| INCUBATION, subst. fém. A. − 1. Action de couver des œufs; p. méton., développement de l'embryon dans un œuf, entre la ponte et l'éclosion. En pratiquant, sur l'embryon de poulet, dans les premiers jours de l'incubation, des irradiations par les rayons X, (...) Wolff reproduit à volonté la plupart des monstruosités (Caullery, Embryol.,1942, p. 66): Cette cause particulière qui, postérieurement à la fécondation d'un embryon d'ovipare, donne la vie à cet embryon, consiste, pour les œufs des animaux, dans une simple élévation de température (...). Ainsi, pour les œufs des oiseaux, l'incubation [it. ds le texte] amène cette élévation de température, et pour beaucoup d'autres œufs, une chaleur douce de l'atmosphère suffit...
Lamarck, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 154. 2. P. ext. Installation de l'œuf, de l'embryon ou du jeune animal dans les conditions nécessaires à son développement. Incubation artificielle. Quant aux œufs de carpe, de tanche, de perche, de brème, etc., leur incubation s'accomplit parfaitement et avec sécurité dans des cuves en bois (Code pêche fluv.,1875, p. 128). B. − P. anal. (Durée, période d')incubation 1. MÉD. Temps qui s'écoule entre l'introduction d'un germe infectieux dans un organisme et les premières manifestations d'une maladie. La durée d'incubation de la rage à la suite de morsures (Pasteur, Travaux,1884, p. 393).Dans la maladie expérimentale, l'incubation varie de quelques jours à quelques semaines (Brumpt, Parasitol.,1910, p. 111). 2. ALIM. Temps pendant lequel un échantillon de produit alimentaire est soumis à un examen. La pureté bactériologique [d'un moût] peut s'apprécier (...) par un test d'incubation (Boullanger, Malt., brass.,1934, p. 652). C. − Au fig., littér. Période de préparation secrète, de maturation d'une idée, d'une œuvre, d'un événement. Un jour, et après une assez longue incubation de piété mûrissante, (...) elle ressentit un grand mouvement d'être religieuse (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 192).Il [Gustave Doré] ne dessine ni ne peint : il improvise (...). Il n'y a pas incubation de l'œuvre; il ne caresse point son idée, ne la cisèle point, ne fait aucune étude préparatoire (Zola, Mes haines,1866, p. 69).[Le Zohar proprement dit] n'est pas un travail homogène mais le produit d'une lente incubation, œuvre de collaborateurs anonymes et nombreux (Maeterl., Gd secret,1921, p. 198). Prononc. et Orth. : [ε
̃kybasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1694 « action de couver les œufs » (Corneille); 2. 1824 méd. (Nysten). Empr. au lat.incubatio « couvaison », dér. de incubare (incuber*); cf. l'angl. incubation attesté au sens 1 dès 1646 et au sens 2 en 1835 (NED). Fréq. abs. littér. : 69. |