| INTRODUCTION, subst. fém. I. − [Correspond à introduire I] A. − [En parlant d'un être vivant] 1. Action de faire entrer une personne ou un animal en un lieu; action de s'introduire. Aussi est-ce une des grandes difficultés de l'apiculture, que l'introduction et le remplacement des reines (Maeterl., Vie abeilles,1901, p. 75): 1. ... il était suivi du voyageur qui depuis quelques instants excitait tant de curiosités et préoccupait si vivement les imaginations, que son arrivée en ce logis et sa chute au milieu de ce monde peut être comparée à celle d'un colimaçon dans une ruche, ou à l'introduction d'un paon dans quelque obscure basse-cour de village.
Balzac, E. Grandet,1834, p. 49. 2. Je décidai que ce serait Paul Laurens (qu'en ce temps je connaissais à peine, car ce que j'ai dit de lui et de mon introduction dans l'atelier de son père, il faut le reporter à plus tard) et pressentis extraordinairement qu'un jour nous partirions ainsi, tous deux ensemble, seuls, au hasard des routes.
Gide, Si le grain,1924, p. 523. 2. Action de présenter une personne à une autre, de donner à une personne la possibilité d'une rencontre, d'une entrevue avec quelqu'un; le fait d'être introduit, d'avoir ses entrées, d'être connu et accepté. Quant au peintre, il se réjouissait de l'introduction de Swann chez MmeVerdurin, parce qu'il le supposait amoureux d'Odette et qu'il aimait à favoriser les liaisons (Proust, Swann,1913, p. 202): 3. Gide charmant, familier et causeur. Très « intéressé », sinon pris par la peinture de Lhote, faisant presque son affaire personnelle de l'introduction de Lhote auprès des marchands, de Druet probablement, parlant naturellement un peu de Denis et de « Théo » (Van Rysselberghe) mais sans exagérer, aimant bien les dessins de Rouault.
Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1908, p. 67. ♦ Lettre, mot d'introduction. Lettre, mot de recommandation. Et puis, il n'est pas question de lui demander un mot d'introduction auprès du public, ni une signature à mettre en vedette (Martin du G., J. Barois,1913, p. 327). B. − [En parlant d'une chose] Action de faire entrer une chose (concrète ou abstraite) dans une autre ou dans un lieu précis ou supposé. 1. [Cette pénétration sous-entend effort, force, violence] Lorsque la moelle épinière n'a point été détruite par l'introduction d'un long stylet dans toute l'étendue de son canal (Lamarck, Philos. zool., t. 1, 1809, p. xi).La compression de la glotte ou de la luette par une tumeur de la langue ou par l'introduction de l'instrument de l'opérateur (Proust, Swann,1913, p. 82): 4. Elle [la verge] est composée : 1 d'un corps fibro-vasculaire, appelé corps caverneux, susceptible de se gonfler et de prendre assez de consistance pour rendre possible l'introduction de cet organe dans ceux de la femelle...
Cuvier, Anat. comp., t. 5, 1805, p. 63. 2. [Cette pénétration sous-entend intégration, incorporation] Il semble probable que l'introduction de sang jeune dans l'organisme d'un vieillard produirait des modifications favorables (Carrel, L'Homme,1935, p. 217): 5. Elle réserve pour le dimanche les préparations de longue haleine, celles qui exigent des cuissons lentes à feu doux, ou qui procèdent par étapes bien calculées, avec des introductions successives de sauces, de jus, d'assaisonnements et condiments, etc.
Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 245. 3. [Cette pénétration sous-entend apport d'un élément neuf ou nouveau dans un milieu, un ensemble, une procédure existants] L'introduction des chœurs dans la tragédie n'a point eu cependant de succès en Allemagne (Constant, Wallstein,1809, p. xxii).L'introduction de la balle D exigeait pour les feux de guerre des champs de tir de 4000 mètres de profondeur au moins (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 80): 6. Les différents systèmes (...) [de] ventilation d'un local ont (...) tous pour but d'assurer l'introduction d'un certain volume d'air neuf, et, (...) l'extraction des gaz viciés.
Ser., Phys. industr.,1890, p. 676. − Spécialement a) DR. Introduction d'instance. Fait d'engager une procédure. (Dict. xixeet xxes.). Cf. introduire I B 2 b. b) ÉCON. Introduction en Bourse. Acceptation, après fixation de son cours, d'un titre en Bourse. c) INFORMAT. Action de faire entrer par procédure immédiate ou différée des données ou des instructions de programme dans un ordinateur (d'apr. Le Garff 1975). II. − [Correspond à introduire II] A. − Ce qui sert à la préparation de l'étude ou de la pratique de quelque chose. Ainsi que je l'ai déjà dit, les deux années de philosophie qui servent d'introduction à la théologie ne se font pas à Paris (Renan, Souv. enf.,1883, p. 223): 7. Elles l'instruisirent beaucoup plus que n'avaient fait jusqu'alors tous les docteurs et tous les livres, et lui fournirent même en grande partie (...) la doctrine renfermée dans ses ouvrages, dont le récit de ses peines est la clef nécessaire et comme l'introduction.
Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 436. − En partic. Ouvrage destiné à cette préparation. Il se procura une introduction à la philosophie hégélienne, et voulut l'expliquer à Bouvard (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 101). B. − Texte placé en tête d'un ouvrage qui en présente et en explique le sujet : 8. Nous ne voulons pas terminer cette brève introduction et confier ce livre au public sans dire quels sont les ouvrages que nous avons consultés avec le plus de fruit.
Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 7. − En partic. 1. [Dans un texte à caractère didactique, une dissertation, un discours] Entrée en matière qui présente le sujet et en précise le plan. (Dict. xixeet xxes.). 2. MUS. [Dans une suite instrumentale, une sonate, un opéra, une symphonie] Court prélude préparant l'exposition ou l'ouverture d'une œuvre musicale. L'introduction de l'Or du Rhin, entièrement construite sur le seul accord de mi bémol (Saint-Saëns, Germanophilie,1916, p. 63). Prononc. et Orth. : [ε
̃tʀ
ɔdyksjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1314 « action d'insérer une partie dans un ensemble » (ici un chapitre dans un livre) (Henri de Mondeville, Chirurgie, éd. Ch. Bos, 1849); b) 1690 « action de faire entrer une chose dans une autre » (Fur.); 2. 1553 « action de faire connaître dans un milieu une chose concrète qui y était inconnue » (Bible Gerard, 2 d'apr. FEW t. 4, p. 782a); 3. 1600 « action de faire pénétrer dans un milieu » des animaux (Olivier de Serres, 457 ds Littré); 1690 des personnes (Fur.); 1846 Lettre d'introduction (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, p. 139); 4. 1718 introduction d'une instance (Ac.). B. 1. 1355 « préambule d'un sermon » (Miracles de Nostre Dame, éd. G. Paris et V. Robert, 16, 101); 2. 1560 « ce qui sert de préparation à quelque chose » (Calvin, Institution Chrétienne, éd. J. D. Benoit, III, p. 72 : la crainte de Dieu est aussi nommée Introduction à pénitence); 1609 (François de Sales, Introduction à la vie dévote); 3. 1726 « préambule en tête d'un ouvrage » (G. Derham, Théologie physique, Rotterdam d'apr. FEW t. 4, p. 782a); 1731 (Prevost, Hist. Clevel., t. 1, p. II). Empr. au lat.introductio « action d'introduire ». Fréq. abs. littér. : 857. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 340, b) 1 468; xxes. : a) 671, b) 1 310. Bbg. Quem. DDL t. 17. |