| INFLATION, subst. fém. A. − MÉD. ,,Distension d'un tissu ou d'un organe par un gaz ou un liquide`` (Méd. Biol., t. 2, 1971). L'enflure est le résultat de l'inflation (Littré). B. − ÉCON. POL. Inflation (monétaire). ,,Déséquilibre économique se traduisant par la hausse de prix et dû à l'augmentation du volume monétaire en circulation, au déficit budgétaire, à l'excès du pouvoir d'achat des individus par rapport aux biens mis à leur disposition`` (Barr. 1974) : 1. Le pape critiquait le gouvernement de Philippe le Bel, (...), intervenait même dans les finances puisqu'un de ses griefs était l'altération des monnaies, mesure nécessitée par la guerre, elle aussi; car, en ce temps-là, où l'on n'avait pas la facilité d'imprimer des billets de banque, on mettait moins de métal précieux dans les pièces de monnaie, ce qui était la forme ancienne de « l'inflation monétaire ».
Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 80. SYNT. Inflation contenue, déchaînée, effrénée, fiduciaire, galopante, latente, ouverte, rampante, refoulée, salariale; inflation du papier monnaie; menace, période d'inflation; éviter, réfréner l'inflation; lutter contre l'inflation. − En partic. ♦ Inflation de croissance. ,,Phénomène se produisant lorsqu'il y a un déséquilibre global entre la capacité de production totale et le niveau de la demande globale, provoqué par un effort massif d'investissement`` (d'apr. Birou 1966). ♦ Inflation de sous-développement. ,,Inflation structurelle de stagnation`` (Birou 1966). − P. anal. Extension, développement excessif. Inflation intellectuelle, poétique, verbale. L'épithète est dépréciée. L'inflation de la publicité a fait tomber à rien la puissance des adjectifs les plus forts (Valéry, Variété III,1936, p. 283).L'insolence sexuelle trahit souvent, comme l'inflation érotique, une déchéance de l'instinct (Mounier, Traité caract.,1946, p. 488): 2. L'écrivain qui rend témoignage à sa foi est sans cesse menacé par cette inflation : il est toujours exposé au péril d'émettre plus de protestations, plus d'exhortations, qu'il ne détient réellement de foi, de pureté et d'amour.
Mauriac, Journal 2,1937, p. 149. C. − PSYCHOL. ,,Extension de la personnalité qui dépasse ses limites individuelles`` (Virel Psych. 1977). Tout accroissement de conscience porte en lui le danger de l'inflation (VirelPsych.1977). Prononc. et Orth. : [ε
̃flasjɔ
̃]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. Ca 1300 « enflure, gonflement » l'inflation du membre (La Chirurgie de l'abbé Poutrel, Ms. Reg. lat. 1211 Bibl. Vatican, 17 vod'apr. O. Södergård ds Mél. Lecoy, 1973, p. 545); 2. 1919 écon. (H. Truchy, Cours d'économie politique, t. 1, p. 353); 3. 1919 dans une compar. (L. Daudet, Monde images, p. 180 : Comme l'or, il [le mot] se discrédite par l'abondance et l'inflation); d'où 1922 « excès, surabondance avec dévalorisation » le déluge et l'inflation des mots (Id., St. xixes., p. 141); cf. aussi emploi métaph. de 1 au xvies. 1511 « excès, abus prétentieux » inflation de science (J. Lemaire de Belges, Schismes et Conciles, 1repart., III, 259 ds Hug.). Empr. au lat.inflatio « gonflement » dér. de inflare (v. enfler). Le terme d'écon. est sans doute empr. à l'angl. inflation resté vivant au sens de « excès, surabondance et dévalorisation » (cf. NED) et attesté dès 1838 en anglo-amér. comme désignant la hausse des prix et la dévalorisation de la monnaie (Dict. of Americanisms, 4eéd. 1966). Fréq. abs. littér. : 72. |