| IRRÉALISABLE, adj. Qu'il est impossible de réaliser, qui ne peut se réaliser. A. − [Appliqué à un inanimé] 1. [Appliqué à un inanimé concr.] Dont la réalisation, l'exécution est impossible. Chose, plan, projet irréalisable. Mon projet d'académie après ma mort était irréalisable (Goncourt, Journal,1892, p. 270).Les Allemands comme les Français avaient considéré comme irréalisable l'idée de fabriquer en quelques années une bombe atomique (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 49): 1. − Quel drôle de type, je fais!... pensai-je. Je désire des choses... des choses... des choses... quand je les crois irréalisables, et, sitôt qu'elles doivent se réaliser, qu'elles m'arrivent avec des formes précises... je n'en veux plus...
Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 316. 2. [Appliqué à un inanimé abstr.] Que l'on ne peut atteindre. Synon. chimérique, inaccessible, utopique.Bonheur, désir, rêve, utopie irréalisable. Cette humanité vivante où leur idéal leur paraissait irréalisable à jamais (P. Leroux, Humanité, t. 2, 1840, p. 680).La plus impossible, la plus irréalisable, la plus monstrueuse, la plus olympienne des ambitions (Goncourt, Journal,1855, p. 220). − Emploi subst. a) Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. ♦ Absol. Ce qui ne peut être réalisé. L'écrivain tentera pourtant de réaliser l'irréalisable (Bergson, Deux sources,1932, p. 269). ♦ [Suivi ou non d'un déterminatif] Le côté infaisable, inexécutable (d'un projet, d'un désir). Tous éprouvaient une volupté délicate à analyser ainsi leurs désirs. Ils n'en percevaient pas l'irréalisable (Estaunié, Empreinte,1896, p. 24). b) Emploi subst. masc. [Dans la terminol. de J.-P. Sartre] Situation, circonstance, événement qui ne peut se présenter ou se produire réellement dans l'existence d'un être donné. Pour moi, je ne suis pas plus professeur ou garçon de café que beau ou laid, juif ou aryen, spirituel, vulgaire ou distingué. Nous appellerons ces caractéristiques des irréalisables. Il faut se défendre de les confondre avec des imaginaires (Sartre, Être et Néant,1943, p. 610). 3. DR. Que l'on ne peut réaliser, convertir en espèces. Vos terres sont menteuses, très fertiles, et irréalisables (Balzac, Lettres Étr., t. 2, 1850, p. 458). B. − [Appliqué à une pers.] De laquelle on ne peut donner de représentation concrète, qui n'existe que dans l'imagination : 2. S'il [l'homme] n'aime qu'avec son imagination, qu'il soit Dante ou Pétrarque; qu'il évoque une créature imaginaire et irréalisable, comme Laure ou Béatrix; qu'il mette son amour en rimes et qu'il laisse à la postérité un chef-d'œuvre éternel.
Dumas fils, Ami femmes,1864, III, 6, p. 138. Prononc. et Orth. : [iʀealizabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1831 adj. (M. d'Abrantès, Mémoires, I, 403 ds FEW t. 10, p. 133b et 134a); 1833 subst. (Sand, Lélia, p. 288). Dér. de réalisable*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 128. |