| INDISSOLUBLE, adj. A. − [En parlant d'un corps, d'une substance] Qui ne peut être dissous (par décomposition ou absorption). L'argent est indissoluble dans l'eau régale (Ac.1835, 1878).Les neiges indissolubles de l'Hymalaya (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 452): 1. ... la macération et la coction détachent nettement les muscles des parties dures, ce qui ne peut avoir lieu que par la dissolution de leur moyen d'union. Ce moyen n'est donc pas de la fibrine comme le reste du muscle, puisqu'il seroit alors indissoluble.
Cuvier, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 134. B. − Au fig. 1. [En parlant d'un inanimé abstr.] Qui ne peut être détruit. Processus, réalité, totalité, unité indissoluble. Nous sommes faits des substances cellulaires de notre père et de notre mère. Nous dépendons du passé de façon organique et indissoluble (Carrel, L'Homme,1935, p. 317). 2. [En parlant d'un lien mor.] Qui ne peut être rompu, brisé. Engagement, liaison indissoluble; fiançailles indissolubles. Tout guerrier se choisit un ami. Le nœud, une fois formé, est indissoluble; il résiste au malheur et à la prospérité. Chaque homme devient double et vit de deux âmes (Chateaubr., Natchez,1826, p. 153).Ce qui rend les amitiés indissolubles et double leur charme, est un sentiment qui manque à l'amour, la certitude (Balzac, Illus. perdues,1839, p. 241).Le lien était noué entre eux, indissoluble : elle le défiait bien de parler maintenant, il était à elle comme elle était à lui. L'aveu les avait unis (Zola, Bête hum.,1890, p. 110). 3. a) DR. [En parlant d'une assemblée] Qui ne peut être révoqué. Sur l'assemblée, le roi n'avait aucune prise : elle était permanente, inviolable et indissoluble; elle possédait seule l'initiative des lois (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 171). b) DR. CIVIL et CANONIQUE. Mariage, union indissoluble. Qui ne peut être rompu, qui existe indéfiniment. Si quelques hommes ont été un fléau pour l'homme, ce sont bien les législateurs profonds qui ont rendu le mariage indissoluble, afin que l'on fût forcé de s'aimer (Senancour, Obermann, t. 1, 1840, p. 205): 2. ... en général le mariage est indissoluble et en général il est aléatoire, c'est-à-dire qu'il est un acte contradictoire en soi, les époux se connaissant très peu et s'engageant comme s'ils se connaissaient absolument.
Amiel, Journal,1866, p. 65. Prononc. et Orth. : [ε
̃disɔlybl̥]. [-ss-] ds Land. 1834, Littré, DG. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1495 fig. « qui ne peut être dissous » (J. de Vignay, Miroir hist., Delb. Rec. ds DG); 2. av. 1589 pierres indissolubles (Palissy, 51 ds Littré). Empr. au lat.indissolubilis « indissoluble; impérissable ». Fréq. abs. littér. : 185. DÉR. Indissolubilité, subst. fém.Caractère de ce qui est indissoluble. L'indissolubilité du mariage n'est possible qu'à la condition d'être volontaire, et, pour la rendre volontaire, il faut la rendre possible (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 424).− [ε
̃disɔlybilite]. [-ss-] ds Land. 1834, Littré, DG. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1reattest. 1610 indissolubilité du mariage (P. Coton, Instit. cath., éd. 1610, II, p. 1327 d'apr. H. Vaganay ds R. Philol. fr. t. 43, p. 128); de indissoluble, suff. -(i)té*, cf. lat. médiév. indissolubilitas (1344 ds Latham). − Fréq. abs. littér. : 21. |