| INDÉFINI, -IE, adj. et subst. I. − Adjectif A. − 1. Qui n'est pas fini, n'est pas ou ne peut être limité ni délimité. Accroissement, espace, mystère, nombre indéfini; conversation, étendue, extension, prolongation, répétition indéfinie. Et il y avait cette sensation d'inutilité parfaite de la vie qu'on mène. Je me rappelle les balayages indéfinis de la cour du quartier. Un jour j'ai pleuré de haine à une fenêtre en voyant passer des officiers. Puis un beau jour cela s'est évanoui. J'ai été maté (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 291).Peut-on croire sans réserve à son axiome fondamental : la progression indéfinie des revenus permettant de satisfaire constamment des besoins matériels eux-mêmes en progression indéfinie? (L'Univers écon. et soc.,1960, p. 22-10): 1. Vous sentiez parfaitement (...) que sans partager aucun danger, sans être auprès de vous, rester ici avec M. de Staël et mon père, attendre un temps indéfini la nouvelle de votre vie ou de votre mort, était à peu près le plus atroce supplice dont on puisse avoir l'idée.
Staël, Lettr. L. de Narbonne,1793, p. 189. 2. Spécialement a) BOT. Dont le nombre des parties auxquelles on l'applique n'a rien de constant (d'apr. Littré-Robin 1865). Étamines indéfinies (d'apr. Littré-Robin 1865). Des étamines très nombreuses, dites en nombre indéfini, insérées directement sur le réceptacle de la fleur (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 354). − En partic. Axes indéfinis. ,,Ceux dont le bourgeon terminal s'allonge indéfiniment`` (Littré-Robin 1865). b) MATH. ,,Dont on ne peut fixer une valeur`` (Sc. 1962). Droite, suite, variation indéfinie. Cette notion s'était introduite vers le milieu du xviiiesiècle, et d'abord sous forme d'« intégrale indéfinie » (Bourbaki, Hist. math.,1960, p. 253). c) PHILOS. − ,,Qui tout en étant fini est susceptible d'accroissements illimités`` (Foulq.-St-Jean 1962). Divisibilité, qualité indéfinie. De sorte que nous aurons beau faire, nous pourrons imiter, par le progrès indéfini de notre addition, la mobilité du devenir (Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 164): 2. ... et que l'effort par lequel chaque chose s'efforce de persévérer dans son être n'enveloppe aucun temps fini, mais un temps indéfini.
J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 52. − En partic. [Chez Descartes] ,,Qui n'est infini qu'à un certain point de vue, parce que nous ne pouvons en atteindre la fin`` (Foulq.-St-Jean 1962). B. − 1. Qui n'est pas clairement défini, qui, n'étant pas spécifié, demeure vague. Avenir, carrière, détail, refus indéfini. 1erseptembre. Après une affreuse migraine, je rêvais, cette nuit, que je me trouvais dans un endroit vague et indéfini, comme un paysage du sommeil (Goncourt, Journal,1873, p. 943): 3. Dans cette cour de récréation et à la suite de nos colloques, se forma en moi le désir de cesser d'être le personnage que j'étais pour devenir un autre personnage connu, célèbre, pour qui on éprouverait les sentiments indéfinis que j'éprouvais moi-même devant de si grands modèles.
Barrès, Cahiers, t. 10, 1913, p. 152. 2. Spécialement a) LINGUISTIQUE − Propre à présenter un concept sous son aspect le plus général, sans le rapporter à un être ou objet déterminé : article indéfini : un; pronom indéfini : on; adjectif indéfini : quelque... (d'apr. Mar. Lex. 1951). Indéfinis nominaux. Il est facile de répondre que le pronom indéfini n'est ici qu'une formule vague pour désigner une multiplicité de je ou encore un je en général (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 400). − Passé indéfini. ,,Passé composé dans une analyse des formes verbales françaises où l'on met en évidence le caractère indéterminé dans le passé que revêt l'achèvement du procès traduit par ces formes`` (Ling. 1972). Passé indéfini. Je suis monté dans l'autobus de la Porte Champerret (Queneau, Exerc. style,1947, p. 55). b) LOG. Qui n'a pas de définition. Mot, terme indéfini : 4. Néanmoins on s'accorde à envisager le temps comme un milieu indéfini, différent de l'espace, mais homogène comme lui : l'homogène revêtirait ainsi une double forme, selon qu'une coexistence ou une succession le remplit.
Bergson, Essai donn. imm.,1889, p. 83. II. − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui n'est pas défini : 5. Il avisa, s'il est permis d'animer par ces expressions humaines l'action divine, il avisa entre l'infini et le fini quelque chose d'intermédiaire que nous appelons ici-bas l'indéfini.
Lacordaire, Conf. N.-D.,1848, p. 110. REM. 1. Indéfinité, subst. fém.,philos., rare. Qualité de ce qui est indéfini. Indéfinité de la représentation. Je te tire, fil d'or, fibre d'eau, rais de feu, raie sur l'air, trait du trait et brin trois fois tressé, du bout de la main gauche jusqu'à cette indéfinité au loin de la main droite (Claudel, Tobie et Sara,1940, II, 6, p. 1253). 2. Indéfinitude, subst. fém.,philos. Caractère de ce qui est indéfini. C'est l'éternité elle-même qui est à l'origine de l'indéfinitude de l'espace comme de celle du temps; et ces deux indéfinitudes sont inséparables (L. Lavolle, Du Temps et de l'éternité, 418 ds Foulq.-St-Jean1962). Prononc. et Orth. : [ε
̃defini]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1531 [date éd.] adj. indeffinie « qu'on ne peut délimiter » (Raoul de Presles, Cité de Dieu, XXI, ds Delb. Notes mss); 1647 subst. (Descartes, Réponses aux premières objections ds
Œuvres philosophiques, éd. F. Alquié, t. 2, p. 533); 2. 1548 prétérit indéfini (Sebillet, Art poétique françois, éd. F. Gaiffe, 94). Empr. au b. lat.indefinitus « indéfini, vague », dér. de definitus part. passé de definire, v. définir. Fréq. abs. littér. : 700. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 797, b) 706; xxes. : a) 1 081, b) 1 267. Bbg. Wilmet (M.). Ling. et métalinguistique. In : [Mél. Pohl (J.)]. Bruxelles, 1980, pp. 235-245. |