| LABOUREUR, subst. masc. AGRICULTURE A. − Celui qui laboure la terre. Le laboureur suivoit la charrue en arrosant de ses sueurs le sillon que le bœuf avoit tracé (Chateaubr., Martyrs, t. 3, 1810, p. 123).Je chante (...). Pour une fille qui bat le linge au lavoir (...) pour un laboureur qui arrête son attelage et m'écoute (Colette, Pays connu,1949, p. 110): Aujourd'hui, dans ces champs, vaste plaine muette,
Parfois le laboureur, sur le sillon courbé,
Trouve un noir javelot qu'il croit des cieux tombé,
Puis heurte pêle-mêle, au fond du sol qu'il fouille,
Casques vides, vieux dards qu'amalgame la rouille...
Hugo, Rayons et ombres,1840, p. 1050. − Emploi en appos. avec valeur d'adj. ♦ Vx. Bœuf laboureur. Synon. de bœuf de labour (v. ce mot A 1).Le bœuf laboureur se refait dans sa chaude étable, de ses longues et patientes fatigues (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 363).Le bœuf laboureur de l'Italie, est protégé par la loi sainte (Michelet, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 49).Valet laboureur. Synon. de valet de labour (v. ce mot A 1), valet* de ferme (mod.).Il avait embauché des amis, cinq ou six valets laboureurs pour ces salves de mousqueterie (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Père Amable, 1886, p. 223). ♦ [P. réf. à l'hist. de la conquête romaine où l'armée avait également pour tâche de coloniser les terres conquises] Soldat(-)laboureur. Le soldat laboureur est soldat par excès, laboureur par caractère. Quand les Francs l'entraînent, il devient guerrier (Vigny, Journal poète,1856, p. 1322).La plus haute incarnation militaire du passé, celle du soldat-laboureur de l'ancienne Rome (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1217).Une race forte de soldats laboureurs avait longtemps régenté cet extrême sud (Gracq, Syrtes,1951, p. 281). Rem. On relève, formés sur ce modèle, marin-laboureur, laboureur-marin. Le rouleau suit les bœufs du marin-laboureur (Jammes, Géorgiques, Chant 4, 1911, p. 44). Père, fils, oiseleur et laboureur-marin (Id., ibid., Chant 5, p. 19). B. − P. ext., vx et littér. [Correspond à labourage B] Synon. de paysan.Où voyait-on en France des paysans bien vêtus, des laboureurs dont le visage annonçoit l'abondance et la joie (Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 62).Ce sont les laboureurs qui nous font vivre, nous autres gentilshommes (Mérimée, Théâtre C. Gazul,1825, p. 189). Prononc. et Orth. : [labuʀ
œ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Début xiies. loreür « celui qui travaille, qui produit quelque chose » (Benedeit, St Brendan, 745 ds T.-L.); 2. 1155 laborëur « celui qui travaille la terre, paysan » (Wace, Brut, 14712, ibid.); 3. 1530 « celui qui laboure, qui retourne la terre pour la cultiver » (Palsgr., p. 256a : Plowe man, laboureur, charruier); 1552 (Est., s.v. aro, arator). Dér. de labourer*; suff. -eur2*; cf. lat. médiév. laborator « agriculteur » depuis 933 ds Nierm. Fréq. abs. littér. : 667. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 639, b) 754; xxes. : a) 982, b) 442. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 329. - Gemmingen-Obstfelder (B. von). Semantische Studien zum Wortfeld Arbeit im Fr. Tübingen, 1973, p. 124. |