| IGNARE, adj. A. − [Appliqué à une pers.] Qui manque d'instruction, de culture; qui est profondément ignorant. Là où vous voyez écrits ces deux mots : Écrivain public (...) vous pouvez hardiment penser que le quartier recèle beaucoup de gens ignares (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 404).L'école de Fort-Archambault. Un maître indigène stupide, ignare et à peu près fou, fait répéter aux enfants : « Il y a quatre points cardinaux : l'est, l'ahouest, le sud et le midi. » (Gide, Voy. Congo,1927, p. 816) : Les milliardaires étaient chauves à dix-huit ans; quelques-uns trahissaient par moment une dangereuse faiblesse d'esprit; malades, inquiets, ils donnaient des sommes énormes à des sorciers ignares...
A. France, Île ping.,1908, p. 405. ♦ Ignare de, en + compl. (indiquant le domaine où se situe l'ignorance).Anaxagoras n'était qu'un païen mécréant (...) ignare des commandemens de notre sainte mère l'Église (Mérimée, Jacquerie,1828, p. 273).Le plus curieux c'est qu'il n'est nullement ignare en son métier; il enseigne très bien le plain-chant à ses élèves (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 122). − Emploi subst. Tous, − les simples et les subtils, les ignares et les doctes, les niais et les malins, − se soumirent à la maxime (Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 12).« Mais voyons, bien entendu », dit M. de Charlus, de l'air docte d'un érudit parlant à un ignare (Proust, Sodome,1922, p. 665). B. − [Appliqué à une manifestation de l'activité hum.] Qui dénote un manque de connaissances, d'instruction. Ton estomac vide et inquiet [ô laboureur] est le seul mobile qui te gouverne encore, et qui te pousse à chercher une chétive pâture, sans discernement et sans force, sur un sol épuisé par tes ignares labeurs (Sand, Lélia,1839, p. 504).Je lisais ce matin dans un grand journal quelque chose d'aussi bête et d'aussi ignare que cela (Goncourt, Journal,1884, p. 345). REM. Ignarerie, subst. fém.Manque extrême de culture. J'ai parcouru l'autre soir (...) un bouquin qui doit être idiot (...). Des figures très sympathiques, de simplicité et de beauté apparaissent, malgré l'ignarerie du reporter (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1906, p. 220). Prononc. et Orth. : [iɳa:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1365 « ignorant » (Oresme, Monnaies, éd. L. Wolowski, p. VII). Empr. au lat.ignarus « qui ne connaît pas, ignorant ». Fréq. abs. littér. : 78. Bbg. Darm. 1877, p. 91. - Gohin 1903, p. 303. |