| LAMENTABLE, adj. A. − Qui porte à se lamenter, inspire la pitié ou la tristesse par son caractère misérable ou douloureux. Synon. déplorable, pitoyable, triste.Sort, destin, mort lamentable; scène, spectacle, tableau lamentable; air lamentable; être dans un état, une situation lamentable; personne lamentable à voir. Je ne connais pas de paysage plus juste que celui-ci, de même que je n'en connais pas non plus de plus douloureux, de plus lamentable, de plus grandiose que cette vue de Gennevilliers dont j'ai parlé plus haut (Huysmans, Art mod.,1883, p. 120).Supportez d'être appelée une nerveuse. Vous appartenez à cette famille magnifique et lamentable qui est le sel de la terre (Proust, Guermantes 1,1920, p. 305): 1. ... il a bien pu les admirer, ces Maures, dont la vie intérieure a la saveur étrange et douce d'un fruit sauvage. Mais aujourd'hui, il n'a plus qu'une grande pitié et ce sont de lamentables victimes qui l'entourent : les victimes d'une civilisation qui n'a pas su s'orienter.
Psichari, Voy. centur.,1914, p. 55. Emploi subst. masc. Je calculai que des millions d'infortunes s'étaient ainsi répandues partout devant les reliques sacrées des martyrs ou des confesseurs que l'on disait être les seuls amis de l'indigent et du lamentable (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 123).♦ P. hyperb. Très regrettable. Je suis arrêté faute de documents et j'avance si peu dans ma besogne que c'est lamentable! (Flaub., Corresp.,1876, p. 249). − Péj. Qui mérite la pitié, le mépris ou le dégoût par sa médiocrité, sa laideur, sa bassesse. Synon. affligeant, déplorable, mauvais, minable, piètre, pitoyable.Homme lamentable; ouvrage lamentable; résultats lamentables; de lamentables épaves. Un salon lamentable, avec du papier citron à quinze sous le rouleau, et un meuble recouvert de velours d'Utrecht, dont les fauteuils boitaient (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 951).Il s'ingéniera à tromper quiconque l'approche sur l'état réel de son lamentable esprit ruiné par le mensonge (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 161): 2. Un petit mari, lorgnon figuré par un trait unique, oblique au nez, chapeau à la main, courtois, abject, lamentable, cherche sa femme à la fin d'une soirée et la trouve débraillée, sur les genoux et dans les bras d'un gros homme.
Maurois, Journal,1946, p. 21. B. − Littér. Qui a le caractère d'une lamentation, exprime une lamentation. Ton, voix lamentable; cris, hurlements lamentables. Elle poursuivit d'un accent élégiaque et lamentable : − Oh! monsieur, les temps sont bien durs! (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 501).Contrebasse (...) Parfois grondeuse et terrible dans les tutti. Sombre et lamentable dans les rythmes funèbres (Rougnon1935, p. 251): 3. ... il ne pleurait pas, il ne dansait pas, il ne gesticulait pas, il ne criait pas; il ne chantait aucune chanson, ni gaie, ni lamentable, il n'implorait pas. Il était muet et immobile. Il avait renoncé, il avait abdiqué. Sa destinée était faite.
Baudel., Poèmes prose,1867, p. 73. Prononc. et Orth. : [lamɑ
̃tabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. xves. [date du ms.] « qui fait qu'on se lamente » (Evr. de Conty, Probl. d'Arist., B.N. 210, fo227a ds Gdf. Compl.). Empr. au lat.lamentabilis « plaintif; déplorable ». Fréq. abs. littér. : 1 053. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 672, b) 2 071; xxes. : a) 2 601, b) 1 229. |