Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
INTOLÉRANCE, subst. fém.
Défaut de tolérance.
A. − Répugnance ou impossibilité à supporter certaines choses, certaines personnes. Nous trouverions aujourd'hui plus d'encouragement à nos désordres que nous ne rencontrions jadis d'antipathie et d'intolérance pour nos faiblesses (Sand, Lélia,1839, p. 474):
1. ... un passage de La Fanfarlo où B[audelaire], à propos, si je me souviens bien, des livres de Walter Scott, décrit l'intolérance de l'esprit français vis-à-vis des tableaux de la nature traités pour eux-mêmes sans qu'ils apportent rien ni au cœur ni à la pensée. Du Bos, Journal,1927, p. 198.
Intolérance de + subst. désignant la cause.Rien ne restait en lui du démagogue affamé, si ce n'était une insupportable intolérance de doctrine (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 373).Cette intolérance de vertu, cette étroitesse de cœur, qui semble priver d'intelligence ceux qui en ont le plus, et de bonté ceux qui sont les meilleurs, l'irrita, le blessa, le rejeta par protestation dans une vie trop libre (Rolland, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 364).
Absol. Le mouvement d'un corps est son abandon du lieu premièrement occupé. Il est donc, nous l'avons dit, de soi, et avant tout, un échappement, un recul, une fuite, un éloignement imposé par une force extérieure plus grande. Il est l'effet d'une intolérance, l'impossibilité de rester à la même place, d'être là, de subsister (Claudel, Art poét.,1907, p. 137).
MÉD. ,,Réaction anormalement intense de l'organisme à l'égard d'une agression quelconque (substances médicamenteuses, excitation physique ou chimique, etc.), que la majorité des individus supportent sans aucune manifestation pathologique manifeste`` (Méd. Biol. t. 2, 1971). V. aussi allergie.Intolérance médicamenteuse; intolérance de l'estomac; intolérances digestives. Ils se demandèrent si cette soudaine intolérance à l'alcool n'était pas le fait du médicament qu'ils s'étaient au préalable administré (Delay, Psychol. méd.,1953, p. 213).Intolérance à certains fards, rouges liquides ou bâtons de rouge gras (QuilletMéd.1965, p. 314).
P. métaph. Une intolérance physiologique du parlement français pour tout ministère qui dure trop longtemps (Barrès, Cahiers, t. 11, 1917, p. 232).Peut-être que ceux qui, comme moi, éprouvent de la répugnance pour la guerre n'obéissent, au fond, qu'à des mobiles particuliers, personnels, organiques... à une simple intolérance constitutionnelle (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 343).
P. anal., PSYCHOL. L'infériorisé recourt parfois à une manie apparentée au « bilanisme » des psychiatres. Il montre une intolérance pathologique à la perte, qu'elle affecte son argent, son temps, ou sa beauté (Mounier, Traité caract.,1946, p. 595).Le timide est victime d'une intolérance à l'attention d'autrui (J.-C. Filloux, Le Tonus mental, Paris, P.U.F., 1951, p. 85).
B. − [Surtout en matière de relig. et de pol.]
1. Manque de respect pour les croyances, les opinions que l'on réprouve ou que l'on juge fausses. L'intolérance mène au fanatisme. Un vieillard de soixante-cinq ans ne saurait, de bonne foi, partager l'intolérance d'un néophyte (Bloy, Journal,1902, p. 136):
2. « Être intolérant d'intolérance », comme disent quelques-uns, qu'est-ce que cela? C'est signifier qu'on n'admet pas qu'il y ait une vérité reconnaissable à l'homme, utile à l'harmonie sociale comme à la vie de chacun; c'est signifier qu'on admet que toutes les opinions ont un égal droit au respect, que si aucune n'est fausse absolument, aucune non plus n'est vraie absolument. Blondel, Action,1893, p. 15.
2. Attitude consistant à refuser aux autres la liberté d'exprimer des opinions que l'on juge fausses et de vivre conformément à ces opinions; comportement de celui qui réprime par la force les idées qu'il ne partage pas. Intolérance religieuse. Je le laissois au milieu d'un peuple égaré, auquel d'ambitieux chefs avoient persuadé que le règne de la liberté ne peut s'établir que par l'intolérance et la terreur (Genlis, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 248).Si la psychorigidité croise la composante schizoïde, elle développe l'intolérance fanatique, notamment sous sa forme doctrinaire et logicienne; elle engendre alors le formalisme dogmatique et rituel et le pharisaïsme bien nommé (...). Les inquisiteurs et les persécuteurs se rencontrent dans ce secteur (Mounier, Traité caract.,1946, p. 745):
3. Combien de siècles encore avant que l'évolution morale, − s'il y a une évolution morale? − ait enfin purgé l'humanité de son intolérance instinctive, de son respect inné de la force brutale, de ce plaisir fanatique qu'éprouve l'animal humain à triompher par la violence, à imposer, par la violence, ses façons de sentir, de vivre, à ceux, plus faibles, qui ne sentent pas, qui ne vivent pas, comme lui? Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 828.
Haine, fanatisme. Le sport est judicieusement considéré comme l'exutoire noble des impulsions tribales, mais en même temps il est le prétexte d'intolérances et d'intempestivités xénophobes (Jeux et sports,1968, p. 231).
Prononc. et Orth. : [ε ̃tɔleʀ ɑ ̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1596 intollerance « incapacité à supporter » (Hulsius d'apr. Behrens ds Z. fr. Spr. Lit. t. 23, 2epart., p. 36); Rich. 1680 note : ,,Ce mot ne se dit point``; 1701 « refus de supporter, d'avoir des relations avec ceux d'un avis opposé (notamment en matière relig.) » (Fur.); 1763 « haine agressive et persécutrice de ceux qui croient posséder la vérité en matière religieuse » (Voltaire, Traité sur la Tolérance, éd. s.l., 1764, p. 48 et passim). Dér. de tolérance* (préf. in-1*) sur le modèle du lat. class. intolerantia « fait d'être insupportable, nature insupportable de quelque chose ». Fréq. abs. littér. : 233. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 468, b) 254; xxes : a) 318, b) 263.