| INADÉQUAT, -ATE, adj. Inadéquat (à + subst. désignant l'obj. par rapport auquel l'inadéquation est établie).A. − PHILOS. [En parlant d'un concept, d'une pensée] Qui ne rend pas compte de son objet de manière exhaustive en compréhension et en extension. Définition inadéquate. Une telle conception est, de tous points, inadéquate aux faits. La division du travail ne met pas en présence des individus, mais des fonctions sociales (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 403).La vision correcte et la vision illusoire ne se distinguent pas comme la pensée adéquate et la pensée inadéquate; c'est-à-dire comme une pensée absolument pleine et une pensée lacunaire (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 343).Nous n'avons, pour lire une genèse, que des concepts inadéquats qui dépassent difficilement le niveau des métaphores : éveil, croissance, mûrissement, mouvement, voyage, bond, déroulement, développement, etc. (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 130). − Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Plus on approfondit la conception spinoziste de l'« inadéquat » dans ses rapports avec l'« adéquat », plus on se sent marcher dans la direction de l'aristotélisme (Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 353). B. − P. ext. Qui n'est pas approprié, qui ne convient pas. Mot, terme inadéquat. Ces maquettes (...) inadéquates à l'énorme augmentation de potentiel musical qu'elles impliquent (Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p. 198).L'impuissance d'un régime politique inadéquat aux grandes épreuves (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 499) : Il me faisait mettre au piano, et à chaque morceau qu'il m'enseignait, il inventait une sorte d'affabulation continue, qui le doublât, l'expliquât, l'animât : tout devenait dialogue ou récit. Encore qu'un peu factice, la méthode, avec un jeune enfant, peut je crois, n'être pas mauvaise, si toutefois le récit surajouté n'est pas trop niais ou trop inadéquat.
Gide, Si le grain,1924, p. 398. REM. Inadéquatement, adv.De manière inadéquate. Les règles durables, juridiques, morales, sociales de l'emploi des moyens de produire, sont traitées inadéquatement par les néo-classiques qui les prennent comme des données ou comme un ordre social dont les principes ne sauraient être remis en question (Perroux, Écon. xxes., 1964, p. 160). Prononc. : [inadekwa], fém. [-at]. Étymol. et Hist. 1760 (Bonnet, Ess. analyt. âme, ch. 16 ds Littré). Dér. de adéquat*; préf. in-1*; cf. l'angl. inadequate (1675 ds NED). Fréq. abs. littér. : 55. Bbg. Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917-18, t. 30, p. 73. |