| INVARIANT, -ANTE, adj. et subst. masc. (Ce) qui ne varie pas, qui est constant, fixe, stable. La possibilité de la traduction implique l'existence d'un invariant. Traduire, c'est précisément dégager cet invariant. Ainsi, déchiffrer un document cryptographique, c'est chercher ce qui dans ce document demeure invariant, quand on en permute les lettres (H. Poincaré, Valeur sc.,1905, pp. 246-247):Les différences capitales qui séparent les mondes contemporains de chaque philosophie interdisent aux philosophes d'attribuer des sens homogènes aux diverses expressions de la pensée générale : un nombre réduit d'éléments invariants peut seul leur donner l'illusion d'habiter le même univers permanent.
Nizan, Chiens garde,1932, p. 48. − MATH., PHYS. [En parlant d'une grandeur, d'une relation ou d'une propriété] Qui reste la même après une transformation. Équation invariante; figures, propriétés invariantes. Pour l'hyperboloïde à une nappe, on pourrait être tenté de regarder comme intérieure la région qui contient des droites qui rencontrent le plan de l'infini à l'intérieur de la conique intersection de ce plan avec l'hyperboloïde. Mais cette définition n'est pas invariante par une transformation projective, car il est des plans coupant l'hyperboloïde suivant des coniques dont la région intérieure est celle que cette définition conduirait à qualifier d'extérieure (E. Borel, Paradoxes infini,1946, p. 63). ♦ Emploi subst. Théorie des invariants (cf. Bouvier-GeorgeMath1979). − Système invariant. ,,Système dont la variance est nulle`` (Sc. 1962). − LING. ,,On appelle en linguistique invariants les éléments qui restent constants (ou que l'on considère comme constants), par opposition aux variables, dont on étudie les diverses valeurs, par exemple lorsque l'on met en rapport une série de faits (sociaux) et une autre série de faits (linguistiques). Si l'on compare le comportement linguistique d'un individu à deux périodes de sa vie, l'individu lui-même, dans son intégrité physique, est l'invariant; les variations de son comportement seront ramenées à la variable temps (modification de sa personnalité, influences sociales, par exemple)`` (Ling. 1972). Prononc. : [ε
̃vaʀjɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Étymol. et Hist. 1. 1877 subst. masc. (Littré Suppl.); 2. 1794 adj. (Pougens, Vocab. de nouv. privatifs fr., s.v. variant); 1905 (H. Poincaré, loc. cit.). Dér. de variant, part. prés. de varier*; préf. in-1*; déjà en angl. comme subst. en 1851 (ds NED). Fréq. abs. littér. : 50. Bbg. Dub. Dér. 1962, p. 54. - Hamon (P.). Analyse du récit. Fr. mod. 1974, t. 42, p. 145. |