| IMPÉRATIF, -IVE, adj. et subst. masc. A. − GRAMM. Mode impératif et p. ell. impératif, subst. masc. Mode exprimant un ordre, une défense ou un souhait, caractérisé en français par une formation propre au présent et au passé avec conjugaison à la deuxième personne du singulier, à la première et à la deuxième personne du pluriel : 1. Son invocation victorieuse est à l'impératif, le mode dont l'Éternel se servait, dans Ésaïe, pour réveiller la ville sainte : « Réveille-toi! Réveille-toi! Revêts ta parure ô Sion!... »
Durry, Nerval,1956, p. 173. − P. méton. du subst. Une des formes de ce mode. J'ai même inventé le verbe vacher. (...) le plus beau c'est l'impératif : « Vachons! » (Flaub., Corresp.,1867, p. 275). − Adj. Relatif à ce mode, qui contient un verbe à ce mode. Phrase, proposition impérative. Recueil de dogmes énoncés en forme impérative (Maistre, Constit.,1810, p. 32). Rem. D'autres modes, certaines tournures peuvent avoir la valeur d'impératifs : le futur (Tu ne tueras point), l'infinitif (Ne pas agiter), le subjonctif, en particulier à la troisième personne, absente du mode impératif proprement dit (Qu'il parte!), la phrase interrogative (Vous ne vous tairez pas?), un substantif (Attention!) (cf. Dupré 1972). B. − 1. Adjectif a) [En parlant d'un mode d'expression, d'une loi humaine, d'une valeur] Qui contient, qui exprime un ordre, à quoi on doit se soumettre. Devoir, ordre impératif; loi, disposition impérative. On entendit des coups secs et impératifs à la porte de la classe (Champfl., Souffr. profess. Delteil,1853, p. 231) : 2. Si la fraternité est laissée au sentiment (...), elle n'est pas efficace, ou elle l'est pour une heure d'élan (...). Si elle est écrite en loi et impérative, elle n'est plus fraternelle.
Michelet, Journal,1847, p. 662. ♦ Mandat* impératif. − P. anal. Métronome au rythme impératif (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 849). b) [En parlant d'une pers., de son comportement] − [En parlant d'une pers.] Qui ordonne de façon absolue, qui ne transige pas. − Allons, − ordonna Antinéa, impérative (Benoit, Atlant.,1919, p. 181).Cacor, cette fois, fut impératif (...). Sans opération immédiate, je ne réponds plus de rien (H. Bazin, Vipère,1948, p. 101). − [En parlant d'un élément du comportement] Qui exprime un ordre, qui a un caractère d'autorité. Synon. impérieux.Air, ton impératif. Le plus souvent, elle avait une voix brève et impérative (Zola, Page amour,1878, p. 945). c) P. ext. [En parlant d'un inanimé abstr.] Qui est urgent, nécessaire, qui s'impose en raison de lois naturelles, logiques. Ces êtres dont le besoin de carbone est aussi impératif que celui de la plante (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 344).Délais impératifs imposés dans un domaine à évolution si rapide (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 119). 2. Subst. masc. a) Prescription morale. La mieux appropriée [parmi des maximes] tient dans cet impératif : « Sois en harmonie avec toi-même » (Gaultier, Bovarysme,1902, p. 226).L'idée d'une science morale qui serait un impératif, qui donnerait des impératifs, est absurde (Barrès, Cahiers, t. 8, 1910, p. 29). − PHILOS. (Kant). Impératif catégorique* (ou kantien ou moral). ♦ Impératif hypothétique. Impératif lié à une fin. Cf. Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 67. b) Gén. au plur. Ce qui s'impose, ce qui a un caractère d'urgence, de nécessité en raison de la situation ou de la conjoncture. Impératifs économiques, techniques. Des populations agricoles tirant de leurs impératifs vitaux un art évoluant avec lenteur (Faure, Espr. formes,1927, p. 89). Prononc. et Orth. : [ε
̃peʀatif], fém. [-i:v]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1245 subst. gramm. (H. d'Andeli, Bataille des .VII. ars, éd. A. Héron, 387); 2. 1486 adj. « qui exprime le commandement, l'obligation de faire quelque chose » (Expos. de la reigle, M.S. Ben., fo97d ds Gdf. Compl.); 3. 1801 subst. philos. (De Villers, Philosophie de Kant, p. 385). Empr. au b. lat.imperativus terme de gramm., et au passif, au sens de « qui a été ordonné », formé sur le supin imperatum de imperare « commander ». Fréq. abs. littér. : 357. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 224, b) 269; xxes. : a) 480, b) 893. DÉR. Impérativement, adv.D'une manière impérative. a) D'une manière autoritaire, absolue. Contributions qui sont exigées impérativement de chaque citoyen (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 198).Expliquez-moi d'abord, dit-il impérativement (Gide, Caves,1914, p. 842).b) D'une manière pressante, nécessaire, logique. C'étaient de vieilles connaissances qui l'attiraient impérativement (Baudel., Hist. extr.,1856, p. XXVIII).Le lancement est impérativement lié à un certain état de la marée (Perpillou, Industr. constr. nav.,1967, p. 14).− [ε
̃peʀativmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1762. − 1reattest. 1584 (Thevet, Vie des hommes illustres, 311 Vo, dans Delb., Notes mss); de impératif, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 26. BBG. − Delb. Matér. 1880, p. 173. |