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KITSCH, subst. masc. et adj. inv.
I. − Subst. masc. sing. Caractère esthétique d'œuvres et d'objets, souvent à grande diffusion, dont les traits dominants sont l'inauthenticité, la surcharge, le cumul des matières ou des fonctions et souvent le mauvais goût ou la médiocrité; p. méton. ce qui offre ce caractère. Le Kitsch c'est quoi? Tout ce qui est de mauvais goût, pourvu qu'on le regarde au second degré, avec un clin d'œil plein d'humour et assez d'esprit pour ne pas prendre tout cela au sérieux. Exemples de Kitsch : les broches représentant un petit chien en plastique, les objets souvenir, les fleurs artificielles (Elle, 1ermars 1971 ds Gilb.Mots contemp.1980, p. 311):
Le kitsch (...), un concept universel mais dont la dénomination est mal connue en langue française, en dépit de l'importance des études qui lui ont été consacrées spécialement dans les pays de langue germanique. Le kitsch c'est l'aliénation consentie, c'est l'anti-art, c'est le faux et le néo-quelque chose; mais c'est en même temps le confort dans les rapports de l'homme avec les objets, c'est une éthique en soi. A.-A. Moles, Objet et communication ds Communications, Paris, éd. du Seuil, 1969, no13, p. 20.
II. − Adj. inv. Qui offre ce caractère. Littérature, mobilier, spectacle kitsch. Un objet kitsch est toujours un superbe objet d'art. Il doit être de préférence bon marché avec un relent de terroir ou un air arabo-orientalo-exotique. L'objet kitsch n'est jamais fait avec ce dont il a l'air, le bois y est peint en faux marbre et le marbre en faux bois (Paris-Match,13 nov. 1971ds Gilb. Mots contemp. 1980, p. 311).Les accessoires 1930-1950, sacs en croco, bijoux kitsch très dorés et très voyants, fume-cigarettes ou colliers à grosses boules en pâte de verre vont évidemment avec la mode rétro (La Maison de Marie-Claire,mars 1975, no97, p. 102).Des meubles style nouille... la suspension... le papier mural mauve... tout à fait kitsch, on dirait aujourd'hui (A. Boudard, Les Combattants du petit bonheur, Paris, éd. de La Table ronde, 1977, p. 287).
Rem. ,,L'on peut se servir du mot Kitsch comme d'un [élément de composition] : Kitsch-grec, Kitsch-romain, Kitsch-Henri II, Kitsch-roman, Kitsch-gothique, Kitsch-rococo, et, pourquoi pas, Kitsch-kitsch?`` (A.-A. Moles, Le Kitsch, l'art du bonheur, Paris, Mame, 1971, p. 22).
Prononc. : [kitʃ]. Étymol. et Hist. A. Subst. 1962 (E. Morin, Esprit du temps, t. 1, p. 19). B. Adj. 1971 (Paris-Match, loc. cit.). Mot all., de même sens; en usage dans les milieux artistiques dep. ca 1870. L'all. Kitsch est lui-même prob. un dér. régr. de kitschen signifiant « ramasser la boue des rues » en Allemagne du Sud, plutôt qu'un empr. à l'angl. sketch « esquisse » (cf. Kluge20et Trübner). Bbg. A.-A. Moles et E. Wahl, Kitsch et objet. Communications, Paris, éd. du Seuil, 1969, no13, pp. 105-129.