| INDÉFECTIBLE, adj. Littér. Qui ne cesse d'être, de durer. Synon. éternel, immuable.Dieu, (...) étant l'être souverain, (...) le moi infiniment sage et libre, par conséquent indéfectible et saint (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 351).Dorilys redevenait, en saluant, l'indéfectible adolescente sur laquelle le théâtre pouvait compter encore pendant un quart de siècle (Colette, Seconde,1929, p. 214).− THÉOL. Qui durera jusqu'à la fin du monde. On peut répondre, tout d'abord, en distinguant le souverain pontificat, indéfectible et divin, d'avec la personne sacrée (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 277).Le néant de ceux qui l'outragent [l'Église] est surabondamment notifié par sa silencieuse et indéfectible présence (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 167). − P. ext. Qui ne peut défaillir. Synon. solide, sûr.Indéfectible attachement; dévouement, fidélité indéfectible; partisan indéfectible. La nature dont parle la formule (...) [le plaisir résulte d'une activité conforme à la nature] c'est la bonne nature d'une normalité et d'une rationalité indéfectibles (Hamelin, Éléments princ. représ.,1907, p. 472).Les hybrideurs choisissent deux pieds de vigne (...). Tous les deux seront des sujets éprouvés, de santé indéfectible, de ces ceps de roc prêts à aller cent ans (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 86): ... cette prérogative et cette puissance surnaturelles que les Anciens attribuaient à la malédiction d'un père, poursuivant son objet avec la rigueur indéfectible d'une fatalité!
Baudel., Paradis artif.,1860, p. 403. Prononc. et Orth. : [ε
̃defεktibl̥]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. 1501 « qui ne peut cesser d'être, qui continue, dure toujours » (F. Le Roy, Le Livre de la femme forte et vertueuse, r 7 a ds Hug.); 2. 1923 mémoire indéfectible (Pesquidoux, Chez nous, p. 160). Dér. sav. du lat. class. defectus, part. passé de deficere « cesser, faire défaut, manquer », cf. aussi le b. lat. defectibilis « sujet à défaillir », lat. médiév. indefectibilis « indéfectible, éternel » (ixes. ds Blaise Latin. Med. Aev.). Fréq. abs. littér. : 35. DÉR. 1. Indéfectibilité, subst. fém.Caractère de ce qui est indéfectible (notamment dans le domaine théologique). Il [Bossuet] se voyait donc obligé de recourir (...) à la distinction du siège et de la personne, et de soutenir l'indéfectibilité en niant l'infaillibilité (J. de Maistre, Pape,1819, p. 85).Son hypothèse de la déchéance inévitable et graduelle des substances spirituelles, en dehors de la seule indéfectibilité de Dieu (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 350).− [ε
̃defεktibilite]. Att. ds Ac. dep. 1740. − 1reattest. 1677 (Mmede Sévigné, Corresp., 23 juill., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 498); dér. sav. de indéfectible, suff. -(i)té*. Cf. deffectibilité « défaut, manque » (1468 ds La Curne). 2. Indéfectiblement, adv.De manière indéfectible. Il [Claudel] a cru en Dieu, il en a été le témoin indéfectiblement fidèle (Mauriac, Bloc-notes,1958, p. 166).− [ε
̃defεktibləmɑ
̃]. − 1reattest. 1677 (Retz,
Œuvres, éd. R. Chantelauze, t. 9, p. 327); de indéfectible, suff. -ment2*. Cf. aussi le lat. chrét. indefectibiliter « sans défaillance, fermement » (ves. ds Blaise Lat. chrét.), lat. médiév. « avec constance, d'une manière indéfectible » (Acta Sanctorum, Martii, t. 1, p. 545 ds Blaise Latin. Med. Aev.) et, en m. fr., desfectiblement « de façon incomplète » (1468 ds La Curne). |