| JOUVENCE, subst. fém. A. − [Employé seul] Rare. Jeunesse. Vous pouvez aimer, mais on ne peut plus vous aimer. La fontaine printanière a renouvelé ses eaux sans vous rendre votre jouvence, et la vue de tout ce qui renaît, de tout ce qui est heureux, vous réduit à la douloureuse mémoire de vos plaisirs (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 433). B. − [En syntagme] 1. Fontaine* de Jouvence. − (Eau, élixir) de jouvence. (Substance) qui aurait la propriété de rajeunir. Avez-vous songé à m'apporter une fiole de cette huile de Jouvence, qui blanchit la peau? (Hugo, Han d'Isl.,1823, p. 120). ♦ P. ell. Il avait essayé de tout, réuni savants et médecins, épuisé les moelles de boeuf, les onguents, les lotions, les jouvences (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 192). ♦ P. métaph. : 1. ... au fur et à mesure
Qu'il buvait, il rajeunissait;
Et, comme l'histoire l'assure,
La sagesse alors lui poussait.
« Oui, tu es une eau de jouvence,
Ô vin! étais-je assez niais −
Disait-il − hélas! quand je pense
Qu'hier encor je te niais!... »
Ponchon, Muse cabaret, Conte, 1920, p. 42. 2. ... l'épigraphie apporte à l'histoire ancienne une fraîcheur toujours renouvelée; elle lutte contre la sécheresse des discussions sans fin sur des textes malaxés depuis quatre siècles, elle tranche de vieilles controverses, elle est l'eau de jouvence de nos études...
L'Hist. et ses méth.,1961, p. 463. 2. Bain, cure de jouvence (fig.). Cure de jouvence. Maintenant, je ne suis plus le même qu'autrefois. Le bain de jouvence de ton amour m'a métamorphosé. Dans moi, hors moi, tout est changé (Murger, Scènes vie jeun.,1851, p. 61).Le bain de plein air pour le théâtre est bain de jouvence, ce qui permit à Jean Vilar de faire du neuf, ce fut de jouer à Avignon, à ciel libre, sur des tréteaux, dans le palais des papes (Serrière, T.N.P.,1959, p. 59). Prononc. et Orth. : [ʒuvɑ
̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. xives. jouvence (Appolonius, 28, 8 ds T.-L.); 1483 la fontaigne de Jouvence (Inventaire des biens de Charlotte de Savoie ds Bibl. Ecole des Chartes, 6esérie, t. 1, p. 353). Altération d'apr. jouvenceau* ou adolescence* de l'a. fr. jovente (1050-xvies. ds Gdf.), du lat. juventa « jeunesse, jeune âge ». La forme fém. était en concurrence avec une forme masc. jouvent (fin xes.-début xvies. ds Gdf., T.-L.), qui représente le lat. juventus, cf. aussi 2emoitié xiiies. fontaine de jovent (Fabliaus de Coquaigne, éd. Barbazan et Méon, t. III, 151, p. 180). Fréq. abs. littér. : 23. |