| JUTER, verbe intrans. A. − Qqc. jute 1. [Correspond à jus A] Rendre, laisser couler du jus. Pendant que les viandes jutent et que les sauces roussissent (Arnoux, Abisag,1919, p. 177): Du côté de Nanterre et de Suresnes le vin a beaucoup donné. Où l'on comptait sur dix pièces on en a eu douze. Cela a beaucoup juté sous le pressoir.
Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 454. − [P. anal.] Cette fois on est dans la luzernière. On avance dans la toison verte qui jute écrasée sous les clous de la semelle (Vialar, Homme de chasse,1961, p. 76). − Arg. (des peintres). Avoir du chic. Ça manque d'enveloppe. Le César est boudiné (...). Peint en pleine pâte, soit, mais sans rehauts, avec des maigreurs de brosse. Ça ne jute pas (E. Bergerat, Le Livre de Caliban, Lemerre, 1887, pp. 264-265 ds Quem. DDL t. 20). 2. P. anal. [Correspond à jus B 1] Synon. baver, dégouliner.J'ai faim! J'ai soif! Mes boyaux crient, mes lèvres jutent, je voudrais boire en mangeant, manger en buvant (Flaub., Tentation,1849, p. 324).Je ne connais rien de plus agaçant que des semelles qui jutent et qui font ghi, ghi, ghi, tout le long du chemin (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 891).Dominique fit juter sa pipe grâce à une série d'aspirations béates (Estaunié, Vie secrète,1908, p. 245). B. − Pop. et fig., vieilli. [Correspond à jus B 4] Discourir. (Ds Lar. Lang. fr.). REM. Jutage, subst. masc.,,Opération de remplissage par un liquide de boîtes de conserve déjà garnies de matières solides`` (Clém. Alim. 1978). Puis viennent la mise en boîte, le jutage (...), la fermeture et enfin la stérilisation (Industr. conserves,1950, p. 13). Prononc. et Orth. : [ʒyte], (il) jute [ʒyt]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1844 toute la salive qui a juté de nos lèvres (Flaub., Corresp., 150); 1862 (Hugo, loc. cit.). Dér. de jus*; dés. -er, avec -t- épenthétique. Fréq. abs. littér. : 25. |