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INTELLIGENT, -ENTE, adj.
A. − [Correspondant à intelligence I; en parlant d'un être animé, p. oppos. à l'inanimé] Doué de la fonction mentale d'organisation du réel en pensées (chez l'homme), en actes (chez l'homme et l'animal). De la plus humble Monère jusqu'aux Insectes les mieux doués, jusqu'aux Vertébrés les plus intelligents, le progrès réalisé a été surtout un progrès du système nerveux (Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 127):
1. Ce qui produit l'effet des monuments druidiques, c'est que leur état brut semble appartenir à l'aveugle et impitoyable nature, leur caractère symbolique à des êtres intelligents : l'idée de l'intelligence séparée de celle de l'humanité. Michelet, Journal,1833, p. 112.
P. anal. [Dans certains systèmes philos., certaines conceptions relig. ou certaines visions poét. animistes] On ne pouvait concevoir l'univers-Dieu sans le concevoir vivant de la vie universelle, et intelligent d'une intelligence également universelle (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 375).Vous ne ferez jamais concevoir le mouvement elliptique et constant d'une planète autour du soleil, sans l'idée d'un être intelligent qui a créé ces forces, les a balancées et les entretient (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 110).
Emploi subst. Ce qui fait la dignité de l'homme, c'est autant que sa vertu son intelligence. Les anges rebelles étaient des intelligents et Dieu les a honorés de sa colère (Péladan, Vice supr.,1884, p. 245).
B. − [Correspond à intelligence I A; en parlant de l'être hum. p. oppos. à l'animal] Doué de la fonction mentale d'organisation du réel en pensées. L'être intelligent conçoit sa parole avant de produire sa pensée (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 242):
2. ... on peut être matérialiste, panthéiste, sceptique, sans cesser d'appartenir à la communauté humaine, à la société des êtres intelligents et moraux. C'est la pensée et la conscience qui nous font hommes, et non leur détermination spéciale. Amiel, Journal,1866, p. 147.
[P. méton.] Il a fallu des milliers d'années de vie intelligente pour soupçonner l'électricité (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Homme de mars, 1889, p. 1180).
Emploi subst. Et ces pleins de tendresse et ces pleins de misère Faisaient les radieux et les intelligents (Péguy, Ève,1913, p. 826).
[Détermine un subst. concernant la faculté d'intelligence même] De l'intelligence. Synon. intellectuel (usuel), intelligentiel (rare).Facultés intelligentes :
3. ... au-dessous de l'activité intelligente, qui aurait en effet à opter entre l'intérêt personnel et l'intérêt d'autrui, il y a un substratum d'activité instinctive primitivement établi par la nature, où l'individuel et le social sont tout près de se confondre. Bergson, Deux sources,1932, p. 33.
Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. C'est un fait remarquable que le va-et-vient des théories scientifiques de l'instinct entre l'intelligent et le simplement intelligible, je veux dire entre l'assimilation de l'instinct à une intelligence « tombée » et la réduction de l'instinct à un pur mécanisme (Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 177).
1. [Correspond à intelligence I A 1; au plan qualitatif]
a) [Dans un sens très large]
α) [En parlant de l'être hum., sujet de la fac. d'intelligence] Doué de l'ensemble des fonctions psychiques et psycho-physiologiques concourant à la connaissance et à la compréhension de la nature des choses et de la signification des faits; doué de la faculté de connaître et de comprendre. Nul autre que l'être intelligent ne peut dire, je veux, j'aime, j'agis, je suis (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 254).C'est l'homme en tant qu'être intelligent qui me servira d'exorde (Lacord., Conf. N.-D.,1848, p. 123):
4. ... quand on voit chez des êtres intelligents s'en aller peu à peu l'esprit, la grâce, le sentiment, tout ce qui fait l'être humain, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus sur le lit de douleur qu'une pauvre brute stupide et vagissante, on a conscience d'assister à la dissolution lamentable d'une créature et non à son glorieux départ. Curel, Nouv. idole,1899, I, 6, p. 181.
[P. oppos. à instinctif; le subst. déterminé est un coll.] Types parfaits d'association que représentent une société d'insectes et une société humaine (...), l'une instinctive et l'autre intelligente (Bergson, Deux sources,1932, p. 122).
β) [P. méton., en parlant de qqc.]
[En parlant du cerveau, de la tête] Qui est le siège de l'intelligence. L'argot (...) désigne le cerveau, c'est-à-dire la partie intelligente de la tête humaine, par ce mot pittoresque de « Sorbonne » (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 441).
[Détermine un subst. abstr. désignant l'objet auquel l'intelligence s'applique] Qui fait intervenir les facultés intellectuelles, l'intelligence; qui nécessite et révèle de l'intelligence, de la réflexion, du jugement. Pensée intelligente, réfléchie; parole, discours intelligent(e); conversation intelligente, substantielle, savante. Les lieux communs peuvent être intelligents ou sots, je n'en sais rien et ne vois aucun moyen de le savoir jamais avec rigueur (Paulhan, Fleurs Tarbes,1941, p. 148):
5. Vraiment, il n'y a pas ici assez d'intellectualité. Je ne demande pas qu'on cause littérature, mais qu'on cause de choses intelligentes. Dès qu'on ne parle plus cuisine ou généalogie locale, dès que la conversation s'élève un peu, devient intéressante un sombre ennui monte à la figure des châtelains et la leur fait toute grise. Goncourt, Journal,1889, p. 1035.
[P. oppos. à ce qui fait seulement intervenir la force physique ou l'habileté, l'habitude ou la routine] Il m'avait promis de me trouver quelque chose : un travail intelligent et suffisamment payé (Duhamel, Terre promise,1934, p. 240).
Par antiphrase, fam. Sot, stupide. Synon. malin.C'est intelligent, des plaisanteries pareilles! (Lar. Lang. fr.).
[Qualifie le résultat concr. du travail de l'intelligence] Pensé, conçu et réalisé par un esprit, un homme intelligent. Des façades nobles, élégantes, bien liées entre elles et disposées selon des angles intelligents (Hugo, Rhin,1842, p. 352).Les seuls films supportables de cette semaine étaient anglais (...). Imparfaits, mais intelligents, humains (Maurois, Journal,1946, p. 224).
P. ext. Lucide, conscient. Ceci est l'adieu complètement intelligent, encore plein de vie, (...) d'une âme (...), car moi j'arrive au lieu du repos (Balzac, Lys,1836, p. 321).
b) [Correspond à intelligence I A 1 d; en parlant de l'être hum.; p. oppos. à la notion d'instinct ou de sensibilité; dans un sens strict] Doué de l'ensemble des facultés mentales supérieures intervenant dans l'activité conceptuelle de l'esprit et visant à la connaissance discursive; doué de raison. Étude de deux natures dont l'homme se compose : de la nature sensible et passionnée et la raisonnable ou l'intelligente (Maine de Biran, Journal,1820, p. 266).Je suis sorti de la froide et noble raison, de mon état normal d'homme intelligent; j'ai retrouvé l'instinct animal (Barrès, Cahiers, t. 6, 1907, p. 230).
2. [Correspond à intelligence I A 2; au plan quantitatif]
a) [En parlant de l'être hum.]
α) [Précédé d'un adv. à valeur quantitative] Doué (à un degré variable) d'intelligence. (Être) peu/trop intelligent, remarquablement/supérieurement intelligent, aussi intelligent (que qqn), le plus intelligent (d'un groupe); ne pas être bien intelligent. Un pauvre paysan très peu intelligent, une espèce d'idiot (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 338).Il était fort intelligent, d'une intelligence à la fois réfléchie et pénétrante (Grousset, Croisades,1939, p. 193):
6. Tout le monde, m'a-t-il dit, me trouve un sale caractère, mais on me juge intelligent. Ce n'est pas vrai, je suis bête. Je ne le dis à personne. Moi seul, je suis assez intelligent pour comprendre combien je suis bête. Duhamel, Maîtres,1937, p. 31.
[P. oppos. à la notion d'affectivité ou celle d'intuition] Le visage, d'un blanc de porcelaine, aigu dans l'en bas comme celui des êtres plus intelligents que passionnés (Barb. d'Aurev., Memor. 4,1858, p. 109).− Vous n'êtes pas du tout bête, − lui disais-je, − vous n'êtes pas très intelligente... Mais vous avez des intuitions étonnantes (Maurois, Climats,1928, p. 79).
β) [Employé sans adv., p. oppos. à inintelligent] Doué d'une aptitude à la connaissance, d'un développement des capacités intellectuelles, d'une intelligence bon(ne) ou supérieur(e) à la moyenne. Enfant, élève, lecteur intelligent. Ce n'est pas à un autre homme intelligent qu'un homme intelligent aura peur de paraître bête (Proust, Swann,1913, p. 191).Lorsqu'un homme intelligent s'efforce de ne pas comprendre, il y parvient naturellement beaucoup plus habilement qu'un sot (Gide, Journal,1948, p. 317).
Par antiphrase. Ils disent encore, les gens, Que tu n'es pas intelligente : Eux, ce qu'ils sont intelligents, C'en est une chose touchante (Verlaine, Œuvres compl., t. 3, Dans les limbes, 1894, p. 101).
[P. oppos. à la notion d'instinct] Je suis fort, moi! J'ai des biceps, moi! Je suis une brute, moi! Je ne suis pas intelligent, moi! Mais j'ai de l'instinct, moi, et moi, sans le savoir, je fais tout de même de belles choses (Renard, Journal,1893, p. 178).
Emploi subst. Personne d'une intelligence bonne ou supérieure à la moyenne. En écoutant ainsi d'une manière flatteuse, c'est admirable ce que l'on obtient de bêtise des imbéciles; mais aussi de suc des intelligents (Gide, Journal,1905, p. 150):
7. Burty soutenait, ce soir, que tout doit s'incliner devant l'instinct des masses. Les instinctifs, c'est ainsi qu'il les appelle, − sans conscience du sentiment qui les mène, doivent commander une obéissance, qui n'est pas due à la science, à la connaissance, à l'étude, à la réflexion. C'est déclarer que les plus bêtes sont les intelligents. Goncourt, Journal,1871, p. 767.
b) P. méton. [En parlant de qqc.; précédé d'un adv. à valeur quantitative]
α) [Détermine un subst. désignant un élément de l'aspect extérieur de la pers.] Qui exprime de l'intelligence. La mariée était charmante, d'une beauté plus intelligente, plus spirituelle, plus artistique que la beauté des mariées de tous les jours (Goncourt, Journal,1872, p. 893).Elle avait l'énorme nez de sa mère, des yeux moins vifs et l'air moins intelligent, mais on la devinait meilleure (Gyp, Souv. pte fille,1927, p. 211).
[Employé sans adv., p. oppos. à inintelligent] Qui exprime, révèle un développement des facultés intellectuelles, une intelligence bon(ne) ou supérieur(e) à la moyenne. Tête, visage, physionomie, profil, front, laideur, allure intelligent(e); yeux, mains intelligent(e)s. Rares, les figures intelligentes d'hommes intelligents. Des laideurs étudiées comme des têtes de cannes (Renard, Journal,1892, p. 119).Abondance de têtes énergiques, de regards intelligents, d'expressions sérieuses et réfléchies (J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p. 40).
[Au niveau de la voix] Il disait : « Oui, oui, oui, oui, oui, je comprends très bien », avec une netteté et un ton intelligent qui me firent quelque temps illusion (Proust, Sodome,1922, p. 792).
P. ext.
Qui exprime, signifie quelque chose; qui est chargé de sens. Le maître, d'un regard intelligent, humain, Interroge sa femme en lui serrant la main (Vigny, Destinées,1863, p. 95).
Qui exprime la lucidité, la conscience. Dans cette minute dernière, elle dut se voir mourir, elle rouvrit des yeux intelligents, dilatés par l'horreur (Zola, Joie de vivre,1884, p. 979).
β) [Détermine un subst. abstr. désignant l'objet auquel l'intelligence s'applique] Qui fait (plus ou moins) intervenir les facultés intellectuelles; qui nécessite et révèle de l'intelligence, de la réflexion, du jugement. Livre fort intelligent. Cette imitation souvent peu intelligente et exclusive [de l'antique] (...) ôte à cette école [de David] le principal caractère des écoles classiques, qui est la durée (Delacroix, Journal, t. 3, 1857, p. 23).De toutes les dispositions de l'esprit, l'ironie est la moins intelligente (Sainte-Beuve, Poisons,1869, p. 121).
3. [Correspond à intelligence I A 3; en parlant de l'être hum.; suivi d'un compl. désignant l'objet de la connaissance] Intelligent de qqc., vieilli.Qui est capable d'appréhender quelque chose par l'intelligence, qui le comprend avec aisance, qui en a une connaissance approfondie. Les deux Anglais étaient sobres de paroles, gauches de manières, mais très-passablement intelligents des beautés de la contrée (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 391).Auditeurs ignorants en harmonie, mais intelligents du beau sous toutes ses formes! (Verlaine, Œuvres compl., t. 4, Mém. veuf, 1866, p. 277).
P. méton. Religion intelligente de la condition de l'homme et de ses espérances (Gozlan, Notaire,1836, p. 194).
4. [Correspond à intelligence I A 4 c; dans le cadre du dualisme de la matière et de l'esprit] Qui est immatériel, qui est pure intelligence. Synon. spirituel; anton. matériel, corporel.La cité de Dieu est intelligente elle-même. Rien n'est matière dans les demeures de l'esprit (Chateaubr., Martyrs, t. 1, 1810, p. 182).
C. − [Correspond à intelligence I B; en parlant de l'être hum. ou de l'animal, en partic. des vertébrés supérieurs] Doué de la fonction mentale d'organisation du réel en actes :
8. ... l'homme est le plus intelligent des animaux. Anaxagore en donne la raison : « L'homme est le plus intelligent des animaux parce qu'il a des mains ». Observation saisissante! Si les plantes, les animaux, les hommes participent à l'intelligence universelle, ils ne sont pas tous également à même d'en user... Barrès, Voy. Sparte,1906, p. 71.
[P. méton.] Les deux autres [traits de l'intelligence animale] paraissent tenir à des lois générales des comportements intelligents : nous les retrouverons dans les actes d'intelligence pratique des enfants et des hommes (G. Viaud, L'Intelligence, Paris, P.U.F., 1969, p. 38).
P. anal. [En parlant d'un végétal] L'Orchis ou Anacamptis pyramidalis, (...) une des plus intelligentes [orchidées] a ajouté à sa lèvre inférieure (...) deux petites crêtes qui guident la trompe de l'insecte (Maeterl.,Intellig. fleurs,1907,p. 170).
1. [Correspond à intelligence I B 1; en parlant d'un être hum. ou d'un animal placé dans des circonstances nouvelles pour lesquelles l'instinct, l'apprentissage ou l'habitude n'apporte aucune solution] PHILOS., PSYCHOL. Doué de l'aptitude (plus ou moins développée) à appréhender et organiser les données de la situation, à mettre en rapport les procédés à employer avec le but à atteindre, à choisir les moyens ou à découvrir les solutions originales qui permettent l'adaptation aux exigences de l'action.
a) [En parlant d'un animal] Doué d'intelligence pratique dans la mesure où il y a adaptation du comportement et de l'activité aux circonstances :
9. La psychologie comparée nous apprend que, plus un animal est intelligent, plus il tend à réfléchir sur les actions par lesquelles il utilise les choses et à se rapprocher ainsi de l'homme... Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 188.
P. anal. [S'applique, en dehors de l'ordre des vertébrés, à des animaux (principalement à des arthropodes) accomplissant par instinct des actes que les animaux supérieurs ou l'homme accomplissent par intelligence] . L'abeille et la fourmi nous donnent la haute harmonie de l'insecte. Toutes deux, hautement intelligentes, sont élevées comme artistes, architectes, etc. L'abeille, de plus géomètre. La fourmi, remarquable surtout comme éducatrice (Michelet, Insecte,1857, p. 357).
[P. méton.] Qui nécessite et révèle de l'intelligence pratique. Quand, par extraordinaire, des abeilles nidifient à l'air libre, elles inventent des dispositifs nouveaux et véritablement intelligents pour s'adapter à ces conditions nouvelles (Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 143).Elle a fait, en me voyant, quatre ou cinq pas, de cet air brusque, décidé, terriblement intelligent des araignées (Duhamel, Maîtres,1937, p. 161).
b) [En parlant d'un être hum.] Qui, en toutes circonstances, adapte avec aisance un comportement et une activité éclairés par la réflexion. Il s'est conduit en homme intelligent (Ac.1878-1935).Fort adroit, fort souple, fort intelligent, il servait d'intermédiaire pour toutes sortes de transactions (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Bar., 1887, p. 1300).Berthier (...) voulait que l'officier d'état-major fût, non l'auxiliaire intelligent et doué d'initiative, mais l'instrument aveugle du chef (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 413):
10. Ce ne sont pas les lions que je crains, ni les coups de sabre, mais les rats et les piqûres d'épingle. L'habileté pratique d'un être intelligent consiste à savoir se préserver de tout cela. À cela, comme en tout, il y faut de l'art, et surtout de la patience. Flaub., Corresp.,1846, p. 372.
Emploi subst. Il vivait dans cette dépendance de la magistrature mal payée, acceptée seulement des médiocres, et où les intelligents se dévorent, en attendant de se vendre (Zola, Bête hum.,1890, p. 73).
[P. méton.] Qui nécessite et révèle de l'intelligence pratique. Je n'eus plus qu'une pensée : sauver à force de soins intelligents, de fidélités attentives, d'ingéniosités merveilleuses, sauver M. Georges de la mort (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 133).La première manche de son combat avec l'hippogriffe, il l'avait gagnée par une fuite intelligente (Montherl., Démon bien,1937, p. 1312):
11. En somme [écrit Janet], quand ils cherchent quelqu'un qui les aime, ils veulent (...) une personne qui les défende, les aide, les flatte, les remonte perpétuellement : ce qu'ils veulent, c'est un esclavage intelligent, capable de faire pour eux avec habileté tous les actes demandant de la tension qu'ils sont incapables de faire. Mounier, Traité caract.,1946, p. 490.
SYNT. Comportement, conduite, action, activité intelligente; direction, organisation, gestion, collaboration intelligente; prudence intelligente; démarches, procédés intelligents; prendre une part active et intelligente à (une action).
(Ne pas) trouver (un comportement/un acte) (très) intelligent (de la part de qqn). Tu trouves ça intelligent, toi ce flirt avec Nicole? (Bourdet, Sexe faible,1931, II, p. 334).
2. [Correspond à intelligence I B 2; seulement en parlant de l'être hum.] Qui est ingénieux, habile et efficace dans la conduite de son activité; qui s'entend, se connaît bien à une activité. Former une petite troupe d'acteurs, suffisamment intelligents, habiles, et bien dressés − pour improviser sur tel scénario proposé (Gide, Journal,1916, p. 529).Je savais (parce que tout le monde le disait) qu'il était intelligent. Non seulement il avait très bien réussi au Maroc, mais il était devenu un grand homme d'affaires (Maurois, Climats,1928, p. 200).
(Être) intelligent dans qqc.Être intelligent dans les affaires. Il est fort intelligent (...) dans les négociations (Ac.1798-1935).Le peuple des fabriques, peuple intelligent dans les travaux manuels (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 311).(Être) intelligent de qqc.Elle l'aurait voulu plus intelligent des choses de l'amour, plus naturel, plus brutal (France, Dieux ont soif,1912, p. 64).
[P. méton.] Qui nécessite de l'ingéniosité, de l'habileté et de l'efficacité; qui les manifeste.
a) [Détermine un subst. désignant une activité] On rapporta une véritable récolte de végétaux sauvages (...) qu'une culture intelligente devait bientôt modifier (Verne, Île myst.,1874, p. 283).Le billard est un jeu intelligent (Renard, Journal,1904, p. 887).
b) [Détermine un subst. concr. désignant ce qui intervient à titre d'instrument, d'outil, dans l'activité] Mains intelligentes. Lambrequins refouillés par un ciseau intelligent (Gautier, Fracasse,1863, p. 490).Joie de la main exacte, des doigts intelligents, les gros doigts d'où l'on voit sortir la fragile œuvre d'art! (Rolland, C. Breugnon,1919, p. 25):
12. Devant lui sautille la bête perfide [le ballon], à demi captive, irritée, qu'on mène à coups de caresses rageuses et de l'intérieur du pied, et ses pieds sont intelligents, et ses genoux sont intelligents. Montherl., Olymp.,1924, p. 340.
c) [Détermine un subst. concr. désignant le résultat matériel de l'activité] Très intelligente gravure en couleurs (Goncourt, Ét. art,1893, p. 158).
Prononc. et Orth. : [ε ̃teliʒ ɑ ̃], [-tεl(l)i-], fém. [-ɑ ̃:t]. Cf. intellect et intelligence pour Pt Rob. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1420 adj. (et subst.) « (celui) qui connaît bien (un art, une technique) » (Traité d'Emmanuel Piloti ds Chev. au cygne, éd. de Reiffenberg, p. 319 (et 320)); 2. 1488 « qui a la faculté de connaître » (La Mer des Histoires, I, 170d, éd. 1491 ds Rom. Forsch. t. 32, p. 91). Empr. au lat.intellegens « connaisseur », part. prés. de intellegere « comprendre ». Fréq. abs. littér. : 3 390. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 681, b) 5 167; xxes. : a) 6 354, b) 5 539. Bbg. Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917-18, t. 30, p. 147.