| JUIN, subst. masc. Sixième mois de l'année, de trente jours. Le mois de juin; la mi-juin; le 2 juin; le 2 de juin (vieilli). Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin! L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière (Rimbaud, Poés.,1871, p. 71).C'était une de ces fêtes de printemps, d'un charme si tendre. Les chaudes soirées de juin avaient permis d'ouvrir les deux portes du grand salon et de prolonger le bal jusque sur le sable du jardin (Zola, Nana,1880, p. 1419).Geneviève suivait depuis quelque temps le catéchisme et devait faire, au mois de juin, sa première communion à Saint-Epvre (Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 337):1. Voici la Beauce, d'immenses espaces de blé, d'un blé levé dru en quinze jours, plus vert, plus sombre que chez nous et puis des maisons de fellahs sous un groupe de palmiers (...). L'horizon fermé par la brume. Je crois voir des villageois se rendant à la messe un dimanche matin d'été ou bien à quelque fête patronale de Juin par le sentier à travers la luzerne.
Barrès, Cahiers, t. 6, 1907, p. 183. A. − Mois des premières grandes chaleurs, du commencement de l'été. J'allais, tout imprégné du charme odorant, du charme vivant, du charme palpitant des bois attiédis par le grand soleil de juin (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Souv., 1884, p. 534).Impression d'été, de grand soleil, de nature, et de terreur délicieuse à me trouver seul au milieu de hautes herbes de juin qui dépassaient mon front (Loti, Rom. enf.,1890, p. 11): 2. ... chacun voyait que l'été s'installait. Le cri des martinets dans le ciel du soir devenait plus grêle au-dessus de la ville. Il n'était plus à la mesure de ces crépuscules de juin qui reculent l'horizon dans notre pays.
Camus, Peste,1947, p. 1309. ♦ Solstice de juin. Solstice d'été, période de l'année où les nuits sont les plus courtes, phénomène traditionnellement salué par des réjouissances comme les feux de la Saint Jean. Et même si cet univers tout à coup me manquait, si la lumière implacable du solstice de juin dissipait mon propre songe, une porte reste ouverte pour moi qui ai la connaissance des choses de Dieu (Mauriac, Bâillon dén.,1945, p. 411). B. − Mois qui symbolise la jeunesse, l'adolescence. Les grandes vies ont, en leur prime juin, une heure de plénitude (Rolland, Beethoven, Paris, éd. du Sablier, 1928, p. 73). C. − Rare, poét., au plur. Mon ami, vous m'avez, quoiqu'encore si jeune, Vu déjà bien divers, mais ondoyant jamais! Direct et bref, oui : tels les Juins suivent les Mais (Verlaine,
Œuvres compl., t. 2, Amour, 1888, p. 60).Lui mettre aux membres Contre le feu des Juins et le gel des Décembres Un cuir de dur-à-cuire (Richepin, Paradis,1894, p. 316). D. − Spécialement 1. AGRIC. Mois des fenaisons des prairies naturelles et cultivées. On fauche le foin chez nous en juin. C'est l'époque où les hautes graminées qui dominent le peuple dru des herbes passent du vert sombre au roux (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 73): 3. En mai, il retournait en forêt, avec sa femme quand elle voulait bien le suivre, pour l'abattage et l'écorçage des baliveaux de chêne; puis venaient les grandes semaines des récoltes, les foins en juin, les blés et les avoines en juillet...
R. Bazin, Blé,1907, p. 69. ♦ Proverbes. En beau juin Mauvaise herbe dans le foin. C'est le mois de juin Qui fait le foin (Chass.1970). 2. ENSEIGN. Mois qui marque généralement la fin de l'année scolaire ou universitaire, pendant lequel ont lieu la plupart des concours et des examens Session de juin. Juin ramena le temps des examens et une terrible chaleur dont la buée suffocante planait sur le pays sans qu'un souffle de vent la vînt dissiper (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 206). 3. HISTOIRE a) Les journées de juin 1848. Émeutes sanglantes qui se produisirent à Paris et dans sa région à la suite de la fermeture des ateliers nationaux. Les deux frères se séparaient sur des questions de politique si bien qu'après les journées de Juin, Mathurin résolut de s'expatrier (Duhamel, Notaire Havre,1933, p. 19).Il est aussi à peu près le seul à défendre devant l'Assemblée les insurgés de Juin (H. Mougin, Pierre Leroux, Paris, Éd. Soc. internat., 1938, p. 115). b) Appel du 18 juin 1940. Appel lancé depuis Londres, par le général De Gaulle, pour inviter les Français à refuser l'armistice avec l'Allemagne et à continuer le combat : 4. Si l'appel du 18 juin 1940 a revêtu sa signification, c'est simplement parce que la nation française a jugé bon de l'écouter et d'y répondre, c'est parce que, malgré ses malheurs, l'honneur, la victoire, la liberté, demeuraient au fond de son instinctive volonté.
De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 575. c) Juin 1940, juin 40. Période historique de la deuxième guerre mondiale qui marque le début de la résistance en France, après le refus de l'armistice par une partie de la population française. Il avait été mobilisé en septembre 39, avait fait la « drôle de guerre », la campagne de France... La maison qui l'accueillit en juin 40 était celle d'un admirateur de sa peinture (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 102): 5. Ainsi nous apparaissent beaucoup de Français depuis juin 40; ils ont été ahuris de voir les professionnels du patriotisme passer à l'ennemi; le vainqueur de Verdun organiser la défaite...
Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 50. d) 6 juin 1944. Débarquement des Forces Alliées sur les côtes de Normandie qui devait enclencher le processus de libération de la France de l'occupation nazie. 6 juin 1944 : un des jours les plus longs, les Anglo-Saxons parvenaient à établir des têtes de pont sur la côte normande. Après quoi, la machine se grippa, et rien ou presque ne fonctionna comme on l'avait espéré : pendant quelques semaines, la confusion s'accrut dans une France de plus en plus fragmentée et contrastée (J.-P. Azéma, De Munich à la Libération 1938-1944, Paris, éd. du Seuil, 1979, p. 324). Prononc. et Orth. : [ʒ
ɥ
ε
̃]. [ʒwε
̃] à Paris (milieux cultivés) selon Rouss.-Lacl. 1927, p. 154. Prononc. rejetée par Mart. Comment prononce 1913, p. 197. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1119 juin (Philippe de Thaon, Comput, 745 ds T.-L.). Du lat. junius [mensis] désignant le 6emois de l'année, proprement « mois de L. Junius Brutus, premier consul de Rome ». Fréq. abs. littér. : 5 551. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 289, b) 9 510; xxes. : a) 9 520, b) 7 419. Bbg. Monfrin (J.). Cf. juillet bbg. |