| IRRÉLIGIEUX, -EUSE, adj. [En parlant de pers.] Qui n'a pas de religion; plus fréquemment qui conteste ou défie la religion. Synon. athée, incroyant, libre-penseur, sceptique; anton. croyant, pieux, religieux.Esprit irréligieux. De tout temps on a troublé la réflexion des hommes irréligieux : ils n'ont jamais eu le temps ou la liberté de considérer à loisir leur propre opinion (Constant, Princ. pol.,1815, p. 134).Il était républicain depuis l'Empire (...); anticlérical pour faire échec à la puissance toujours indiscrète du curé, irreligieux parce que la perspective d'une vie éternelle l'écœurait (Aymé, Jument,1933, p. 40):1. Ainsi, la comparaison du nombre des unions libres, divorces, naissances entre des groupes nombreux de fidèles appartenant à des religions différentes ou à des groupes religieux et irréligieux permet de constater des différences sensibles, parfois énormes.
Traité sociol.,1968, p. 86. ♦ Emploi subst. Les irréligieux les plus hardis s'arrêtaient devant les mystères d'Éleusis comme devant quelque chose de sacré et d'infiniment redoutable (Massis, Jugements,1923, p. 157). − [P. méton. En parlant de comportements, d'idées ou d'œuvres] Qui est contraire à une religion, à un dogme religieux. Synon. impie.Acte, fait, sentiment irréligieux; tendance irréligieuse. M. Arlès s'afflige de l'éducation irréligieuse du collège, qui fait classe le vendredi saint (Michelet, Journal,1839, p. 296).Joblot (...) se félicite que ses observations s'inscrivent contre la thèse « irréligieuse » de la génération spontanée (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 32): 2. ... l'on avait mis à ma disposition un cabinet littéraire du voisinage dans lequel il y avait tous les romans du monde, et tous les ouvrages irréligieux alors à la mode. Je lisais huit à dix heures par jour tout ce qui me tombait sous la main, depuis les ouvrages de La Mettrie jusqu'aux romans de Crébillon.
Constant, « Cahier rouge »,1830, p. 3. REM. Irréligieusement, adv.D'une manière irréligieuse. P. exagér. Je resterai toujours attaché au parti séditieux et incorrigible qui proclame la liberté des yeux et des oreilles dans la république des arts, se prétend apte à jouir des œuvres créées par le pinceau, par la partition, par la presse, qui croit irréligieusement que les tableaux, les opéras et les livres sont faits pour tout le monde (Balzac, Corresp.,1837, p. 292). Prononc. et Orth. : [ir(r)eliʒjø], [iʀ(ʀ)əl-], fém. [-ø:z]. V. irréligion. Irreligieux ds Aymé, loc. cit. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1447 « qui est contraire à la religion, qui est le fait d'une pers. irréligieuse » (Internelle consolacion, éd. A. Pereire, 348); 2. 1656-57 qui n'a pas de religion ou en a très peu » âmes irreligieuses (Pascal, Provinciale XV ds
Œuvres, éd. J. Chevalier, p. 846). Empr. au lat.irreligiosus « impie (en parlant des choses) » à l'époque class.; « irréligieux, impie (en parlant des pers.) » dans la lang. chrétienne. Fréq. abs. littér. : 81. |