| INCONSÉQUENT, -ENTE, adj. A. − [En parlant d'une chose] Qui est contraire à la logique, au bon sens. Synon. absurde, incohérent, illogique; anton. logique.Raisonnement inconséquent; politique inconséquente. Les jugemens (...), les idées (...) pourront être faux quoique conséquens, et justes quoiqu'inconséquens (Destutt de Tr., Idéol. 3,1805, p. 328).Kant est trop timide; et son agnosticisme est inconséquent (Théol. cath.t. 4, 1, 1920, p. 1282): 1. ... la vie que je menais dans cette libre nature, en compagnie de mon cheval Canari et de mon chien Sandy, me parut tout à coup inconséquente et mesquine, et je me hâtai de rentrer en Europe.
Cendrars, Moravagine,1926, p. 13. B. − [En parlant d'une pers.] 1. Qui est en contradiction avec soi-même, qui n'est pas fidèle à ses convictions dans sa conduite, à ses idées dans ses paroles. Synon. illogique, léger, versatile; anton. conséquent, logique, réfléchi, sérieux.Être inconséquent dans sa conduite, dans ses propos, dans ses jugements; inconséquent et léger, inconséquent et frivole. Être inconsistant, inconséquent; on ne le retrouve jamais pareil à ce qu'on l'avait laissé la veille (Gide, Journal,1910, p. 311).Je vous raconte toutes ces choses, j'en fais une petite salade. Ne me croyez pas inconséquent. Pour la nième fois, papa nous les raconte, avec des variantes et des compléments d'information (H. Bazin, Vipère,1948, p. 144).V. affectueux ex. 5 : 2. Mais ce citoyen de Milan, plus il vieillissait, et moins il se résignait à vivre loin de Paris. Beaucoup de Français peuvent se reconnaître aujourd'hui dans cet homme inconséquent, acharné à médire d'une patrie hors de laquelle il n'existe pas pour lui de bonheur.
Mauriac, Journal occup.,1944, p. 327. a) [En fonction d'attribut ou d'appos.] − Inconséquent à + subst. ou pron.S'en affranchir [du devoir] sous prétexte qu'il est obscur, mal fondé, pénible à porter, c'est être radicalement inconséquent à la science et à la conscience; c'est ne plus vouloir ce qu'on veut (Blondel, Action,1893, p. 136).[Il] préfère fausser son goût plutôt que de se paraître inconséquent à lui-même (Gide, Journal,1907, p. 228). − Inconséquent avec + subst. ou pron.Inconséquent avec soi-même. Inconséquents avec leurs principes religieux, ils se défièrent de moi (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 225).Ce n'est point victimes de leurs théories qu'ils succombent, mais bien, au contraire, pour avoir été inconséquents avec eux-mêmes sur quelque point (Gide, Et nunc manet,1951, p. 1150). b) [P. méton.] Propos inconséquents; décision, démarche, proposition inconséquente; cœur, esprit, caractère inconséquent. Rien n'est inconséquent comme cette conduite, comme la foi sans pratique, comme un baptisé païen (E. de Guérin, Lettres,1840, p. 356).Les socialistes parlementaires (...) sont fort inconséquents, car ils travaillent à ruiner eux-mêmes l'épopée dont ils voudraient maintenir le prestige dans leurs discours (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 140). − En emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. L'incertain, l'accidentel, le confus et l'inconséquent qui sont les attributs les plus probables de la plupart de nos pensées (Valéry, Variété V,1944, p. 229). 2. En partic., vieilli. [En parlant d'une femme] Qui a une conduite légère, frivole. Cette femme est bien inconséquente (Ac.). REM. Inconséquemment, adv.,rare. D'une manière inconséquente. Anton. conséquemment. Agir inconséquemment.Il insista fort pour savoir si Sara n'avait pas quelqu'un. Je protestai inconséquemment que non (Restif de la Bret.,M. Nicolas,1796,p. 210). Prononc. et Orth. : [ε
̃kɔ
̃sekɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1551 « (d'une chose) qui n'est pas conforme à la logique, au bon sens » (B. Aneau [?], Quintil Horatian, 179 ds Quem. DDL t. 5); 2. id. « (d'une pers.) qui n'est pas logique dans ses actes » (Id., op. cit., p. 185, ibid.). Empr. au lat.inconsequens « qui ne s'accorde pas avec; illogique ». Fréq. abs. littér. : 110. Bbg. Quem. DDL t. 5 (s.v. inconséquemment). |