Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
JOYEUX, -EUSE, adj.
A. − Qui éprouve, qui ressent de la joie. Joyeux compagnon, compère, drille, garçon, loustic, luron, sans-souci; joyeux comme un collégien en vacances, comme un enfant; âme, veuve joyeuse. Son père, qu'elle avait connu de tout temps, même au fond de l'exil, joyeux, souriant, étourdi, charmant (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 287).Les cheveux châtains, tressés et retenus sur le front par un ruban noir, blanche, solide, joyeuse, pleine de jeunesse et de vie, elle était superbe (Du Camp, Nil,1854, p. 116).Aussi l'équipage si joyeux au départ, si confiant au début, maintenant vaincu et découragé, reprenait-il le chemin de l'Europe (Verne, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 207).− Riez! Vous êtes belle et joyeuse, et moi, je suis sinistre et seul (Claudel, Part. midi,1906, I, p. 1002):
1. Le plus joyeux des êtres, c'est l'oiseau, parce qu'il se sent fort au delà de son action, parce que, bercé, soulevé de l'haleine du ciel, il nage, il monte sans effort, comme en rêve. La force illimitée, la faculté sublime (...) d'aspirer la vie à torrent, c'est un enivrement divin. Michelet, Oiseau,1856, p. 30.
Emploi subst.
Au plur. Les joyeux guérissent toujours (Lar. 19e). Dans nos promenades de tout le jour, par ce bois de Boulogne maudit, voir à la cantonade le défilé de ces joyeux, de ces vivants, de tous ces heureux de vivre, de tous ces reconnaissants de l'existence, ça vous donne des idées homicides (Goncourt, Journal,1870, p. 556).
♦ Domaine milit. (plus ou moins arg.).Soldat des bataillons disciplinaires d'infanterie lègère d'Afrique. Le commandant se logea dans la plus belle des maisons, les joyeux dans une cour, les tirailleurs kabyles dans une autre (Mille, Barnavaux,1908, p. 142).Il y avait à Ben Nezouh, dans le bataillon d'Afrique, un joyeux à l'aspect très doux et aux manières très polies (Tharaud, Fête arabe,1912, p. 270).
B. − Qui exprime la joie; qui s'accompagne de joie, qui donne (de) la joie. Cette figure, autrefois si riante, si joyeuse, si vermeille, était maintenant jaune, osseuse, allongée (Sue, Atar-Gull,1831, p. 34).Enfin le motif joyeux resta triomphant; ce n'était plus un appel presque inquiet lancé derrière un ciel vide, c'était une joie ineffable qui semblait venir du paradis (Proust, Prisonn.,1922, p. 260).La palette de Rubens est presque toujours joyeuse, même dans une Montée au Calvaire (H. Dumas, Phys. coul.,1930, p. 84):
2. Ce repas fut égayé par les joyeux propos du duc de Bourbon. Nul n'était plus jovial que ce brave seigneur, qui était aimé de tout le monde, n'avait aucune ambition, et se tenait loin de toute cabale. Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 175.
SYNT. Joyeux anniversaire, brouhaha; joyeuse assemblée, bande, chanson, confrérie, fanfare, farandole, humeur, insouciance, partie, réception; bal, chant, cri(s), festin, repas, sourire, visage joyeux; exclamation, farce, foule, jeunesse, noce, réunion, table, troupe, société joyeuse; joyeuses clameurs, conversations, histoires, journées; d'un pas, d'un ton joyeux.
HIST. Droit de joyeux avènement. Impôt qui était payé au roi de France pour son avènement au trône. Louis XVI fit remise du droit de joyeux avènement (Ac.1835, 1878).En partic. [Dans les Flandres] Droit de joyeuse entrée. Il [Jean-sans-peur] s'avisa d'envoyer son fils Philippe, comte de Charolais, (...) faire son entrée dans toutes les villes de Flandre, afin que, selon la coutume du pays, ce lui fût une occasion de percevoir le droit de joyeuse entrée (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 195).P. anal. [P. réf. à l'usage ancien] Don de joyeux avènement ,,Libéralité que fait le nouveau titulaire d'un poste, d'une fonction, d'une dignité`` (Ac. 1935).
Locutions
Joyeuse Angleterre. C'est comme au temps de la mort de Shakespeare, où la vieille Angleterre, la joyeuse Angleterre, merry England, disparaît un moment devant les sombres puritains (Michelet, Journal,1850, p. 125).
Emploi exclam. [En guise de souhait]
Bonne et joyeuse vie. − En ce cas, bonne et joyeuse vie; venez, messieurs, venez! (Dumas Père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 550).
Joyeux Noël! Joyeuses fêtes! Joyeuses Pâques! Les inscriptions publicitaires, les bons vœux de Joyeux Noël! givrés d'or et d'argent (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 251).
Expressions
Mener grand et joyeux tapage. Les suivantes de toutes les classes s'étaient répandues dans les différentes parties du navire, où elles menaient grand et joyeux tapage, en lançant aux marins des oranges, des bananes et des fleurs (Loti, Mariage,1882, p. 161).
Mener joyeuse vie. Mener une vie de plaisirs. [Le sire d'Amfreville] menait au Louvre joyeuse vie et grande dépense, tandis que le pauvre vieux roi de France restait solitaire en son hôtel Saint-Paul, délaissé de tous (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 329).Il l'avait trouvé menant joyeuse vie, criblé de dettes, cachant des maîtresses dans ses armoires (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1041).
C. − P. anal. [Le subst. désigne une chose, un élément de la nature] Qui donne l'image de la joie; qui apporte, qui inspire (de) la joie. Joyeux soleil; vin joyeux; flamme joyeuse. Un petit ruisseau de campagne, très clair, très joyeux, qui coulait dans un pré (Duranty, Malh. H. Gérard,1860, p. 45).Le cidre jaune luisait, joyeux, clair et doré, dans les grands verres (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Farce norm., 1882, p. 65).Le train joyeux filait (Zola, Bête hum.,1890, p. 50).
Emploi subst. fém. sing. L'épée de Charlemagne et de quelques autres chevaliers. (Ds Littré, Lar. 19e, Guérin1892). Jeanne-d'Arc ranima l'esprit de la chevalerie en France; on prétend que son bras étoit armé de la fameuse joyeuse de Charlemagne (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 497).
REM.
Joyeuserie, subst. fém.,hapax. Humeur enjouée et plaisante. Persuadé que je suis que vous n'avez pour moi aucun sentiment dans lequel il y ait quelque chose qui admette la familiarité et la joyeuserie de l'âme, et la folâtrerie (Balzac, Corresp.,1822, p. 169).
Prononc. et Orth. : [ʒwajø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 goiuse « qui éprouve de la joie » (Alexis, éd. Chr. Storey, 458); 2. ca 1100 « qui porte, inspire la joie » Joiuse, nom de l'épée de Charlemagne (Roland, éd. J. Bédier, 2508); fin xiies. [ms.] (Dial. anime conquerentis, ms. BM Épinal no209 [anc. 58], fol. 51 b : Cum es joose [la mort] as dolanz et as ploranz [quam jocunda es, o mors, tristis atque merentibus]); 4equart xives. (Froissart, Chron., IV, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 14, p. 18 : vos bourgois de Paris vous présentent ou joieux advénement de vostre règne tous les joiaulx qui sont sur ceste littiere); 3. 1172 « plein de joie, qui respire la joie » (Chrétien de Troyes, Lion, 3558 ds T.-L.); ca 1220 joieuse vie (Gui de Cambrai, Barlaam et Josaphat, 888, ibid.); 4. ca 1200 « qui traduit la joie » (Chastelain de Coucy, Chansons, éd. A. Lerond, VI, 6, p. 82). Dér. de joie*; suff. -eux*. Fréq. abs. littér. : 3 660. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 674, b) 7 470; xxes. : a) 6 354, b) 3 752. Bbg. Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 233.