ils furent ainsi appellez [...] Et furent ces vers par eux appelez Leonins, du nom de Lyon, comme plus hautains, selon l'opinion de quelques-uns : De moy (...) je trouve que sous le regne de Louys septiesme vers l'an 1154 nous eusmes un brave Poëte dans Paris, lequel en ses œuvres manuscrits est tantost nommé Leoninus, tantost Leonius, qui fut du commencement Chanoine de Saint Benoist, et depuis Religieux de Sainct Victor. La tradition dep. Pasquier (supra) attribue l'orig. de ces vers à Leo (lat. Leonius ou Leoninus), chanoine à Paris et poète latin du xiiesiècle; cependant il ne semble pas exclu que léonin2(de même que léonin1) remonte au lat. leo « lion » par référence à une idée de prééminence, cf. G. Lote, Hist. du vers fr. Paris, 1951, t. 2, p. 141. Fréq. abs. littér. : 43. |