| INDÉLÉBILE, adj. A. − Qui ne peut être effacé, qu'on ne peut faire disparaître totalement. Couleur, crasse, liquide indélébile; odeur indélébile; marque, signature, trace indélébile. Le vin couvrit de taches indélébiles la belle robe de la mariée (Sand, Valentine,1832, p. 176).Linge matriculé à l'encre indélébile (Colette, Cl. école,1900, p. 140).L'espace était fait d'ombre, de silence et d'un certain fumet de choux, indélébile à tous les courants d'air, mêlé d'odeur de cave (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 259). B. − Au fig. [En parlant d'une chose abstr.] Qu'on ne peut faire disparaître, supprimer. Empreinte, impression, rancune, sentiment, séquelle, signe, stigmate indélébile; porter la marque indélébile de son origine. Tous ces souvenirs d'enfance, souvenirs indélébiles, éternellement présents à la pensée, étaient là se dressant à chaque coin de place, à chaque angle de rue, à chaque borne de carrefour (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 302).Nous en avons été marqués [d'une religion] si durement, si ineffaçablement, nous en avons reçu une empreinte, une si dure marque, si indélébile que nous en resterons marqués pour toute notre vie temporelle et pour l'autre (Péguy, Notre jeun.,1910, p. 115): Il en est du vol et du commerce de fille publique, comme du théâtre, de la police, de la prêtrise et de la gendarmerie. Dans ces six conditions, l'individu prend un caractère indélébile. Il ne peut plus être que ce qu'il est. Les stigmates du divin sacerdoce sont immuables, tout aussi bien que ceux du militaire.
Balzac, Splend. et mis.,1847, p. 528. Prononc. et Orth. : [ε
̃delebil]. Att. ds Ac. dep. 1718; Ac. 1718, 1740 indelebile, ensuite -délé-. Étymol. et Hist. 1528 fig. « qui ne peut être effacé » (Percef., prol., éd. 1528 ds Gdf. : indelebile bruit); 1541 caractere indelebile (Calvin, Inst., 1185 ds Littré). Empr. au lat.indelebilis « ineffaçable, indestructible (fig.) ». Fréq. abs. littér. : 130. DÉR. 1. Indélébilement, adv.De façon indélébile. Le manteau de spahi (...) la chéchia (...) le morceau de « véritable peau d'Espagne », indélébilement parfumé (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 157).Tous portaient des mains qui m'avaient déchirée, des bouches qui m'avaient blessée, d'affreuses poitrines. Leur métier d'homme lui-même m'insultait. Le plâtre sur celui-ci, le charbon sur cet autre, les couleurs sur ce tablier de vigneron, tout cela marquait sur moi indélébilement, c'était mes taches, c'était mon sang (Giraudoux, Lucrèce,1944, III, 3, p. 165).− [ε
̃delebilmɑ
̃]. − 1resattest. 1551 indeleblement (P. de Tyard, trad. de l'Amour de L. Hebrieu, Disc., III, p. 3 ds Hug.); 1775 indélébilement (Turgot,
Œuvres, II, 512 ds Gohin, p. 252 : liant indélébilement le possesseur à l'État); de indélébile (cf. la forme indeleble 1553, Des Autels ds Hug.), suff. -ment2*. 2. Indélébilité, subst. fém.Caractère de ce qui est indélébile. (Dict. xixeet xxes.). − [ε
̃delebilite]. − 1reattest. 1771 (L'Année littéraire, t. 8, p. 334 : il y en a toujours [des contrefacteurs] [...] qui donnent à leur Encre le caractère d'indélébilité, sans avoir jamais eu connoissance des drogues nécessaires pour cette qualité essentielle); de indélébile, suff. -(i)té*. |