| INCONSÉQUENCE, subst. fém. A. − [À propos d'une pers. ou d'un domaine] 1. Manque d'esprit de suite, de logique dans la pensée, les paroles ou la conduite (de quelqu'un). Synon. incohérence, légèreté, irréflexion, caprice, fantaisie.L'inconséquence de sa conduite, de son caractère, de son comportement; l'inconséquence du cœur humain, des passions, d'un raisonnement. Inconséquence de la religion. Saint Paul blâme la reproduction et ils instituent un sacrement du mariage (Barrès, Cahiers, t. 2, 1900, p. 195).Il le plaint sincèrement (...) de quitter les honneurs et la richesse pour suivre le Christ. Ailleurs, il admirera sa vertu. Inconscience, inconséquence? (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 315): 1. Il ne savait pas que les peuples raisonneurs ont une vertu, qui les sauve : − l'inconséquence. Les politiciens français ne s'en faisaient pas faute. Leur despotisme se tempérait d'anarchisme; ils oscillaient sans cesse de l'un à l'autre pôle.
Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 761. ♦ Inconséquence à.C'est le propre du panthéisme de ne subsister que par une inconséquence à sa méthode (Blondel, Action,1893, p. 17). ♦ Inconséquence avec.Fouetter la haute société, (...) la convaincre d'inconséquence avec elle-même (Balzac, Goriot,1835, p. 23). − En partic. Manque de réflexion dans la conduite ou dans la pensée. Nous faisons (...) des raisonnements si légers que nous assignons, avec une inconséquence remarquable, la dignité la plus élevée aux auteurs que nous déclarons inspirés (Valéry, Variété IV,1938, p. 34).L'administration (...) retourna au pessimisme avec autant d'inconséquence qu'elle avait d'abord accueilli l'optimisme (Camus, Peste,1947, p. 1410). ♦ Pousser l'inconséquence jusqu'à + inf. Les ecclésiastiques qui ont fait vœu de stérilité ont poussé l'inconséquence jusqu'à canoniser saint Vincent de Paul parce qu'il réservait pour d'inutiles tortures des innocents! (Huysmans, À rebours,1884, p. 224). 2. P. méton. Manifestation de ce manque de logique. Synon. incohérence, contradiction, illogisme.Inconséquence grave; grave, légère inconséquence; quelle inconséquence! un tissu, une suite, un chaos d'inconséquences; discours qui fourmille d'inconséquences; dire, commettre des inconséquences; attitude, conduite pleine d'inconséquences. Aussi faut-il s'attacher à l'esprit général du livre, et avec cet esprit, interpréter les passages contradictoires, négliger les inconséquences de détail, et considérer surtout le fond commun et l'ensemble de l'ouvrage (Cousin, Hist. philos. xviiies., t. 1, 1829, p. 87).Être stoïcien et prendre un intérêt réel au monde était une inconséquence (P. Leroux, Humanité, t. 1, 1840, p. 70): 2. Aussi son attitude était-elle pleine d'inconséquences : un jour elle était la mère et un jour la camarade. Un jour elle tonnait : « Penses-tu que je ne devine pas le genre de tes conversations avec tous ces petits voyous de l'école? » Un autre jour, ces mêmes choses, ils en plaisantaient à demi-mot.
Montherl., Bestiaires,1926, p. 504. B. − En partic., vx. [À propos d'une femme] Légèreté de conduite; p. méton., au plur. écarts de conduite. Synon. dérèglement, inconduite, dévergondage, libertinage.Rompre avec une femme dont l'inconséquence est notoire et qui ne veut pas m'épouser (Constant, Journaux,1803, p. 48).Une mère, monsieur, qu'est bonne mère, car j'ai caché ses inconséquences [de ma fille] (Balzac, Ferragus,1833, p. 109): 3. ... il avait connu Petite-Secousse à Paris, dans un souper où le fêtait son oncle, vieux viveur (...); aussi ne pouvait-il se faire d'illusion sur les inconséquences passées de cette jeune libertine...
Barrès, Jard. Bérén.,1891, p. 55. Prononc. et Orth. : [ε
̃kɔ
̃sekɑ
̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1538 (Est., p. 358b, Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 84 : Inconsequentia. Inconsequence); 1689 « manque de rapport logique ds les idées, le raisonnement » (Bossuet, Avertiss. aux protestants, I, III ds Rob.); 2. 1756 « acte, parole, fait inconséquent » (D'Alembert, Eloge de Du Marsais, Œuvres, éd. Paris, Belin-Bossange, 1821, t. 3, 1repart., p. 499). Empr. au lat.inconsequentia « manque de suite, de liaison entre les choses ». Fréq. abs. littér. : 314. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 657, b) 365; xxes. : a) 374, b) 353. |