| JEU, subst. masc. I. − Activité divertissante, soumise ou non à des règles, pratiquée par les enfants de manière désintéressée et par les adultes à des fins parfois lucratives : 1. Le jeu est partout. Il semble impossible d'imaginer qu'on puisse un jour découvrir un groupe humain dans l'existence duquel l'activité de jeu serait totalement absente. Les jeux sont des constantes de culture dont les formes peuvent varier d'une aire culturelle à une autre. Mais, par-delà cette diversité infinie, l'universalité du jeu le désigne comme un élément fondamental de la condition humaine. Le jeu est un invariant humain.
Jeux et sports,1967, p. 1157. A. − Activité désintéressée, destinée à faire passer agréablement le temps à celui qui s'y livre. 1. Activité ludique essentielle chez l'enfant, spontanée, libre et gratuite. Les jeux naïfs et innocents de l'enfance valent mieux que les études pénibles et jalouses des hommes (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 127).Dans nos jeux il n'était pas question d'autre chose que de faire du mouvement et du bruit (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 447).Les jeux des enfants sont de graves occupations. Il n'y a que les grandes personnes qui jouent (Barbusse, Feu,1916, p. 98): 2. J'aimais les jeux abhorrés des mères et que les surveillants interdisent tôt ou tard, pour le désordre qui s'y mêle, les jeux sans règle ni frein, les jeux violents, forcenés, pleins d'horreur.
France, Pt Pierre,1918, p. 251. SYNT. Jeu brutal, bruyant; jeu enfantin, puéril; camarade, meneur de jeu; salle de jeux; jouer à un (des) jeu(x), inventer des jeux; jeu d'imagination, d'initiation, de manipulation; les jeux et les ris (poét.). − En partic. ♦ Jeu de bascule. Jeu de balançoire. Au fig. V. bascule A 1. ♦ Jeux de main(s). Jeux où l'on échange de légers coups. Au fig. Démonstration affective ou sensuelle se traduisant par des gestes libertins. C'était un charme continuel à la (...) toucher, des plaisanteries, des taquineries, les jeux de main d'un homme qui voudrait reprendre une femme (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 260).Loc. proverbiale. Jeux de mains, jeux de vilain. Les affrontements brutaux ne sont pas de mise entre gens de bonne compagnie et finissent généralement mal. − P. anal. Jeux amoureux, jeux de l'amour. Ébats, divertissements propres aux amoureux. Les jeux d'amour tenaient fort peu de place dans les préoccupations du ménage Haudouin (Aymé, Jument,1933, p. 25). − En mauvaise part. Divertissement que l'on se procure aux dépens de quelqu'un d'autre. Un de ses jeux favoris était de plonger les jeunes chats dans l'eau bouillante (Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 21). ♦ Au fig. (Jouer) un jeu abominable, cruel, féroce, terrible. Si vous m'aimez, cessez un jeu cruel. Vous me tueriez (Balzac, Langeais,1834, p. 335). ♦ Loc. fig. Ce sont là jeux de princes [P. allus. à la fable de La Fontaine Le Jardinier et son Seigneur] Ce sont des divertissements réservés aux puissants, souvent au détriment des plus faibles. Le bonhomme disait du temps de La Fontaine : Ce sont là jeux de princes, et on le laissait dire (Courier, Pamphlets pol., Au réd. Courrier français, 1823, p. 198). 2. Activité ludique organisée à des fins pédagogiques ou thérapeutiques. Jeu dirigé, symbolique; thérapie par le jeu. Quels sont donc la nature et le but de ces jeux éducatifs? Ils constituent évidemment une introduction au travail scolaire (Jeux et sports,1967, p. 143). − En partic., ÉCON. Jeu d'entreprise. Nés officiellement en 1944, les jeux d'entreprises furent au début, des jeux d'entraînement des dirigeants de société à l'échelon le plus élevé, pour leur formation à la gestion économique et à l'administration générale (Mucch.Sc. soc.1969). 3. Activité ludique organisée autour d'une partie comportant généralement des règles, des gagnants et des perdants. Est-ce que tu sais jouer à la main chaude, toi? Albine savait jouer à tous les jeux (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1355).On demandait les cartes pour un jeu de piquet. On s'essayait aux fléchettes, aux boules, au javelot (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 112): 3. Vous connaissez le jeu du furet. Tout le monde fait cercle, les mains sont fermées sur la corde, on ne voit rien, mais les mains sont complices, le furet court, glisse au long de la corde, repasse, tourne inlassablement.
Gracq, Syrtes,1951, p. 102. SYNT. Jeux de plein air (jeu(x) d'adresse, de groupe, d'équipe; jeu(x) de balle(s), de billes, de cache-cache, de colin-maillard, de marelle, de piste); jeux d'intérieur (jeu de patience, de société, de cartes; jeu de dames, de dés, d'échecs, de l'oie); jeux sportifs; la règle du jeu; gagner, perdre au jeu; respecter le jeu; sortir du jeu. − SPORTS ♦ Jeu à XIII. Sport dérivé du rugby, chaque équipe se composant de treize joueurs. La fédération française de jeu à XIII (Lar. encyclop.). ♦ TENNIS. Chacune des divisions de la partie. Le joueur qui le premier gagne six jeux gagne le set, à condition qu'il ait alors deux tours d'avance sur son adversaire (Définitions adoptées par l'Assemblée générale de la Fédération internationale de Lawn-Tennis le 12 juillet 1950 ds H. Cochet, Le Tennis, P.U.F., Paris, 1978, p. 87). − MATH. Théorie des jeux. ,,Théorie mathématique qui cherche à définir un comportement rationnel des joueurs, par l'analyse de leurs décisions`` (Cotta 1972). − Expr. et loc. fig. ♦ C'est la règle du jeu. Ce sont les conventions établies par le jeu. Il trouverait normal d'être châtié. C'est la règle du jeu (Camus, Sisyphe,1942, p. 103).Fam. Ce n'est pas « de jeu ». Ce n'est pas dans les règles établies par la coutume, les habitudes de la vie. C'est pas de jeu parce qu'un type couche avec vous de vouloir le garder pour toujours et tout à fait (Claudel, Échange,1954, II, p. 769). ♦ Entrer en jeu. Participer, intervenir. L'estomac, dit-on, n'entre pas en jeu sur son ordre [du cerveau] (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 205).D'entrée de jeu (v. entrée I B 3). ♦ Jouer le jeu. Accepter la partie dans les règles établies par les conditions préalables. Je me demandais ce qui allait se produire entre nous. Mais déjà je me ressaisissais, je jouais le jeu (Jouve, Scène capit.,1935, p. 220). ♦ Mener le jeu. Prendre l'avantage, le dessus dans une situation précise. Celui qui parle fort ou celui qui parle bien, mène le jeu (Valéry, Mauv. pens.,1942, p. 214). ♦ (Se) piquer au jeu. Poursuivre une entreprise avec opiniâtreté malgré les difficultés rencontrées. C'est mon impatience de m'en aller qui la pique au jeu et lui fait trouver du plaisir à prolonger une causerie sans but (Constant, Journaux,1804, p. 142). ♦ Tirer son épingle du jeu. V. épingle B 1 b. 4. Distraction, délassement faisant plus spécialement appel aux facultés de mémoire et d'érudition. Jeux intellectuels, jeu(x) de salon, de société; jeu(x) d'esprit. « Le hasard de la rime, qui fait dans un salon le jeu des bouts-rimés, devient chez un Hugo la chance miraculeuse qui se renouvelle à chaque distique » (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 232). − En partic. ♦ LITT. (Moy. Âge). [xiiies., en France du nord] Composition dramatique (qui peut être en même temps sérieuse et comique). Jeu de Robin et de Marion, Jeu de la Feuillée. L'emploi assez indéterminé du mot « jeu » correspond au flottement des genres dramatiques à l'époque considérée, puisqu'il s'applique aussi bien à la pièce de Jean Bodel, le Jeu de Saint-Nicolas qu'au théâtre purement laïque d'Adam de la Halle (J. Frappier, Le Théâtre profane en France au Moyen-Âge, xiiieet xivesiècles, Paris, Centre de docum. universitaire, s.d., p. 12).Jeu-parti. Pièce lyrique normalement formée de six couplets suivis de deux envois, dans laquelle deux partenaires débattent d'un sujet le plus souvent relatif à l'amour, en développant chacun une thèse opposée. Dans les genres de moindre étendue (...) vous remarqueriez les chansons, lais, complaintes (...) les jeux-partis, les proverbes, dicts et sentences (Sainte-Beuve, Prem. lundis, t. 3, 1869, p. 380). ♦ Au fig., vx. Voir beau jeu. Être témoin d'un beau spectacle. P. antiphrase. Je voudrois bien que quelqu'un s'avisât de parler mal de vous devant moi!... Nous verrions beau jeu, vraiment (Guilbert de Pixer., Victor,1798, I, 4, p. 11). ♦ Vieilli. Les jeux de la scène. La représentation d'une pièce de théâtre. 5. P. anal. a) [En parlant d'une activité assimilée à un jeu pour sa facilité, son côté plaisant ou superficiel]
α) [Chose facile à réaliser] Supposé qu'on profite d'un instant de sommeil pour lui imposer de nouvelles chaînes, ce sera un jeu pour elle de les briser (Renan, Avenir sc.,1890, p. 30).La brume? Mais c'est presque un jeu d'enfant de la traverser lorsqu'il n'y a rien devant que... que des morutiers (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 128).Écrire ne pouvait être pour lui ce petit jeu, cette distraction, ce bavardage (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 26).
β) [Plaisanterie] Par jeu, par manière de jeu. Par plaisanterie. Brandissant un rasoir ouvert, le petit comte feignait par jeu de se le passer sur la gorge (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 57).Deux ou trois gamins du bourg, par manière de jeu, s'approchèrent à pas de loup (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 51). − Se faire un jeu de. Accomplir une tâche avec aisance; traiter un sujet sérieux avec légèreté. La religion, dont elle s'était fait un jeu toute sa vie, lui devint un amusement nécessaire (Sand, Valentine,1832, p. 246). b) [Avec déterminant] − Jeu de mots. Procédé linguistique se fondant sur la ressemblance phonique des mots indépendamment de leur graphie et visant à amuser l'auditoire par l'équivoque qu'il engendre. L'esprit sourit aux jeux de mots; la raison même ne les désapprouve pas, quand ils renferment un sens également juste sous leur double acception (Jouy, Hermite, t. 5, 1814, p. 225): 4. On prétend que M. D'Aguesseau lui dira : « Monsieur, je suis ici à cause de mon grand-père. − Et moi, répondra M. Beauzée, à cause de ma grand'maire. » L'orthographe est un peu blessée, mais ce genre de jeu de mots est tellement à la mode aujourd'hui, que je n'ai pu me refuser à en citer un exemple.
Staël, Lettres jeun.,1788, p. 227. − Jeu d'écriture. Opération comptable sans mouvement de fonds et dans laquelle la même somme est portée au crédit et au débit d'un compte. Sabatani et (...) autres hommes de paille, lesquels payaient seulement par des jeux d'écriture (Zola, Argent,1891, p. 410). 6. P. métaph. ou au fig. a) [En emploi abs.] L'amour, même borné à cela, est un jeu infiniment plus subtil que le polo (Anouilh, Répét.,1950, III, p. 69).P. méton. Source d'amusement. Cet homme pur comme le jour, (...) c'est lui qui allait être mon jeu et mon aventure constante (Giraudoux, Sodome,1943, I, 1, p. 34). b) [Suivi d'un compl. déterminatif] Fonctionnement capricieux aux résultats aléatoires. Jeu de l'imagination, de la fortune, de la plume. Dans le jeu mystérieux de l'intelligence et du hasard, comme dans toutes les parties, il faut examiner un peu les chances du joueur (Valéry, Variété IV,1938, p. 100). − Les jeux de la nature. Anomalies, curiosités que la nature a produites comme pour s'amuser. Desmahis la regardait, surpris et amusé du jeu bizarre de la nature qui avait construit cette fille en largeur (France, Dieux ont soif,1912, p. 132). B. − Activité intéressée, fondée sur l'adresse ou le hasard, réservée aux adultes qui engagent une certaine somme dans l'espoir de réaliser des gains plus ou moins importants. 1. Au sing. Le jeu. a) Ensemble des jeux où l'on risque de l'argent. Avoir la passion (la fureur, le démon) du jeu, pour le jeu; s'adonner au jeu; gagner, perdre, se ruiner au jeu; dettes de jeu. Elle vécut noyée de dettes, et ruinée par la passion du jeu (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 40). b) P. méton. Somme d'argent engagée dans une partie. Synon. enjeu.Il joue gros jeu, loue des loges aux spectacles, donne à dîner (Soulié, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 62). − Loc. Le(s) jeu(x) est (sont) fait(s). La mise est faite, il n'est plus temps de modifier la partie : 5. Le banquier oublia de dire ces phrases (...) : − Faites le jeu! − Le jeu est fait! − Rien ne va plus. Le tailleur étala les cartes, et sembla souhaiter bonne chance au dernier venu, indifférent qu'il était à la perte ou au gain fait par les entrepreneurs de ces sombres plaisirs.
Balzac, Peau chagr.,1831, p. 10. ♦ Au fig. Il n'y a plus rien à faire. Dans le fond, il sait aussi bien que moi que les jeux sont faits! Que tout est perdu (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 511). − Le jeu n'en vaut pas la chandelle. V. chandelle B 4. − (Y aller) bon jeu, bon argent. Jouer franchement; agir avec courage et hardiesse. Ils risquent quelque chose, ceux-là. Ils jouent leur peau, leur liberté! Ils y vont bon jeu, bon argent (Goncourt, Mauperin,1864, p. 203). ♦ P. ell. [Appliqué à une pers.] Cet homme-là, de l'acier trempé, du diamant, un marin bon jeu bon argent (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 422). − Être en jeu (au fig.). Être engagé dans une affaire qui peut comporter des risques. Mon bonheur, ma tranquillité sont en jeu (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 459).Vos jugements se modifient dans un sens ou dans l'autre, quand vos intérêts sont en jeu (Ménard, Rêv. païen,1876, p. 215): 6. Il m'a trop fait comprendre que je lui avais été lourd, et qu'est-ce que je serais devenu sans lui! Et jusqu'à me rappeler comme j'avais peur quand je me suis réfugié à Rimini; peur? ma tête était en jeu, il était naturel que j'eusse peur, il me semble.
Montherl., Malatesta,1946, IV, 4, p. 516. − Mettre en jeu (au fig.). Engager une chose importante dans une affaire généralement sérieuse. Mettre sa vie, son honneur, sa responsabilité en jeu. Il voulait que sa fille fût comtesse; et, pour y parvenir, sans mettre en jeu le bonheur de son enfant, il ne connaissait pas d'autre jeune homme que celui-là (Flaub., Éduc. sent.,1869, p. 53). 2. Au plur. ou suivi d'un déterminatif a) Jeux de hasard. Ensemble des jeux fondés non pas sur l'adresse du joueur mais uniquement sur la chance. − Maison de jeu(x). Établissement réglementé (casino, cercle) dans lequel on joue à certains jeux de hasard (baccara, poker, tarot, roulette) et soumis à un contrôle sévère (brigade, police des jeux). Depuis qu'on a détruit les maisons de jeu on joue partout (Dumas Fils, Dame Camélias,1848, p. 173). b) Jeux proposés par l'État, fondés sur le pur hasard et où le gain est généralement proportionnel à la mise (loterie nationale, loto). c) Jeux proposés, après sélection, à des candidats dont l'intelligence, la perspicacité ou la chance peuvent leur permettre de remporter des lots en espèces ou en nature. Jeux radiophoniques, télévisés; jeux-concours (v. concours II C). Parmi les principales émissions de jeux, il y a lieu de citer (...) Télé-Pok, Gros lot, l'Homme du xxesiècle (Bailly-Roche, 1967). d) Littér. Jeux floraux. Concours de poésie institué au xivesiècle à Toulouse et distribuant ses prix le trois mai de chaque année. Les instances seules de quelques amis avaient pu me décider à envoyer à l'académie des jeux floraux l'ode de Moïse (Hugo, Corresp.,1820, p. 307). 3. P. anal. Jeu de bourse. Spéculation sur le cours des valeurs en bourse. Synon. agiotage.La spéculation, le jeu à la Bourse, eh bien! j'en ai une terreur folle (Zola, Argent,1891, p. 120). C. − P. méton. Matériel ludique. 1. Ensemble des pièces nécessaires pour jouer. Delion, demeurant (...) à Paris, et tenant un magasin de jeux au détail (D'Allemagne, Récr. et passe-temps,1904, p. 162).Esdras avait été chercher le jeu de cartes; des cartes au dos rouge pâle, usées aux coins (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 85): 7. ... il y avait des jeux de dames, faits avec des mouchoirs où l'on avait noirci des carreaux noirs et des rondelles de draps de deux couleurs; des jeux de jonchets, avec des brindilles de balais; des jeux de jaquet avec des dés en savon; des jeux de dominos avec je ne sais quoi.
Goncourt, Journal,1872, p. 867. SYNT. Jeu de billard, de boule(s), de croquet, d'échecs, de dés, de l'oie, d'osselets, de patience, de quilles, de tric-trac; jeux électriques, électroniques. ♦ Jeu(-)vidéo. Jeu où les mouvements de pièces mobiles sont commandés électroniquement et visualisés sur un écran vidéo. En janvier de cette année s'est tenu à Las Vegas, la patrie du jeu, le plus grand Salon électronique du monde dans lequel les jeux vidéo occupaient à côté du vidéodisque une place de choix (Sciences et Avenir,1981, nospéc. 35, p. 28). − P. méton. Espace délimité aménagé pour la pratique de certains jeux. Jeu de boule(s) (synon. boulodrome). Les délégués du peuple (...) s'assemblent dans un jeu de paume (Marat, Pamphlets, Dénonc. Necker, 1790, p. 81).Les maisons encadrent une petite place de terre battue, aire commune, et jeu de boules (Giono, Colline,1929, p. 13). ♦ Loc. (Être reçu) comme un chien dans un jeu de quilles. V. chien II B 2 b. ♦ Être hors jeu. Dépasser les limites imposées par le jeu (généralement un sport; cf. le subst. hors-jeu). Au fig. Je disais à mon ami que de savants hommes courent bien plus de risques que les autres, puisqu'ils font des paris et que nous restons hors jeu (Valéry, Variété [I], 1924, p. 184). 2. [Au jeu de cartes] Au sing. Série de cartes que reçoit chaque joueur au début de la partie et qui contribue (conjointement à son habileté stratégique) à le faire perdre ou gagner. Avoir du jeu; ne pas avoir de jeu, avoir des atouts dans son jeu; abattre son jeu, voir dans le jeu de l'adversaire. Mais le chef de bureau, sans entendre, annonçait son jeu. − Une quinte majeure en trèfle (Zola, E. Rougon,1876, p. 144): 8. C'est ce coup-ci que la partie se gagne ou se perd. escartefigue : C'est pour ça que je me demande si Panisse coupe à cœur. césar : Si tu avais surveillé le jeu, tu le saurais. panisse, outré. : Eh bien, dis donc, ne vous gênez plus! Montre-lui ton jeu puisque tu y es! césar : Je ne lui montre pas mon jeu. Je ne lui ai donné aucun renseignement.
Pagnol, Marius,1931, III, 1ertabl., 1, p. 155. − Loc. fig. ♦ Avoir beau jeu, avoir un beau jeu en mains, avoir des atouts dans son jeu. Engager une affaire avec des avantages de départ. Comme les Danton, les Robespierre, les Marat dormaient en paix, les soldats allaient avoir beau jeu (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870).Il y a chez J.-E. Blanche quelque chose de content, de facile de léger (...). Blanche a par trop d'atouts dans son jeu (Gide, Journal,1916, p. 565). ♦ Cacher son jeu. V. cacher I A 1. ♦ Découvrir, montrer, laisser voir son jeu. Avouer franchement les mobiles de ses actes. Solliciter n'a plus de sens. On doit abattre grossièrement ses cartes, montrer son jeu (Bernanos, Joie,1929, p. 628). ♦ (Jouer) jeu sur table; jouer, y aller franc jeu. (Jouer) franchement, sans détour. Voyons. Jeu sur table, mylord. Je vous ai dit vos affaires, je vais vous dire les miennes (Hugo, M. Tudor,1833, Journée 1, 6, p. 52).Je veux bien jouer avec toi; mais franc jeu (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1048). ♦ Lire, voir clair dans le jeu (de qqn). Deviner ses intentions. Oh! Je vois clair dans leur jeu. Ils veulent me pousser à bout, me forcer à un éclat, me faire fuir... (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 287). ♦ (Il y a qqc.) sous jeu (vieilli). Il y a quelque chose qui se trame, que l'on veut dissimuler. Je vois bien qu'il y a sous jeu quelque chose qu'on me cache (Sand, Mllede la Quintinie,1863, p. 57). − En partic., CARTOMANCIE ♦ Jeu de cartes nécessaire à la consultation (tarots). Elle prit son grand jeu, le mêla convulsivement, et le fit couper par MmeCibot (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 127). ♦ Faire, jouer le grand jeu. Prédire l'avenir selon la disposition des cartes du tarot : 9. Deux jeunes filles de Baltimore vont consulter une voyante à Washington. La bonne dame leur fait le « grand jeu », mais ne prédit l'avenir qu'à l'une d'elles et non à l'autre.
Green, Journal,1942, p. 197. Au fig. Déploiement, mise en action de tous les moyens pour parvenir à ses fins. Alors, c'est le grand jeu; il dit qu'il a trois enfants, qu'il est homme de devoir, et ne veut pas descendre au-dessous de sa tâche (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 149).3. P. anal. [Dans le tour un jeu de] Assortiment, série complète d'objets destinés à un usage identique ou complémentaire. Un jeu d'avirons, de brosses, de clés. Tout le jeu de voiles, tendu sous les brises de l'ouest, vint en aide à l'infatigable vapeur emmagasinée dans la chaudière (Verne, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 16).Un jeu de chaussettes de soie était disposé en éventail (Huysmans, À rebours,1884, p. 167). − Plus rarement. [Suivi d'un compl. désignant un animé] Une série, un jeu de personnages et de situations (Larbaud, Jaune,1927, p. 261).Tout un jeu de canards dressés pour la chasse, une dizaine en tout (Guèvremont, Survenant,1945, p. 81). − Spécialement ♦ DOCUM. Jeu de fiches. « Ensemble de fiches rédigées pour la description et l'analyse d'un ouvrage et destinées à être intercalées dans les différents catalogues » (Rolland-Coul. 1969). Le jeu de cartes doit progresser en même temps que le jeu de fiches et refléter à chaque instant l'état de la documentation (Griaule, Méth. éthnogr.,1957, p. 79). ♦ IMPR. Jeu d'épreuves. Série d'épreuves destinées à la correction et à la mise en page d'un ouvrage. Il aurait besoin de recevoir un jeu d'épreuves de l'Amiel (Du Bos, Journal,1926, p. 138). ♦ INFORMAT. Jeu de caractères. « Ensemble convenu et fini de caractères reconnus par les circuits d'un ordinateur ou d'une unité d'entrée-sortie » (Informat. 1972). Jeu de cartes. Ensemble ordonné ou non de cartes perforées correspondant à un programme ou à un groupe de données. Un jeu de cartes d'objet perforées ou traitées de quelque autre manière permettant la recherche suffit (Jolley, Trait. inform.,1968, p. 146). ♦ MUS. Jeu d'orgue. Série de tuyaux de même timbre actionnés par chacune des touches du clavier ou du pédalier. Jeu simple, composé; grand jeu; plein jeu. Dans l'espèce de tuyaux d'orgues nommée jeux d'anche, l'air n'entre dans le tube qu'en déplaçant une lame élastique de métal (Cuvier, Anat. comp., t. 4, 1805, p. 451).Il actionne les pédales, il tire les jeux, il prend mesure de l'instrument avec son corps (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 170).P. anal., SPECTACLE. Loge du chef éclairagiste où se trouvent aujourd'hui toutes les commandes électriques du théâtre et où étaient initialement installés les tuyaux de plomb servant à la distribution du gaz qui donnaient l'impression d'une façade d'orgue. Cet endroit où stationne le chef de l'éclairage se nomme : le jeu d'orgue (Moynet, Machinerie théâtr.,1893, p. 245). II. − Manière de jouer ou de se conduire. A. − Manière de jouer d'un instrument, de pratiquer un sport ou de manier une arme. 1. Art de jouer d'un instrument de musique. Jeu lié, naturel, nuancé, souple. M. Boldini, dont le jeu est plus nerveux, le virtuosisme plus expressif (Huysmans, Art. mod.,1883, p. 202): 10. Il avait de petites mains courtes et rouges avec lesquelles, presque sans agiter les doigts, il semblait pétrir le piano. Son jeu ne rappelait rien que j'eusse jamais entendu ou que je dusse jamais entendre...
Gide, Si le grain,1924, p. 459. 2. Technique propre à un sport; art de manier une arme. Jeu de jambes. C'est une belle épée. Son jeu est net. Il a de l'attaque, pas de feintes perdues, du poignet (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 797).Le jeu de tête. C'est le complément du jeu de pied. On utilise le front pour contrôler, mais surtout pour frapper une balle aérienne (J. Mercier, Football,1966, p. 54). B. − THÉÂTRE, CIN. 1. Jeu des acteurs. Manière de jouer propre à chaque artiste. C'est (...) comme le jeu des acteurs, qui ne paraît vrai sur la scène qu'à la condition de dépasser ou d'atténuer beaucoup la réalité (Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 264). − Être vieux jeu. Jouer à l'ancienne mode. Au fig. Avoir des habitudes de vie ou de pensée surannées. Oh! Moi, je suis un journaliste vieux jeu, appartenant aux théories antiques... (Goncourt, Journal,1889, p. 925). 2. Jeu de scène. Indication scénique placée par l'auteur à un moment donné de la pièce pour préciser un geste à faire, une attitude, un ton à prendre par exemple. Je me rappelle comme mes doigts tremblaient en arrivant à cet endroit de la partition souligné par un jeu de scène : « Lohengrin embrasse tendrement Elsa... » (Gracq, Beau tén.,1945, p. 124). 3. P. anal. Jeux de physionomie. Expressions diverses de la physionomie pour traduire les états d'âme successifs. Une singulière vivacité de tournure et (...) un jeu mobile de physionomie (Sainte-Beuve, Tabl. poés.,1828, p. 109).Le frère répéta son jeu de paupière, en l'accentuant (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1494). C. − Au fig. Manège, tactique visant à servir ses propres intérêts. (Jouer) un jeu serré, subtil. Elle gardait une réserve inexplicable; et il voyait là un jeu de coquette (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 68).Changeant de jeu, elle s'approcha de lui, risqua quelques caresses (Arland, Ordre,1929, p. 405): 11. Pourquoi ne voulez-vous pas me voir autre part que dans ce salon au moment des répétitions? Quel jeu jouez-vous si c'est vrai que je ne vous ennuie pas? lucile : Aucun jeu, je vous l'assure Quand j'aimerai un homme, à la minute où je le saurai, je ferai tout pour lui faire plaisir, comme vous dites, et je serai tout de suite à lui sans jeu.
Anouilh, Répét.,1950, II, p. 39. − Expr. et loc. a) Entrer dans le jeu de (qqn). Adopter la même ligne de conduite. Elle veut que je lui force la main et moi je répugne à entrer dans son jeu (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 60). b) Faire, jouer le jeu de (qqn). Aboutir, par ses actes, à favoriser les intérêts de (qqn). En déclarant la guerre, c'est le jeu de l'Angleterre que vous jouez (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 720). c) Jouer un double jeu. Tenir deux rôles, avoir deux attitudes opposées dans la même affaire. Si tu veux paraître jouer un double jeu et tenir double rôle, joue le tien (Valéry, Mauv. pens.,1942, p. 181). d) Se (laisser) prendre au jeu de (qqn). Se laisser séduire par ses manières d'agir. On se prend à son jeu, c'est le charme!... (Rostand, Cyrano,1898, IV, 4, p. 167). e) Se prêter au jeu de (qqn), à un jeu. [Dans une situation donnée] Accepter de jouer un rôle, un personnage. Il s'était prêté quelque temps à ce jeu, qu'elle avait l'art de rendre encore plus pénible qu'agréable et glorieux (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 449). III. − Aisance dans le fonctionnement d'une chose ou de plusieurs choses entre elles. A. − Facilité de mouvement d'une pièce, d'un organe dans (ou sur) une autre. 1. Emplois techn. a) ANAT., PHYSIOL. Il faut rétablir la santé et le jeu de tous les organes (Sieyès, Tiers état?1789, p. 93).Elles [les vertèbres cervicales] forment de simples anneaux, entre lesquels il y a beaucoup de jeu (Cuvier, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 161). b) MÉCAN. Il est bien permis d'étudier la disposition, le jeu, les engrenages d'un mécanisme (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 58). − Jeu des pistons. Espace parcouru par le piston en action. Vois les machines, le jeu des pistons dans les cylindres; ce sont des Juliette en fonte, des Roméo d'acier (Huysmans, Là-bas, t. 2, 1891, p. 56). 2. Locutions. a) Avoir du jeu. Se mouvoir avec aisance dans un espace défini. [Dans un cont. métaph.] L'esprit de l'homme est un outil peu efficace, qui a du jeu, et qui s'échauffe volontiers à forcer le vide (Arnoux, Chiffre,1926, p. 207). b) Donner du jeu à. Faciliter le bon fonctionnement d'une pièce en lui donnant plus d'espace pour se mouvoir. P. métaph. Le style est inégal et trop méthodique. On aperçoit trop les écrous qui serrent les planches de la carène. Il faudra donner du jeu (Flaub., Corresp.,1853, p. 131). 3. P. ext. Marche, fonctionnement régulier d'un mécanisme quelconque. Grâce à l'obliquité de l'axe terrestre (...) se produit le jeu des saisons (Lapparent, Abr. géol.,1886, p. 14). − Mettre en jeu. Mettre en action, faire intervenir. Des moulins à eau mis en jeu par une petite rivière (Nerval, Voy. Orient, t. 1, 1851, p. 94). B. − Trop grande facilité de mouvement, défaut de serrage entre deux pièces : 12. Il y a un jeu [it. ds le texte] anormal dans la direction. Le volant tourne trop à gauche ou à droite, avant d'attaquer les roues, la direction est imprécise et la voiture, sur la route, se déplace en « lacets ». Il s'agit, vraisemblablement, de jeu dans les leviers.
Chapelain, Techn. automob.,1956, p. 358. C. − P. métaph. et au fig. Fonctionnement normal d'un organisme, d'un système. Présentons d'abord ce jeu ou ce mécanisme politique dans la supposition la plus avantageuse (Sieyès, Tiers état?1789, p. 86). − En partic. 1. Action combinée de divers éléments. Le jeu des partis, le jeu de l'offre et de la demande. Vous êtes tous envoyés à la mort par le jeu d'alliances secrètes, anciennes, arbitraires (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 697). 2. Fonctionnement normal des facultés mentales. Le jeu de l'intelligence, de la mémoire. Il ne me resterait qu'à me ménager une retraite au fond de ma conscience (...) d'où je puisse observer ce qui se passe dans le jeu des facultés organiques ou intellectuelles (Maine de Biran, Journal,1817, p. 97). D. − [Appliqué à une chose, gén. un phénomène optique] Assemblage de plusieurs éléments dont la combinaison produit un effet spécial. 1. Jeux de lumière, jeux d'ombre et de lumière. J'admirais les jeux d'ombre et de lumière dans l'eau transparente (Benoit, Atlant.,1919, p. 231). − P. anal. Jeu compliqué des tons chauds et froids (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 137). 2. Dispositif permettant la combinaison harmonieuse de jets d'eau ou de sources lumineuses. a) Jeux d'eau. Des jeux d'eau sont préparés dans les allées (Gide, Nourr. terr.,1897, p. 178). b) Jeux de lumière. Tout ce que la scène comporte de décor, d'accessoires et de jeux de lumière (Léautaud, Théâtre M. Boissard,1926, P. 58). IV. Au plur. A. − ANTIQ. GR. 1. Jeux (publics). Concours sportifs et parfois artistiques (musique, danse), liés à des fêtes religieuses et organisés par certaines cités à date fixe. Les jeux héracléens, aux bords de l'Isménus, Finissent, et font place aux banquets de Vénus (Leconte de Lisle, Poèmes ant.,1852, p. 174).Confrontation pacifique entre les cités, les jeux, qui avaient toujours permis aux « meilleurs » d'émerger de leur propre communauté, tendent de surcroît à servir les aspirations des cités elles-mêmes à la primauté (E. Will, Le Monde grec et l'orient, Paris, P.U.F., t. 1, 1972, p. 570). − Jeux isthmiques, néméens, pythiques. Jeux publics se célébrant dans l'isthme de Corinthe, à Némée en Argolide, à Delphes (anciennement Pytho). V. isthmique. − Jeux olympiques. Compétitions sportives se déroulant à Olympie tous les quatre ans. Il [Xerxès] apprenoit qu'une partie de la Grèce étoit assise tranquillement aux jeux olympiques, tandis qu'il ravageoit leur contrée (Chateaubr., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 25). ♦ P. anal., mod. Compétitions sportives internationales réunissant tous les quatre ans les meilleurs sportifs mondiaux dans un pays différent : 13. Il y avait de petites grenouilles, qui par la forme de leurs corps faisaient penser à des athlètes français sélectionnés pour les jeux olympiques.
Montherl., Démon bien,1937, p. 1240. Jeux (olympiques) d'hiver. Le film tourné aux jeux olympiques d'hiver (J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p. 124).Lors des premiers Jeux d'hiver, le 25 janvier 1924, Chamonix ne reçut que 294 concurrents (L'Express,5 févr. 1968, p. 52).2. Jeux funèbres. Concours du même genre organisés, à l'époque homérique, à l'occasion des funérailles d'un roi ou d'une personnalité. V. funèbre ex. de Chateaubr., Martyrs, t. 1, 1810, p. 172.P. anal. : 14. Les jeux funèbres commencèrent le long d'une vallée verte qui se prolonge à travers les bocages. Ces jeux s'ouvrirent par la lutte des jeunes filles; la course des guerriers suivit la lutte, et le combat de l'arc, la course.
Chateaubr., Natchez,1826, p 469. Rem. Jeux est un terme impropre pour rendre le gr. α
̓
γ
ω
̃
ν
ε
ς : concours serait plus exact. B. − ANTIQ. ROMAINE. Spectacles et réjouissances, originellement à caractère religieux, organisés périodiquement par l'état (jeux publics) ou donnés par des particuliers (jeux privés) et fondés sur des compétitions sportives, des combats, des représentations théâtrales : 15. Les jeux finissent par perdre leur caractère religieux (...). L'engouement qu'ils suscitent dans la foule explique à la fois leurs connexions politiques, qui ont été déjà signalées, l'allongement de la durée de chacun d'eux et leur multiplication. Les jeux romains s'étendent sur quinze jours au temps de César.
A. Aymard, J. Auboyer, Rome et son empire, Paris, P.U.F., 1962, p. 187. P. anal. L'impératrice désirant (...) étaler (...) toute la magnificence de sa cour, ordonna des jeux publics, dans lesquels elle devoit distribuer des prix de l'adresse et de la valeur (Genlis, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 10).♦ Jeux du cirque. Jeux organisés dans l'enceinte du cirque où se déroulaient courses de chars, chasses, combats de gladiateurs et compétitions sportives. Ce même empereur, en attendant les jeux du cirque, nourrissoit les lions de chair humaine (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 582). ♦ Jeux du théâtre, jeux scéniques. Représentations théâtrales. Ces jeux scéniques, spectacles de turpitudes, n'ont pas été établis à Rome par les vices des hommes (Artaud, Théâtre et son double,1938, p. 32). ♦ Jeux de l'amphithéâtre. Jeux organisés dans l'enceinte de l'amphithéâtre où se déroulaient des combats de gladiateurs, des chasses et des naumachies. Voir Pell. 1972. Prononc. et Orth. : [ʒø]. Au plur. des jeux. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1100 giu « amusement » (Roland, éd. J. Bédier, 977); 2. ca 1160 ce n'est pas jous « c'est loin d'être une chose sans gravité, sans conséquence » (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 6881); 3. a) 1558 « ce qui relève ou semble relever de la fantaisie pure, du caprice » (Du Bellay, Regrets LXXXII, 5, éd. E. Droz, p. 86 : le jeu de la Fortune); b) 1666 jeu de mots (Molière, Misanthrope, I, 2); 4. 1690 jeu de main, jeu de vilain (Fur.); 5. 1891 comptab. jeu d'écritures (supra I A 5d). II. « Organisation de cette activité sous un système de règles définissant un succès et un échec, un gain et une perte » (Lal.); 1. a) ca 1160 gius antiq. « compétitions sportives » (Enéas, 2159); b) début xvies. jeux olympiques antiq. (J. Lemaire de Belges, Couronne margaritique ds
Œuvres, éd. J. Stecher, t. 4, p. 59); 1894 (P. de Coubertin, Le rétablissement des jeux olympiques ds R. de Paris, 15 juin ds FEW t. 7, pp. 351-352); 2. a) ca 1160 fig. faire un jeu parti à qqn « proposer une alternative à quelqu'un » (Enéas, 7754 : ge li ferai un geu parti); b) ca 1200 p. ext. litt. gius partis (Jean Renart, Escoufle, éd. F. Sweetser, 2028); c) fin xiiies. [date du ms.] jus, jeus litt. « représentation théâtrale » (Titre, prologue 113 et colophon du Jeu de Saint Nicolas de Jean Bodel, éd. A. Henry, pp. 56, 60, 176 et note p. 180); 3. a) 1200 gieu « somme risquée au jeu » (op. cit., 291); 1585 jouer le gros jeu fig. (Noël du Fail, Contes et discours d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 1, p. 252); b) 2emoitié du xvies. le jeu absol. « les jeux d'argent » (G. Meurier, Trésor des sentences ds Le Roux de Lincy, Proverbes, t. 2, p. 85); 4. ca 1200 « règles, conventions » (Garin le Lorrain, éd. J. E. Vallerie, 8961 : Qui en gieu entre, bien doit gieu consentir); 5. a) ca 1223 fig. faire le jeu de qqn « donner son appui à quelqu'un » (G. de Coinci, Mir., éd. V. F. Koenig, t. 1, p. 12, 203 [I Pr. 1] : Se nos n'avons qui no giu face); b) fin xiiies. [var. ms.] fig. « entreprise comportant des risques » (Thèbes, éd. L. Constans, 6232 : En tristor est tornes li gius); 6. 1636 jeu « chacune des divisions de la partie (au jeu de paume) » (Monet). III. Ce qui sert à jouer 1. ca 1200 « instruments de jeu » (Jean Renart, Escoufle, éd. F. Sweetser, 8993 : jus d'eskés et de tables); 2. 1385 « lieu de jeu » (B. et H. Prost, Inventaires mobiliers des ducs de Bourgogne, t. 2, p. 183, § 1203 : un pavement de grez [...] pour faire un geu de paume); 3. 1451 « assemblage de cartes » (G. Arnaud D'Agnel, Comptes du Roi René, t. 1, p. 181 : ung jeu de quartes); 4. a) 1515 mus. « rangée de tuyaux d'un orgue » (L. Merlet, Doc. sur les travaux exécutés à N.D. de Chartres, p. 358 : unes orgues à cinq jeuz); b) av. 1683 mar. jeu de voiles (Corresp. de Colbert, III, 2, p. 312 ds Littré). IV. Manière dont on joue 1. ca 1200 jeu fig. « manœuvre, manière d'agir » (Chevalier au Cygne, éd. J. A. Nelson, 1749 var.); 2. 1511 c'est le vieux jeu « ce n'est plus à la mode » (Gringore, Jeu du prince des sots ds
Œuvres complètes, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 1, p. 227 : La Bonne Foy, c'est le vieil jeu); 1877 vieux jeu « passé de mode » (Meilhac, Halévy, Cigale, p. 17 : il n'est pas vieux jeu); 3. 1680 théâtre « manière de jouer un rôle » (Rich.); 4. a) 1690 mus. « façon de jouer d'un instrument » (Fur.); b) 1690 escrime « façon de manier une arme » (ibid.); 5. a) 1690 sc. nat. jeux de la Nature (ibid.); b) 1704 jeux d'eau (Trév.); c) 1771 « effet artistique produit par des assemblages de couleurs ou des mouvements de lumière » (Buffon, Hist. nat., Oiseaux, t. 2, p. 372). V. 1. a) 1677 « mouvement aisé, régulier d'un objet, d'un organe, d'un mécanisme » (Bossuet, Connaissance de Dieu et de soi-même, II, 2 ds Littré : jeu [des muscles dans le corps humain]); b) 1762 p. ext. « action, mouvement » (Rousseau, Emile, 1. 4, éd. Ch. Wirtz, p. 534 : le jeu de toutes les passions humaines); 2. 1689 « espace ménagé pour la course d'un organe, d'un mécanisme » (Mmede Sévigné, Corresp., 6 avr., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 570). Du lat. jocus « plaisanterie, badinage », qui a supplanté ludus en héritant de ses sens : « jeu, amusement, divertissement; en partic. jeux publics de caractère officiel ou religieux » (cf. Ern.-Meillet, Bl.-W.). Fréq. abs. littér. : 10 649. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 10 480, b) 11 939; xxes. : a) 14 263, b) 21 373. Bbg. Becker (K.). Sportanglizismen im modernen Französisch... Meisenheim, 1970, p. 76, 300, 305, 330, 331. - Cohen 1946, p. 9. - Gohin 1903, p. 355. - Hug. Lang. 1933, p. 87-88. - Lew. 1968, p. 112. - Quem. DDL t. 4, 6, 10, 16, 17, 18, 19, 20. - Rommel 1954, p. 91, 93, 101, 102. - Wexler 1955, p. 90. |