| INSINUATION, subst. fém. A. − DR. ANC. Inscription d'un acte privé sur un registre public. Insinuation d'un contrat, d'un testament. (Dict. xixeet xxes.). B. − Vx. [Correspond à insinuer I B 1 et II A 1] Action d'insinuer ou de s'insinuer. (Dict. xixeet xxes.). C. − Manière adroite de faire entendre quelque chose sans l'exprimer ouvertement. La voix est un son humain que rien d'inanimé ne saurait parfaitement contrefaire. Elle a une autorité et une propriété d'insinuation qui manquent à l'écriture (Joubert, Pensées,1824, p. 146).La matière vivante paraît n'avoir d'autre moyen de tirer parti des circonstances, que de s'y adapter d'abord passivement : là où elle doit prendre la direction d'un mouvement, elle commence par l'adopter. La vie procède par insinuation (Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 71). ♦ RHÉT. ,,Ce que dit un orateur pour gagner la bienveillance de son auditoire`` (Ac. 1935). Exorde par insinuation (Balzac, Cous. Pons,1848, p. 147). − P. méton., souvent péj. Ce que l'on donne à entendre sans l'exprimer ouvertement. Insinuation calomnieuse, honteuse, perfide, mensongère. Emploie tous tes artifices, songes agréables, bonnes pensées, insinuations caressantes (Renan, Drames philos., Jour, 1886, p. 708).Aucune accusation précise ne vaut pour le public une suite d'insinuations obstinément répétées (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1195).De tels propos me déconcertent. Il m'est presque impossible de savoir s'ils représentent un avertissement amical ou une insinuation malveillante (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 124): ... c'est le malentendu qui transforme les propos les plus innocents en allusions perfides ou en gênantes insinuations, qui fait peser sur toutes les épaules, comme un manteau de plomb, le lourd malaise de l'équivoque. Le malentendu, c'est la tension et la gêne...
Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 192. Prononc. et Orth. : [ε
̃sinɥasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1319 dr. anc. « notification, enregistrement d'acte » (apud Morice, Pr. de l'H. de Bret., I, 1290 ds Gdf.). B. 1. 1606 rhét. « captatio benevolentiae » (Crespin ds FEW t. 4, p. 717 b); 2. a) 1636 fig. « action d'introduire, de s'introduire (dans les bonnes grâces de quelqu'un) » (Monet); b) av. 1679 « adresse dans le langage, les manières par laquelle on s'insinue auprès de quelqu'un » (Retz, Mém., 2epart., éd. M. Allem et E. Thomas, p. 70); 3. av. 1704 au propre « action de pénétrer, de s'introduire » (Bossuet, Connaiss. de Dieu, III, 6, ibid. ds Littré); 4. 1740 « parole insinuante » (Voltaire, Charles XII, éd. R. Pomeau, chap. 8). Empr. au lat.insinuatio « exorde insinuant » rhét. dans la lang. class.; « action de faire pénétrer dans l'esprit, de persuader » à basse époque, spéc. « rapport, publication, notification » dans la lang. jur. Le hapax m. fr. insinuation « anfractuosité de la côte, baie » (xves. Evrart de Conty, BN fr. 210 ds Gdf.) est empr. au même sens du b. lat. insinuatio (de sinus). Fréq. abs. littér. : 229. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 398, b) 285; xxes. : a) 268, b) 319. |