| * Dans l'article "IMPONDÉRABLE,, adj. et subst. masc." IMPONDÉRABLE, adj. et subst. masc. I. − Adjectif A. − 1. Qui ne peut être pesé, qui n'a pas de poids mesurable. Anton. pondérable, pesant.Particules impondérables; substance impondérable. Tout le recueil de nos courbes traduisant les propriétés fondamentales de la substance intermédiaire entre la matière pondérable et l'éther impondérable (G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 60). − Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Jusqu'aux corpuscules générateurs des atomes, jusqu'à l'« impondérable » au sein duquel le corpuscule se formerait par un simple tourbillonnement (Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 8). 2. Vx, PHYS. Fluide impondérable. Fluide tel que l'électricité, la lumière, la chaleur, le magnétisme. Qu'est-ce d'abord que la matière? Si je vous dis que c'est quelque chose de pesant, vous m'opposerez les fluides impondérables (Lacord., Conf. N.D.,1848, p. 94).On appelle fluide magnétique, le fluide impondérable qui communique aux barreaux de fer la propriété de la pierre d'aimant (Tscheuschner, Prévis. temps,1919, p. 6). − Emploi subst. Faut-il admettre une substance intermédiaire entre le monde et nous? (...) un nouvel impondérable, une sorte d'électricité (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 81). B. − P. exagér. Qui semble immatériel. Synon. aérien, impalpable, léger, subtil.Là-bas elles répandent comme une vague impondérable d'odeur, un flot de cannelle et d'encens mêlés (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 34).Une brume impondérable noyait les cannelures et le grand voile tricolore qui battait du haut en bas de la façade du Palais-Bourbon (Nizan, Conspir.,1938, p. 40) : 1. Ses moustaches blondes (...) semblaient faites de soie floche, de verre filé, d'une matière inconnue, impondérable : elles ondulaient au vent avec la légèreté d'une écharpe, avec la souplesse de ces barbes vaporeuses qu'on voit à certains poissons d'Extrême-Orient.
Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 48. − Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Cet œil rougi d'avoir trop longtemps interrogé l'impondérable, a bien su démêler, sous les irisations de la peau, les témoignages plastiques de la vie intérieure (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 133). II. − Adj. et subst. masc., au fig. (Facteur, événement, cause morale ou psychologique) qui ne peut être ni calculé ni prévu mais dont l'effet peut être déterminant. Facteurs, influences impondérables; les impondérables de la vie, de la politique; le poids des impondérables. Je désire de pénétrer dans le monde obscur des instincts et des impondérables. Que la science pénètre et scrute ces régions troubles (Barrès, Cahiers, t. 11, 1914, p. 70).Il n'avait pas l'air d'un consolateur ou d'un conseiller discutant les raisons impondérables du cœur (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 160) : 2. Le monde hésitait entre la guerre et la paix, l'avenir dépendait peut-être d'un impondérable : ça serait un crime de ne pas tout tenter en faveur de la paix.
Beauvoir, Mandarins,1954, p. 141. REM. Impondéré, -ée, adj.,synon. de impondérable.(rare). a) [Au sens I A] Terme préférable à celui d'impondérable, parce qu'il répugne de déclarer qu'une capacité est absolue, quand on ignore si elle l'est réellement. Aussi beaucoup de physiciens disent-ils fluide impondéré, au lieu de fluide impondérable (A.-J.-L. Jourdan, Dict. (...) des termes usités dans les sc. nat., Paris, Baillière, t. 1, 1834, p. 640).b) [Au sens I B] La silhouette de la célèbre danseuse se détachait toute blanche, comme une petite ombre falote, légère, impondérée (A. Daudet, Nabab,1877, p. 261). Prononc. et Orth. : [ε
̃pɔ
̃deʀabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. a) 1795 phys. « qui ne peut être pesé » (F. A. C. Gren [chimiste all., 1760-98], art. trad. en fr. ds J. des Mines, t. IX, p. 63 : Le phlogistique est impondérable); 1805 fluide impondérable (Annales de Chimie, t. LII, p. 172 ds Fonds Barbier); b) 1883 p. ext. « très léger » (Rollinat, Névroses, p. 184 : son corps impondérable [du papillon]); 2. 1835 fig. « immatériel » (Balzac, Séraphita, p. 276 : une création intangible, invisible, impondérable); 3. 1914 subst. fig. « ce dont il est impossible de prévoir ou d'évaluer l'effet » (Barrès, loc. cit.); 1916 adj. (Saussure, Ling. gén., p. 208 : facteurs impondérables de la race); 1920 subst. (Proust, Guermantes 1, p. 225 : il méconnaissait le rôle des impondérables, comme disait Bismarck). Dér. de pondérable*; préf. im- (in-1*). Au sens 3, empr. à l'all. Imponderabilien, subst. plur., utilisé en ce sens dans la 1remoitié du xixes. par les écrivains Jean-Paul Richter et J.-J. von Görres, et répandu dep. 1868 grâce à Bismarck (Kluge; Brockhaus Enzykl.). Fréq. abs. littér. : 131. DÉR. Impondérabilité, subst. fém.a) Caractère de ce qui est impondérable (au sens I B). [Dans le dernier morceau de la Symphonie en ré] la légèreté le dispute à la robustesse − on dirait d'un concours entre elles − l'impondérabilité à la pesanteur (Ghéon, Prom. Mozart,1932, p. 293).b) Néol., astronaut. Synon. de apesanteur.Le comportement des hommes qui ont été particulièrement entraînés à résister à l'état d'impondérabilité (France-Soir, 14. 8. 1962, p. 1, col. 4 ds Guilb. Astronaut. 1967).Le vol de 34 heures en état d'impondérabilité n'avait exercé aucun effet préjudiciable sur l'état physique de l'astronaute (Le Monde,19-20. 5. 1963, p. 3, col. 6, ibid.).− [ε
̃pɔ
̃deʀabilite]. − 1resattest. a) 1834 (A.-J.-L. Jourdan, Dict. sc. nat.). b) 1962 Astronaut. (N. Skrotzky, loc. cit.); de impondérable, suff. -(i)té*. |