| * Dans l'article "ILOTE,, subst." ILOTE, subst. A. − [Dans l'Antiq.] Esclave des Spartiates, principalement chargé des travaux ruraux, et dont la condition était, selon les historiens grecs, très pénible : Clemenceau disait avec sa concision laconique qu'Homère était le poète des Lacédémoniens, parce qu'il prêche la guerre, et Hésiode celui des Ilotes, parce qu'il prêche l'agriculture. À Sparte, Hésiode pour avoir chanté l'agriculture, était regardé comme le poète des Ilotes.
Barrès, Cahiers, t. 4, 1904, p. 25. − [P. réf. à la tradition selon laquelle les Spartiates enivraient les ilotes pour inciter, par le spectacle qu'ils donnaient, les enfants à la sobriété] Ilote ivre. Allan me jeta ici (...) un coup d'œil glacial, amusé, imperceptiblement dédaigneux, − et je me sentis soudain l'ilote ivre toisé par un fils de prince, un fils de roi, par un des égaux (Gracq, Beau tén.,1945, p. 147).Comme les Spartiates montraient à leurs fils un ilote ivre, il arrive que je lui montre mon pays, pour qu'elle voie ce qu'elle ne doit pas être (Montherl., Maître Sant.,1947, II, 1, p. 624). B. − P. anal. 1. Personne en état de dépendance vis-à-vis d'une autre personne. Ma belle-mère aussi serait supportable. Cette malheureuse ilote, absolument terrorisée par les gros sourcils noirs et la barbe blanche de son vieux fleuve d'époux (Coppée, Vingt contes nouv., t. 2, 1883, p. 142).Il avait chargé son ilote d'acheter le somptueux vêtement japonais (Colette, Fin Chéri,1926, p. 217). 2. Personne réduite à la misère, à la déchéance physique ou morale. Sénécal continuait : l'ouvrier, vu l'insuffisance des salaires, était plus malheureux que l'ilote, le nègre et le paria, s'il a des enfants surtout (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 176).Des nations entières sont devenues des espèces d'ilotes par l'usage immodéré de ces stimulants [tels que l'opium] et par celui des liqueurs fortes (Delacroix, Journal,1849, p. 274). REM. Ilotiser, verbe trans.Réduire à l'état d'ilote. Nous serons très prochainement, nous chrétiens, domestiqués, ilotisés, réduits en servitude (Goncourt, Journal,1886, p. 562). Prononc. et Orth. : [ilɔt]. Att. ds Ac. dep. 1798. Formes hilote (Littré, Lar. Lang. fr.) et hélote (Lar. 20e). Étymol. et Hist. 1. Av. 1593 hist. gr. (Amyot, trad. de Plutarque d'apr. Ritter ds B. Inst. genevois, t. 36, p. 440); 1595 (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, I, III, p. 35); 1794 fig. ilote ivre (Chénier, Bucoliques, p. 214); 2. 1788 (Lanjuinais, Le Préservatif, I, p. 145 ds Brunot t. 6, p. 132, note 1 : d'exclusions en exclusions, nous deviendrons peu à peu comme des « Ilotes » chez les Spartiates); 1793 « personne opprimée » (Robesp., Discours, Marc d'argent, t. 7, p. 168). Empr. au lat.Ilotae (gr. ε
ι
́
ω
ς, -ω
τ
ο
ς, plur. ε
ι
́
λ
ω
τ
ε
ς) « Les Ilotes », habitants de Laconie réduits à l'esclavage par les Spartiates, envahisseurs doriens. Fréq. abs. littér. : 67. |