| LAI2, subst. masc. HIST. LITT. (Moyen Âge) A. − Lai (narratif). Conte relativement court en octosyllabes et souvent marqué par le merveilleux. Les lais de Marie de France. Vous rappelez-vous le lai du chevalier de Graëlent? (Druon, Louve Fr.,1959, p. 190): Les lais narratifs sont des poèmes abrégés, en octosyllabes suivis, à rimes plates, prenant pour sujet une aventure merveilleuse, qui se rattache en général aux légendes arthuriennes ou au cycle de la Table Ronde. On les disait en s'accompagnant de la harpe ou de la rote.
Morier1961. B. − Forme poétique et musicale de longueur variable, en strophes plus ou moins complexes, en usage surtout aux xiveet xvesiècles. Les lais de Guillaume de Machaut, de Christine de Pisan. Moi qui sais des lais pour les reines Les complaintes de mes années (Apoll., Alcools,1913, p. 50).Les lais purement lyriques parviennent à leur perfection technique au cours des xiiieet xives. Ce sont alors des poèmes d'un nombre de vers variables, dépassant rarement 300, partagés en principe en 12 strophes hétérométriques (Mus.1976). ♦ P. métaph. Lorsque le soir élevait une vapeur bleuâtre au carrefour des forêts, que les complaintes ou les lais du vent gémissaient dans les mousses flétries, j'entrais en pleine possession des sympathies de ma nature (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 130). Prononc. et Orth. : [lε]. Ac. 1694, 1718 lay, ensuite lai. Étymol. et Hist. 1. 1155 « poème narratif ou lyrique, de longueur variable (ayant très souvent un accompagnement musical) » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 3699); ca 1170 en partic. avec réf. à une tradition « bretonne » (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner; v. p. ex. Guigemar, 20); 2. ca 1350 genre poétique, à forme fixe (Guillaume de Machaut, Lay de plour, éd. E. Hoepffner, t. 1, p. 283). L'hyp. communément admise est celle d'un empr. à un mot d'une lang. celtique (peut-être au bret. *laid̄
) correspondant à l'irl. lôid, plus tard laid « chant des oiseaux, chanson; pièce de vers » attesté dep. ca 800 (Romania t. 8, p. 422), v. FEW t. 20, p. 11. Une nouvelle hyp. a été proposée par R. Baum (Beiträge zum romanischen Mittelalter, 1977, pp. 17-78) à partir de la constatation que le bret. n'est pas attesté, que l'a. prov. lais au sens de « chant des oiseaux » (ca 1140, Marcabru) est antérieur à l'a. fr., tandis qu'au sens de « mélodie, poésie chantée avec accompagnement musical » (dep. 1170-1200, Daurel et Beton, v. R. Baum ds Z. rom. Philol. t. 85, pp. 1-44) les attest. en a. prov. ne font pas réf. à la litt. « bretonne » : lai serait d'orig. lat. et remonterait à (versus) laicus (v. laïc) où laicus serait devenu subst. autonome pour désigner une forme d'expr. pop. (à côté de genres musicaux d'inspiration religieuse, créés par les clercs); cette hyp. a encore besoin d'être étayée et d'autre part la forme a. prov. lais fait difficulté. Fréq. abs. littér. : 23. |