| INCOMMUTABLE, adj. A. − DR. [En parlant d'un bien, d'un droit] Qui ne peut légitimement changer de propriétaire, de possesseur. La propriété de ces mêmes biens, les droits et revenus y attachés, demeureront incommutables entre leurs mains ou celles de leurs ayants-cause (Doc. hist. contemp.,1801, p. 107).N'oubliez pas que cette propriété [littéraire], dès la mort de l'auteur, est bien plus incommutable que celle des maisons qui tombent et se rebâtissent (Balzac,
Œuvres div., t. 3, 1841, p. 430). − Vx. [En parlant d'une pers.] Qui ne peut être légitimement dépossédé. L'acquéreur à pacte de rachat ne peut user de la faculté d'expulser le preneur, jusqu'à ce que, par l'expiration du délai fixé pour le réméré, il devienne propriétaire incommutable (Code civil,1804, art. 1751, p. 318). B. − Qu'on ne peut changer ou qui ne peut changer. Synon. inchangeable, immuable, invariable.Quand nous reculons ainsi pas à pas devant notre idéal incommutable, égarés, acharnés, exaspérés de céder (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 653): C'est ainsi que nous demeurions là et la pensée me vint que toutes choses sont incommutables. La nuit est noire et il n'y a point d'espérance.
Claudel, Tête d'Or,1901, 2epart., p. 194. REM. Incommutablement, adv.a) Dr. ,rare. ,,En telle sorte qu'on ne puisse être dépossédé légitimement. Posséder incommutablement une terre`` (Ac. 1798-1878). b) D'une manière qu'on ne peut changer ou qui ne peut changer. Il existe deux natures d'hommes dont la démarche est incommutablement viciée : ce sont les marins et les militaires (Balzac, Théor. démarche,1833, p. 636). Prononc. et Orth. : [ε
̃kɔm(m)ytabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1372 « immuable, invariable » (D. Foulechat, Trad. du Policraticus de J. de Salisbury [Ms. BN fr. 24287, fo11 vocol. 1], éd. Ch. Brucker, Prologue § 53 : une meismes verité incommutable); 2. dr. a) 1381 « qui ne peut passer d'un propriétaire à un autre » (cité ds les Preuves de l'hist. de Bourgogne, III, p. LIX, éd. 1748 ds Delb. Notes mss : en heritage perpetuel, parfait et incommutable); b) 1679 « qui ne peut être dépossédé » (J. Savary, Parfait négociant, I, 212, ds Kuhn, p. 141 : seigneur incommutable); 1690 (Fur., s.v. propriétaire). Empr. au lat. class.incommutabilis « immuable, invariable » (cf. lat. class. commutare « changer; échanger »). |