| KAFKAÏEN, -ÏENNE, adj. A. − Qui appartient à Kafka ou caractérise ses thèmes, son style. Poétique kafkaïenne. L'angoisse kafkaienne est celle d'un monde qui a perdu son âme, (...) qui ne ressent plus la Divinité que comme un manque essentiel (...). Dans aucun des récits kafkaiens, cette tentative sur l'essentiel n'aboutit à ses fins (Daniel-Rops, Où passent des anges,1947ds Les critiques de notre temps et Kafka, présentation par C. Raboin, Paris, Garnier, 1973, pp. 33-34).La symbolique kafkaïenne (...) se développe en spirale (Aymé, Confort, 1949, p. 175).Ce thème de l'homme égaré dans le labyrinthe, sans fil conducteur, est primordial (...) dans l'œuvre de Kafka (...). Mais pourquoi l'homme kafkaïen souffre-t-il? Parce que, en fin de compte, il existe pour autre chose que pour le confort matériel (E. Ionesco, Dans les Armes de la ville, Cahiers Renaud-Barrault, no20, oct. 1957cité ds Les critiques de notre temps et Kafka, présentation par C. Raboin, Paris, Garnier, 1973, pp. 94). B. − P. anal., souvent péj. Qui évoque l'atmosphère sinistre, absurde, dérisoire des œuvres de Kafka. Il n'est plus de situation qui ne soit devenue « kafkaïenne ». Si une mayonnaise rate, c'est la faute de Kafka (A. Vialatte, C'est kafkaïen ds Le Figaro Littéraire, 18 mars 1965ds Les critiques de notre temps et Kafka, présentation par C. Raboin, Paris, Garnier, 1973, pp. 37-38).Le nom de [Kafka] a donné naissance à l'adjectif « kafkaïen », dont usent et abusent nos éditorialistes et nos critiques pour caractériser des situations absurdes ou sans issue de la vie moderne (Les critiques de notre temps et Kafka, présentation par C. Raboin, Paris, Garnier,1973, pp. 7). REM. Var. 1. Kafkéen, -enne, adj.Le fantastique kafkéen joue le rôle d'un révélateur. Il place les personnages dans une situation inhabituelle qui les déroute (M. Dentan, Humour et Création littéraire dans l'œuvre de Kafka,1961ds Les critiques de notre temps et Kafka, présentation par C. Raboin, Paris, Garnier, 1973, pp. 154).Une sorte d'immédiateté kafkéenne de la passion (Kl. Haedens, L'Été finit sous les tilleuls, Paris, Grasset, 1966, p. 61). 2. Kafkien, -ienne, adj.(Cf. A. Rousseaux ds Le Littéraire du 15 mars 1947 cité par A. Goosse ds Façons de parler, Gembloux, éd. Duculot, 1971, p. 220). Prononc. et Orth. : [kafkajε
̃], fém. [-jεn]. Rob., Lar. Lang. fr. -ï-, Lexis 1975 -i-. Étymol. et Hist. 1. 1947 « qui appartient à Kafka » (Daniel-Rops, loc. cit.); 2. 1965 situation kafkaïenne (A. Vialatte, loc. cit.). De Kafka, écrivain tchèque de langue all. [1883-1924]; suff. -ien*. Déjà Kafkien en 1939 (Daniel-Rops, c.r. : Kafka, Le Château, in NRF, no306, mars, 526-7 ds Quem. DDL t. 15). |