| INDULGENT, -ENTE, adj. A. − [En parlant d'une pers.] Qui excuse, qui est enclin à comprendre et à pardonner les fautes d'autrui. Synon. bienveillant, clément, commode, complaisant, compréhensif, généreux, patient; anton. dur, impitoyable, inflexible, intransigeant, rigoureux, sévère.Juge indulgent; indulgent pour les défauts, les fautes. Dieu pour l'homme indulgent ne sera point sévère (Hugo, Rayons et ombres,1840, p. 1123).Trop indulgent à l'égard d'autrui, il se traitait lui-même avec sévérité (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 317): 1. On dit qu'il [Briand] se montrait indulgent et bon; je le crois bien. Un tel homme ne sait pas haïr, et la rancune en lui ne peut être que de précaution.
Alain, Propos,1932, p. 1071. ♦ [P. méton.] Qui est plein d'indulgence. Rire, verdict indulgent; critique, disposition, morale, patience indulgente. L'œil indulgent d'une police amie (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 82).L'interrogatoire le plus indulgent l'eût perdue (Bernanos, Joie,1929, p. 691): 2. ... et sans que cela s'exprime par des mots, je sens, chez d'autres amis, l'espèce d'indulgent apitoiement qu'ils éprouvent pour ma toquade de l'art.
Goncourt, Journal,1885, p. 419. − Emploi subst. masc. plur., HIST. Partisans de Danton et de Camille Desmoulins (ainsi qualifiés par les partisans de Robespierre) parce qu'ils voulaient mettre fin à la Terreur. Les indulgents envoyés par Gamelin et ses collègues à la guillotine (France, Dieux ont soif,1912, p. 304): 3. ... la tactique et les espérances des Indulgents concordaient avec sa politique antérieure [de Danton] et avec l'opportunisme conciliant qui le caractérise. Malheureusement, parmi les partisans de la « clémence », on comptait des « pourris », qui « voulaient briser les échafauds parce qu'ils avaient peur d'y monter »...
Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 385. B. − P. anal., vieilli, et poét. [En parlant d'une chose] Qui est favorable. Synon. bienveillant, clément, débonnaire, doux, favorable, généreux; anton. dur, rigoureux, rude.L'hiver indulgent attiédit son haleine (Delille, Homme des champs,1800, p. 80).Par un ciel lumineux et sur une mer indulgente, nous entrâmes au golfe d'Athènes (Barrès, Voy. Sparte,1906, p. 30): 4. Je découvre en tes traits mille charmes nouveaux.
Prodigue en ses faveurs, la nature indulgente
Accorde tous ses dons à ta beauté naissante...
Constant, Wallstein,1809, I, 4, p. 21. Prononc. et Orth. : [ε
̃dylʒ
ɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1542 « qui pardonne facilement » cont. relig. (C. Marot, Rondeaux, LXXIII, éd. A. Grenier, t. 1, p. 446); 2. 1580 « qui s'abandonne, cède à » (R. Garnier, Antigone, 1336 ds Hug.). Empr. au lat. class.indulgens (part. passé adjectivé de indulgere) « indulgent, bienveillant; qui se donne, s'abandonne à ». Fréq. abs. littér. : 804. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 101, b) 1 206; xxes. : a) 1 342, b) 1 025. DÉR. Indulgemment, adv.,littér. D'une manière indulgente. Anton. sévèrement.Je lis dans le Figaro, où je m'attendais à de noires perfidies, un article de Magnard qui, en blâmant indulgemment mes indiscrétions, écrit que mon journal sue l'authenticité (Goncourt, Journal,1890, p. 1277).Peut-être (...) les couples qui les ont engendrés [les alevins] les escortent-ils en les surveillant indulgemment, comme l'on fait pour des enfants en récréation (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 241).− [ε
̃dylʒamɑ
̃]. Att. ds Ac. 1798. − 1reattest. 1557 (Ferry Julyot, 1repartie, 8 [Élégie] ds Hug.); de indulgent, suff. -ment2*. |