| IN PACE, subst. masc. A. − [P. réf. à la formule vade in pace (va en paix) prononcée lorsqu'un prisonnier était mis au cachot] Cachot souterrain d'un monastère, dans lequel certains coupables étaient enfermés jusqu'à leur mort. J'ai laissé au fond de mon séminaire un pauvre jeune homme, qui, si je ne me trompe, va y être rudement persécuté. S'il n'était qu'un simple religieux, il serait déjà in pace (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 211).C'était le teint livide exsangue des prisonniers au Moyen Âge, le teint maintenant ignoré de l'homme interné jusqu'à sa mort dans un cachot pluvieux, dans un noir in-pace, sans air (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 50). − P. anal. Geôle où sont retenus les prisonniers. Du fond de leur in pace, Decraemer et l'abbé Sennevilliers connurent la victoire au début de novembre (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 447). B. − Au fig. Lieu retiré, secret. Synon. buen retiro.Cette auberge est un doux in-pace. Aux arbres, pas de fruits; dans l'enclos, pas de sources (Hugo, Théâtre en lib.,1885, I, 2, p. 131). − P. méton. Vie retirée. La jeune Pia (...) n'est pas faite pour une vie de cocotte légitime. Pas plus que pour l'in-pace (La Varende, Saint-Simon,1955, p. 323). Prononc. et Orth. : [inpase] et [-patʃe]. Att. ds Ac. dep. 1835. Trait d'union (Huysmans, Hugo, La Varende, loc. cit. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. 1971 propose la soudure et la francisation inpacé avec le plur. des inpacés. Étymol. et Hist. Ca 1440 mettre in pace « enfermer dans une prison perpétuelle (dans les couvents) » (L'Amant rendu cordelier, éd. A. de Montaiglon, 1424); 1690 in pace « prison perpétuelle où l'on enfermait les religieux coupables d'une grave faute » (Fur.). De l'expr. lat. (vade) in pace « (va) en paix » qui était prononcée dans les couvents après la fermeture du cachot où l'on avait mis les condamnés (Bl.-W.1-5). Bbg. Pohl (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Fr. mod. 1963, t. 31, p. 301. |