| LÉ, subst. masc. A. − Vx et rare. Largeur. Une grande cage de bois de grosses solives, membrures et sablières, contenant neuf pieds de long sur huit de lé, et de hauteur sept pieds entre deux planchers (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 493). B. − Synon. de laize. 1. TEXT. Largeur d'une étoffe entre ses deux lisières; p. méton. bande de tissu dans toute sa largeur. Lé de calicot, de dentelle, de soie. Les lés décousus faisaient cent hiatus et ne tenaient plus que par quelques fils et la force de l'habitude (Gautier, Fracasse,1863, p. 7).Du haut en bas des avant-scènes, à droite et à gauche, tombaient d'immenses lés de toile grise, pour protéger les tentures (Zola, Nana,1880, p. 1325).D'un drap de lit qu'il a déchiré et dont il a noué bout à bout les deux lés, il a fait une sorte de corde (Gide, Caves,1914, p. 724). − En partic. Pan de tissu (p. ext. de tricot) qui donne son ampleur à une jupe, à un jupon, à une robe. Jupe à lés. Madame Laroque, tricotant, à sa coutume, un lé de jupon de laine, m'observait par-dessus ses besicles (France, Pt Pierre,1918, p. 45). ♦ P. métaph. Ô robe! L'ampleur de tes lés n'est autre que la multitude de mon peuple : Car de quoi un prince est-il revêtu, que du ruissellement de son peuple, de ses épaules à ses talons? (Claudel, Repos du 7ejour,1901, III, p. 853). 2. TAPISS. ,,Largeur d'un papier peint ou d'un revêtement souple vendu en rouleau`` (Bonnel-Tassan 1966); p. méton. bande de papier ou de revêtement dans toute sa largeur (ou dans toute sa longueur) (cf. Bonnel-Tassan 1966).Elle avait, de-ci, de-là, collé des lés de papier propre (Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 65). C. − Chemin de halage : Il y a une guinguette au bord de l'eau, un type boit, on voit sa casquette, son verre et son long nez au-dessus de la charmille. Deux autres marchent sur le lé, ils portent des canotiers et parlent tranquillement...
Sartre, Mort ds âme,1949, p. 279. − P. anal. Bande de terrain étroite. Un jardin naïf s'entr'ouvre, un espace ébloui de ciel et de végétations tendres. (...) cet étroit lé de sol élémentaire est toujours un lieu d'attente, de songe et de rémission (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 7). Prononc. et Orth. : [le]. Att. ds Ac. dep. 1694. Plur. mod. : lés; plur. Ac. 1694 et 1718 : lez. Cette forme au sing. ds docum. (Balzac, Pierrette, 1840, p. 68 et Journal de femmes, juill. 1849, p. 223). z < ts < lat. latus. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 led « largeur » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 132 : trente [piez] de led); 2. 1412 « largeur d'une étoffe entre ses deux lisières; bande de tissu dans toute sa largeur » (Doc. ds Gdf. Compl.); 3. a) 1690 « largeur d'un chemin de halage » (Fur.); b) 1812 « chemin de halage » (Mozin-Biber); 4. 1930 « largeur d'une bande de papier peint » (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 6, p. 86). Substantivation de l'adj. lé « large » (dep. ca 1100 ds T.-L.), du lat. latus « large ». Fréq. abs. littér. : 53. Bbg. Gebhardt (K.). Les Francoprovençalismes de la lang. fr. R. Ling. rom. 1974, t. 38, no149-152, p. 193. - Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1929, t. 41, pp. 140-141. |