| LÀ-BAS, loc. adv. A. − Vx. Au-dessous, en un lieu situé plus bas. Synon. usuel là en bas, là tout en bas.Descendez là-bas (Rob.). − En partic. ♦ Vx. L'enfer, le séjour des morts (p. oppos. à la vie terrestre). Anton. ici-bas.Là-bas, roman de Huysmans (1891). Es-tu bien la Mort vraiment? (...) Si je ne faisais que changer d'existence par hasard? Si là-bas j'allais avoir un autre corps, que j'eusse une autre âme aussi, ou la même? (Flaub., Tentation,1849, III, p. 431). ♦ Rare. Dans l'au-delà. Si ce que dit le rebonneteur (confesseur) n'est pas de la blague, un jour nous nous retrouverons là-bas (Vidocq, Mém., t. 3, 1828-29, p. 420).Rare. Emploi subst. Vers le là-bas où l'on n'entendra plus battre son cœur ni le pouls de sa conscience (Laforgue, Moral. légend.,1887, p. 171). B. − P. ext., usuel 1. [P. oppos. à ici et à la place de là] En un lieu éloigné, à une distance plus ou moins grande du lieu où se trouve le locuteur ou dont il est question dans le discours. a) [En corrélation avec ici, pour distinguer deux lieux différents, avec gén. mais non obligatoirement idée d'éloignement et de proximité] Ces eaux paresseuses ici, bruyantes là-bas (Gozlan, Notaire,1836, p. 3).Sais-tu s'ils ont laissé des papiers ici? − Non, les choses importantes sont là-bas en Lorraine (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 278): 1. Là-bas [en Angleterre] un fait rallie et l'on fait confiance au pouvoir en tant que pouvoir. Ici, (...) en l'absence d'un pouvoir réel suffisant, il ne reste que les idées, lesquelles divisent.
Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 146. − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. L'initiation cinétique inaugure la liaison d'un ici et d'un là-bas, d'un maintenant et d'un avenir que les autres moments se borneront à développer (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 164). b) [Empl. seul] Va me cueillir quelques fruits à ces espaliers qui couvrent ce mur, là-bas, au bout de cette allée de framboisiers (Borel, Champavert,1833, p. 206).Attache cela à cette corde que tu vois là-bas contre la muraille (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 117).Là-bas, tout au fond de la grande cour, le petit toit aux poules découpe, dans la nuit, le carré noir de sa porte ouverte (Renard, Poil Carotte,1894, p. 1). 2. [En parlant d'un lieu éloigné, qu'il est souvent inutile de préciser; en parlant d'un pays étranger] Une fois là-bas, arrivé là-bas; il est là-bas depuis (x temps); les mœurs, la civilisation de là-bas. Tout ce qu'il y avait dans sa tête de réminiscences (...) s'échappait à la fois (...). Elle vit son père, le cabinet de Lheureux, leur chambre là-bas, un autre paysage (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 168).Mais sa vie n'était plus dans la maison, elle était tout entière là-bas, près de l'inconnue, dans des régions qu'il imaginait éclatantes de poésie (France, Servien,1882, p. 105): 2. Je ne vois pas qu'il y ait nécessité à aller chez le ministre de Grèce, que je ne connais pas, je ne suis pas grecque, pourquoi irais-je là-bas? Je n'ai rien à y faire...
Proust, Guermantes 2,1921, p. 476. − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Dans ce là-bas se forme la beauté où, j'en suis sûr, s'épanouira ce sentiment informe qui nous emplit tous (Barrès, Renan,1888, p. 150).Si l'au-delà du bien, si le là-bas de l'amour est accessible à certaines âmes, l'au-delà du mal ne s'atteint pas (Huysmans, Là-bas, t. 2, 1891, p. 17). − [Dans une phrase impérative, pour désigner des pers. que l'on veut rappeler à l'ordre] Vous, là-bas! Taisez-vous, là-bas! Silence, là-bas! La directrice tapa dans ses mains (...) vers les bancs grouillants et bruissants. − Voyons, là-bas, un peu moins de vacarme! (Frapié, Maternelle,1904, p. 16). 3. Dans le lointain; à l'horizon. La lointaine forêt dont la lisière est sombre, Dort là-bas, immobile, en un pesant repos (Leconte de Lisle, Poèmes ant.,1852, p. 225).Le soleil doit se lever là-bas, tout à fait sur la gauche, au-dessus de cette tour (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 16): 3. Le charme, le délice de ce pays (...), c'est les bois, les bois profonds et envahisseurs, qui moutonnent et ondulent jusque là-bas, aussi loin qu'on peut voir...
Colette, Cl. école,1900, p. 8. 4. Arg., p. euphém. En prison, au bagne, en maison de correction. Quand on revient de là-bas [= du bagne], on ne doit pas être si difficile [sur la nourriture] (Vidocq, Mém., t. 4, 1828-29, p. 96).Ça sort de prison (...). Depuis deux mois que tu es sorti de là-bas, mon vieux Crainquebille, tu n'es plus le même (France, Crainquebille,1905, III, 1). Prononc. et Orth. : [labɑ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1532 « en bas, dans les enfers » (Rabelais, Pantagruel, XX, éd. V. L. Saulnier, p. 163); 2. av. 1616 « en bas » (O. Basselin, Hommage au cidre, éd. P. Jacob, Vaux de vire d'O. Basselin et de J. Le Houx, 1858, p. 73 : Voulez-vous rien mander Là bas à la rivière ?); 1558 (Des Périers, Nouv. Récr., 46 ds Hug.); 3. av. 1833 « au loin » (Béranger, Le Bonheur ds
Œuvres, éd. Garnier, s.d., t. 2, p. 257 : C'est le bonheur, dit l'Espérance, Courons, courons; doublons le pas Pour le trouver là-bas, là-bas...); 1835 (Ac., s.v. bas). Composé de là* et de bas* adverbe. Fréq. abs. littér. : 6 150. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 686, b) 7 851; xxes. : a) 15 273, b) 10 469. Bbg. Larthomas (P.). Là-haut, là-bas. Fr. mod. 1974, t. 42, pp. 197-205. |