| IDIOME, subst. masc. A. − Langue propre à une communauté, généralement une nation, un peuple. L'idiome anglais, français, maternel, national; les idiomes indo-européens. L'hébreu renfermé dans le sépher de Moïse est le pur idiome des antiques Égyptiens (P. Leroux, Humanité, t. 2, 1840, p. 512).En Europe, l'ancien slavon, le tudesque, le gothique, le normannique se retrouvent au-dessous des idiomes slaves et germaniques (Renan, Avenir sc.,1890, p. 206) : 1. ... quel extravagant mélange de races et d'idiomes représenta l'armée française de 1939-1940. Dans mes casiers, il y avait des Polonais, des Italiens, des Russes blancs, des Turcs, des Espagnols, des Hongrois...
Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 100. − LING. Ensemble des moyens d'expression d'une communauté considéré dans sa spécificité. La vie linguistique d'un idiome. Le terme d'idiome désigne fort justement la langue comme reflétant les traits propres d'une communauté (Saussure, Ling. gén.,1916, p. 261). B. − Usage linguistique propre à une région, à une province, à un groupe social, indépendamment d'une structure politique, administrative ou nationale. L'idiome provençal, toscan. Un poëte qui crée une langue d'un idiome comme Pétrarque a créé l'italien (Lamart., Cours litt.,1859, p. 234).L'idiome chananéen est devenu la langue sacrée par excellence (Weill, Judaïsme,1931, p. 145) : 2. ... dans un style puisant à tous les dialectes, empruntant des expressions à toutes les langues charriées dans Rome, (...) faisant parler à chacun son idiome : aux affranchis, sans éducation, le latin populacier, l'argot de la rue; aux étrangers leur patois barbare, mâtiné d'africain, de syrien et de grec...
Huysmans, À rebours,1884, p. 41. − P. ext. Manière de s'exprimer propre à une personne, à une époque, à un domaine, à un groupe de personnes, d'initiés, de spécialistes. L'idiome hippique, littéraire, poétique, scientifique; l'idiome d'une caste, des enfants. Honteux et timide, ne sachant point l'idiome des salons (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 83).Cette imitation sans choix qu'on appelle, dans l'idiome du jour, le réalisme (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p. 18) : 3. Il [le commandant] lui parlait toujours un idiome de jeunes mariés, un argot inventé, un patois de nourrice que la jument comprenait parfaitement...
Morand, Extrav.,1936, p. 27. − Au fig. Moyen d'expression autre que le langage. L'idiome de la musique, des nombres. On a vu que nos sens sont des idiomes, dont quatre sont spéciaux et le dernier général (Taine, Intellig., t. 1, 1870, p. 235).Ce qui lui importe [à Monticelli], (...) c'est la couleur, et son mystérieux idiome (Mauclair, De Watteau à Whistler,1905, p. 181). Prononc. et Orth. : [idjo:m]. Att. ds Ac. dep. 1694. Fér. Crit. t. 2 1787 propose d'écrire idiôme. Étymol. et Hist. 1. 1558 « langage particulier à une région » (B. des Périers, Nouvelles récréations, éd. P. Jourda, nouvelle XIV, p. 402); 2. 1611 « ce qui est particulier à une langue » (Cotgr.). Empr. au b. lat.idioma, gr. ι
̓
δ
ι
́
ω
μ
α, α
τ
ο
ς « propriété » et « particularité de style », également attesté en b. lat. au sens de « langue particulière » (615 ds Latham). Fréq. abs. littér. : 250. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 553, b) 436; xxes. : a) 353, b) 144. Bbg. Militz (H.-M.). Zur gegenwärtigen Problematik der Phraseologie. Beitr. rom. Philol. 1972, t. 11, p. 102. |