| IRRAISONNÉ, -ÉE, adj. Qui n'est pas raisonné, qui échappe à la raison. Geste, mouvement irraisonné; besoin, instinct, sentiment irraisonné; antipathie, crainte, peur irraisonnée. Elle avait pour la race d'Égypte une haine aveugle, farouche, irraisonnée, presque bestiale (Gautier, Rom. momie,1858, p. 301).Si parfois on a cherché à s'affranchir de la tyrannie aveugle de la symétrie, on est bientôt tombé dans une sorte de mépris de la forme, remplaçant ainsi des règles absolues et irraisonnées par l'absence de toute règle (Viollet-Le-Duc, Archit.,1863, p. 469):C'était là une douleur puérile, irraisonnée, où ma conscience n'intervenait pas et où, seul ou presque, l'animal en moi réagissait.
Daniel-Rops, Mort,1934, p. 342. REM. 1. Irraison, subst. fém.Manque, absence de raison. Avant le mal incurable, quand l'irraison commence, quand la folie n'est qu'une tentation (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 390).La ville entière savait sa bonne fortune (...) et l'on attribuait à la raison d'État ce qui sortait surtout de l'irraison des sens et du désœuvrement (L. Daudet, Astre noir,1893, p. 284). 2. Irraisonnante, adj. fém.,hapax. Qui ne raisonne pas. L'irraisonnante puissance du sabre (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 488). Prononc. et Orth. : [iʀ(ʀ)εzɔne]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1842 « qui n'est pas raisonné » (Mozin-Biber). Dér. de raisonné*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 107. Bbg. Darm. 1877, p. 226. |