| INFRASTRUCTURE, subst. fém. Support, base indispensable à l'édification, au maintien, ou au fonctionnement d'une structure concrète ou abstraite. A. − 1. Ensemble des travaux de terrassement, des ouvrages qui constituent les fondations d'un bâtiment, d'une route, la plate-forme d'une voie de chemin de fer. Le passage des trains (...) communique (...) à la voie et à l'infrastructure des vibrations qui causent des ébranlements dangereux pour les ouvrages mal fondés (Bricka, Cours ch. de fer, t. 1, 1894, p. 126). 2. Ensemble des installations, des équipements permanents qui conditionnent le fonctionnement d'un organisme ou d'une entreprise, l'activité économique d'une région, d'un pays. Infrastructure culturelle, routière, sanitaire; infrastructures de communication, de transport. Infrastructure rurale (irrigation, arasement des talus ou haies, reboisement, etc.) (Colloque géogr. appl.,1962, p. 39).Il appartient à l'État de rendre plus aisée cette quête des loisirs en aménageant l'infrastructure touristique du pays (Amén. terr.,1964, p. 19).V. équipement A 3 ex. de Jocard : 1. Sans ces investissements, l'infrastructure économique capable de créer et d'assurer le fonctionnement d'une économie de marché ne peut s'édifier.
Univ. écon. et soc.,1960, p. 36-11. − P. métaph. Pas un seul acte « spirituel » qui ne repose sur une infrastructure corporelle (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 493). B. − PHILOSOPHIE 1. Ensemble des faits inapparents ou obscurs qui sous-tendent une réalité perceptible. Nous chercherons à faire voir dans la perception à la fois l'infrastructure instinctive et les superstructures qui s'établissent sur elle par l'exercice de l'intelligence (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945p. 65): 2. ... la conscience nous présente un ensemble de phénomènes superficiels et de mobiles apparents qui sont les seuls à nous apparaître dans l'attitude naturelle. Mais le divorce entre l'implicite et l'explicite, entre l'infrastructure réelle de l'homme et la superstructure de la conscience apparaît précisément au moment où le système cohérent de la conscience se brise pour laisser surgir des actes fous, des phénomènes « manqués », des suites incohérentes d'images ou de représentations, comme en fournit abondamment le rêve.
J. Vuillemin, Être et trav.,1949, p. 162. 2. PHILOS. MARXISTE. Ensemble des forces productives et des rapports de production qui servent de base à l'idéologie et aux instances politiques et juridiques qui la reflètent. Infrastructure de production; infrastructure financière. Notre doctrine (...) est de découvrir (...) l'infrastructure d'intérêts économiques qui porte l'édifice social (Jaurès, Eur. incert.,1914, p. 419).Les idéologies de classes et de groupes n'entretiennent pas avec leurs infrastructures économiques des relations de causalité mécanique, mais leur rapport est dialectique (J. Vuillemin, Être et trav.,1949p. 163). Prononc. et Orth. : [ε
̃fʀastʀykty:ʀ]. Att. ds Ac. 1935. V. infra-. Étymol. et Hist. 1. a) 1875 « travaux de terrassement d'une voie ferrée » (Journal officiel, 18 août, p. 6743, 3ecol. ds Littré Suppl.); b) 1923 au fig. « fondation, fondements » (Vuillermoz, Mus. auj., p. 155); c) 1940 aviat. « ensemble des installations au sol » (E. Blanc, l'Aviation, p. 364 ds Rob., s.v. avion); 2. 1911 philos. marxiste (Jaurès, Armée nouv., p. 390); 3. 1933 philos. (Alain, Propos, p. 1151). Composé de l'élém. formant infra-* et de structure*. Fréq. abs. littér. : 41. |