| IMPLORER, verbe trans. A. − [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers., une de ses dispositions intérieures, un être divin, parfois une collectivité, une chose personnifiée] 1. Supplier d'une manière pressante. Implorer qqn du regard; aller implorer qqn; implorer la clémence, la pitié de qqn; une voix implore qqn. Je pleure, je te supplie, je t'implore comme on implore Dieu, et tu ne m'entends pas (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 137).C'était en vain que j'implorais le donjon de Roussainville, que je lui demandais de faire venir auprès de moi quelque enfant de son village (Proust, Swann,1913, p. 158) : 1. Puisque c'est toi qui veux nouer encore
Notre lien,
Puisque c'est toi dont le regret m'implore,
Écoute bien...
Desb.-Valm., Élégies,1859, p. 54. − Implorer qqn de + inf.J'implorais Goncourt de soutenir ma propagande (Blanche, Modèles,1928, p. 12). − Implorer qqn pour ♦ pour qqn ou qqc.J'ai passé ma vie à implorer le ciel pour les hommes (Chateaubr., Martyrs, t. 3, 1810, p. 156).Un certain nombre de scheiks bédouins (...) ne cessaient de m'implorer pour la réduction du tribut (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 41). ♦ pour que.Elle l'a imploré, supplié pour qu'il la laisse dans la cuisine (Céline, Mort à crédit,1936, p. 650). 2. Emploi pronom. réfl. L'homme moderne a l'habitude dans ses nécessités de s'implorer, d'abord, lui-même (Michelet, Journal,1850, p. 122). 3. HIST. DU DR. Implorer le bras séculier. Recourir à la justice séculière pour faire exécuter les sentences de la justice ecclésiastique. (Dict. xixes., Lar. 19e-Lar. Lang. fr., Quillet 1965). B. − [Le compl. d'obj. dir. désigne un obj. de désir (chose et parfois pers.)] 1. Demander d'une manière pressante. Implorer la grâce, le pardon de qqn ou de qqc.; venir implorer qqc. Miette, confuse, le regardait comme pour implorer aide et secours (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 33).Élections (...). On a l'air d'implorer un bulletin de vote. Chaque sourire semble une prière (Renard, Journal,1904, p. 892) : 2. ... les jeunes filles passaient, habillées de lin pâle et avec leurs mains jointes, avec leurs lèvres réunies offraient des couples de colombes, imploraient des amants nombreux et des maisons prospères.
Maurras, Chemins Paradis,1894, p. 39. SYNT. Implorer l'appui, la protection de qqn; implorer une faveur, un miracle; implorer qqc. à genoux; le regard de qqn implore qqc. − Par personnification. Ces roches (...) imploraient par leurs mille gerçures la goutte d'eau qui ne tombe jamais (Gautier, Rom. momie,1858, p. 159). 2. Implorer de qqn (pers., disposition intérieure, être divin) qqc.Implorer de votre compassion des consolations passagères (Nodier, Fée Miettes,1831, p. 91).Implorer de l'Archange ou de la Mère de Dieu la guérison et l'oubli de son mal (Lorrain, Âmes automne,1898, p. 129). 3. Implorer que : 3. Enfant ignorant du malheur,
Pleure avec moi pourtant et, sans parole, implore
Que l'on laisse vivre ta sœur.
Moréas, Iphigénie,1900, p. 134. C. − Emploi abs. [Le compl. d'obj. dir. sous-entendu peut être une pers. ou une chose] La fierté qui n'implore pas et ne veut aucune faveur (Amiel, Journal,1866, p. 224) : 4. − Mon Dieu, dit Valentine en levant ses deux mains au ciel avec une expression sublime, vous le voyez, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour rester fille soumise; j'ai prié, supplié, imploré; il n'a écouté ni mes prières, ni mes supplications, ni mes pleurs.
Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 182. − En incise. − Écoutez!... implora Boris dont la voix se mouillait de larmes (G. Leroux, Roul. tsar,1912, p. 124). Prononc. et Orth. : [ε
̃plɔ
ʀe], (il) implore [ε
̃plɔ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1280 (Clef d'Amour, 1088 ds T.-L. : Pour sa grace implorer). Empr. au lat.implorare « demander avec des larmes; invoquer, implorer ». Fréq. abs. littér. : 991. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 042, b) 1 198; xxes. : a) 1 610, b) 859. DÉR. Implorateur, -trice, adj. et subst.,rare. a) (Celui, celle) qui implore. À un des amis implorateurs dont il vient d'être parlé (Bloy, Journal,1902, p. 84).[Par personnification] Implorateur de. Nos créanciers, gueules toujours béantes imploratrices d'excréments (Bloy, Journal,1898, p. 272).b) [En parlant d'une attitude, d'une disposition intérieure] Elle (...) me dit d'un air implorateur (Goncourt, Journal,1874, p. 1004).Avec toute cette patience imploratrice (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 287).− [ε
̃plɔ
ʀatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. − 1reattest. 1530 ([J. Bouchet], Les Triumphes de la noble et amoureuse dame, Poitiers, folxi ro); de implorer, suff. -(at)eur2*. |