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INCARNÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. − Part. passé de incarner1*.
Emploi adj., MYTH. et RELIG. [Qualifie une divinité, un être spirituel] Qui a revêtu une forme animale ou humaine. Le type de l'héroïsme n'est pas chez les Romains un dieu incarné, comme dans l'Asie (Michelet, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 59).Et l'époux immortel de Sita, Grâce aux dieux incarnés qui protègent les justes, Plein de gloire, revit ses demeures augustes (Leconte de Lisle, Poèmes ant.,1874, p. 36).
En partic., RELIG. CHRÉT. Le Verbe incarné. Jésus-Christ. Dès son entrée en ce monde, le Verbe incarné a prévu et accepté les supplices de sa passion, il ne les a pas subis (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 575).Prophètes, apôtres, anges, saints personnages de toute sorte, entourant le Verbe incarné, sa mère et son époux, le Père éternel (Proust, Sodome,1922, p. 1040) :
1. Un des plus zélés défenseurs des dogmes des Chrétiens, nous dit qu'il y a deux natures à distinguer dans le soleil; la nature de la lumière et celle du corps du soleil auquel elle est incorporée. Il en est de même, ajoute ce Père, des deux natures de Christ; Verbe ou logos lorsqu'on le conçoit uni à son père, et homme ou Verbe incarné lorsqu'il habite parmi nous. Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 388.
Emploi subst. L'idole, l'incarné, le messie est éminemment l'être exceptionnel, le favori, le benjamin de la grâce (Michelet, Journal,1848, p. 692).
II. − Adj., au fig.
A. − [Qualifie une notion abstr.] Rendu concret, visible. Les personnages qu'il met en scène sont réels dans sa pensée, et significatifs dans son intention; ce sont des idées incarnées, des figures vivantes (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 82).L'absolu se présente à nous dans le déroulement de l'histoire; transcendant et incarné à la fois, il n'a pas toujours et immuablement le même visage (Mounier, Traité caract.,1946, p. 676) :
2. Les projets, nous le savons, sont aussi des pouvoirs retenus dans le corps et lisibles sur le corps d'autrui; en retour il faut dire que nos actions sont des intentions incarnées dont le sens est pour moi. Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 212.
B. − P. ext. [Qualifie une notion abstraite traduisant le comportement d'une pers.] Cet homme est la bonté, la jalousie (...) incarnée. C'est la bonté, la jalousie (...) faite homme, c'est-à-dire portée au plus haut degré. Quels abominables despotes!... C'était l'égoïsme et l'orgueil incarnés! (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 345).C'était la raison même que cette femme, l'équilibre, le bon sens incarné (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 219) :
3. ... il avait songé à Andréa... à Andréa le génie du mal incarné, ce frère dénaturé qui avait tué sa mère, à lui, Armand; cet homme qui lui avait jeté le plus terrible des défis... Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 292.
Expr. C'est le démon, le diable incarné. C'est un individu cruel, malfaisant. Reste ce que tu es : un diable incarné, châtiant la terre, un instrument de fer que je ne sais qui fait mouvoir (Balzac, Annette, t. 2, 1824, p. 22).
[Par affaiblissement de sens] V. diable II A 2.Mes compagnes (...) me disaient : « tu n'es pas malheureuse, toi! tu es un diable incarné, tu ne fais que des sottises et des malices... » (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 149).
Prononc. : [ε ̃kaʀne]. Fréq. abs. littér. : 391. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 284, b) 365; xxes. : a) 332, b) 1 025.