| * Dans l'article "ICI,, adv." ICI, adv. Adverbe de lieu (plus rarement de temps) marquant le lieu où se trouve le locuteur ou un lieu proche que le locuteur désigne. A. − Emploi réflexif. [Ici se réfère au dire en tant que tel et désigne le lieu où se passe l'acte d'énonciation, où se trouve la personne qui parle (qui dit « ici »), qu'il s'agisse du locuteur lui-même ou de celui dont il rapporte le dire en discours direct. Plus rarement, dans des locutions, adverbe de temps se référant au moment du dire] 1. À l'endroit (point ou espace circonscrit dont l'étendue peut être variable) où se trouve le locuteur. Anton. là-bas, ailleurs.Cf. hier I rem. 1. a) [Sans idée de mouvement] Synon. de céans.Untel, ici présent*...; on est bien ici (fam.); qu'il fait bon ici! Mouillard (...) nous montre le tombeau de Montaigne en chevalier : son cœur seulement est ici, aux Feuillants (Michelet, Journal,1835, p. 184).Et tu seras mieux, papa, au bord de l'eau qu'ici. Tu te coucheras sur l'herbe (Renard, Poil Carotte,1894, p. 72) : 1. Jamais je n'avais vu la campagne au printemps; je me promenai parmi les coucous, les primevères, les campanules; (...) le fait d'exister ici, en cet instant, prenait parfois un éclat fulgurant.
Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 264. − [Dans le refrain d'une vieille chanson fr.] Qui donc sonne ici si tard, compagnons de la Marjolaine? (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1135).PHRASÉOLOGIE.Comment (diable, donc) êtes-vous ici? Il n'est pas ici; vous ici? Je ne m'attendais pas à vous voir ici; je vous attends ici; rendez-vous ici; que se passe-t-il ici? Ma place n'est pas ici; vous n'avez plus rien à faire ici; y a-t-il quelqu'un ici? Il y a tout ce qu'il faut ici; où sommes-nous ici? Ça sent bon, ici! Il fait bon, chaud, froid ici; on gèle ici; on ne voit pas clair ici; on étouffe ici; je m'ennuie ici; pas ici! son séjour, sa présence ici. b) [Avec des verbes de mouvement] − [Direction] Entrez ici; arrive ici; que venez-vous faire ici? Qu'est-ce qui vous amène ici? Ne remettez plus les pieds ici! (fam.). Ernest, lui dit-elle, viens ici. Elle s'assit en prenant son fils entre ses deux genoux (Balzac, Gobseck,1830, p. 432).Qu'est-ce que tu viens faire ici? (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 440). − [Origine] Fuir d'ici, partir d'ici; chasser (qqn) d'ici; s'éloigner d'ici, déloger d'ici, filer d'ici, ne pas bouger d'ici, revenir d'ici, tirer (qqn) d'ici. Allez-vous en d'ici, car je vous chasse tous! (Hugo, Légende, t. 1, 1859, p. 197).Alain : Tu devrais sortir d'ici, te mêler à la vie, voir des gens (Mauriac, Mal Aimés,1945, II, 1, p. 187). ♦ Loc. interjective. Hors d'ici! : 2. − Sortez! fit-il. − Mais... − Plus un mot! Sortez, vous dis-je; allons, oust! hors d'ici! quittez ce lieu que vous déshonorez de votre ignoble présence!
Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 5etabl., 1, p. 172. − [Passage] Entrez, passez par ici; s'il passe par ici. Voulez-vous sortir par ici, ou la voir? Elle est dans le salon (Delécluze, Journal,1824, p. 44). ♦ [Dans le refrain d'une vieille chanson fr.] Elle poussa même la délicatesse d'esprit jusqu'à chanter sans en avoir envie : « Il a passé par ici, le furet du Bois, Mesdames, il a passé par ici le furet du Bois joli » (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 920). ♦ Par ici. Dans cette direction (lieu que le locuteur montre, cf. A 4 b et B). 2. En partic. a) Dans le lieu clos ou dans l'espace géographique (et p. méton. dans le groupe social) où se trouve le locuteur. − Dans cette maison (cet hôtel, ce restaurant, ce magasin, etc.). Ici on parle anglais; ici on paie comptant, par chèques; je me sens chez moi ici; vous êtes ici chez vous; venez passer quelques jours ici; on entre ici comme chez moi, comme dans un moulin*; c'est la maison du bon Dieu, ici! Qui (donc) est le maître ici? Où vous croyez-vous, ici? C'est bien ici qu'habite Monsieur Untel? Et toi, à quelle heure te lèves-tu?... − À six heures moins un quart, quand j'vais au Sacré-Cœur... Ici on m'éveille à huit heures (Gyp, Souv. p. fille,1928, p. 218).Il y a beaucoup de travail ici, vous savez, les domestiques sont si étourdis, si négligents! (Bernanos, Joie,1929, p. 588) : 3. − Vous vous plaisez ici, Mademoiselle? Elle regarde autour d'elle avant de répondre : − Oh! pas beaucoup, je ne connais personne, je m'ennuie un peu. − Mais votre collègue est aimable avec vous, ainsi que MlleSergent?
Colette, Cl. école,1900, p. 114. ♦ C'est ici. Nous sommes arrivés à destination. − Numéro 27! dit l'inspecteur. − C'est ici. Ouvrez, Antoine (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1864, p. 155).Il demanda : « Monsieur Flamel. − C'est ici, Monsieur. Entrez » (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Père, 1883, p. 436). ♦ Ici-même. Rojo a été élève ici-même (Malraux, Espoir,1937, p. 607). − [Rejeté en fin de prop., souvent après virgule et en phrase exclam. pour désigner de façon iron. ou péj. un lieu peu agréable et p. méton. un ensemble de pers.] Allons, embrassez-moi. C'est plus qu'une mode ici, c'est une rage, on s'embrasse toutes les cinq minutes (Becque, Corbeaux,1882, I, 4, p. 71).Toujours stupéfait d'être repoussé et raillé. Il murmura : − Ils sont gais, ici! (Zola,
Œuvre,1886, p. 130).− On ne peut donc pas être tranquille une minute, ici! (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 43). b) Dans la contrée, la ville, le pays où se trouve le locuteur. Anton. là-bas, ailleurs.Ici comme ailleurs, ici comme partout; comme on dit ici; c'est l'usage, la coutume, la tradition ici; il fait plus frais ici qu'à Paris; vous venez souvent ici? Tout va bien ici; la vie que je mène ici; mon séjour ici. Il pleut sur Moutiers. Il pleuvra ici dans deux ou trois minutes seulement (Colette, Sido,1929, p. 37).Tu peux être certain qu'au Havre tu ferais de meilleures études qu'ici. Ce ne sont pas des feignants, là-bas (Montherl., Fils personne,1943, II, 2, p. 297) : 4. ... il regrettait les petits camarades du sentier de hêtres, et les cajoleries de ses grands-parents, et les chansons de sa vieille grand'mère. Là-bas, tout le monde s'occupait de lui, tandis qu'ici il était presque toujours tout seul. Non, il n'aimait pas la ville.
Loti, Mon frère Yves,1883, p. 232. ♦ Être d'ici. Être du pays. Synon. fam. être du coin.Vous n'êtes pas d'ici? − Voilà, dit-il, un homme qui n'est pas d'ici, car je ne le connais pas (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 475).Des fois, il veut rire... Même qu'il n'est pas d'ici, voilà six mois qu'il est arrivé du Pas-de-Calais (Zola, Germinal,1885, p. 1173). ♦ Les gens d'ici, la vie d'ici. Élisabeth, qui sera donnée en mariage au fils du prince d'ici (Montalembert, Élisabeth,1836, p. 5). 3. P. anal. À l'endroit du texte ou du discours où le locuteur en est arrivé. Anton. avant, auparavant, en deça, ci-dessus, ci-dessous, après, infra, supra, plus haut, plus loin, au(-)delà.Ici, je m'arrête; il ne s'agit pas ici de..., ce n'est point ici le lieu de..., il n'est pas utile d'observer ici que..., ce que j'avance ici..., je dois avertir ici que...; il faut le répéter ici; ce serait ici le cas de...; le récit que je rapporte ici mot pour mot. Ici l'empereur cessa de parler, et la salle retentit d'aupplaudissemens (Genlis, Chev. cygne, t. 1, 1795, p. 29).Et l'an prochain, si Dieu et Notre-Dame (ici il souleva son chapeau) nous prêtent vie, nous boirons nos tisanes dans le pot d'étain! (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 489) : 5. Mais pour le reste, il fallait demeurer, et accepter de s'en remettre à Dieu, même pour la mort des enfants, et sans chercher de secours personnel. Ici, le Père Paneloux évoqua la haute figure de l'évêque Belzunce pendant la peste de Marseille.
Camus, Peste,1947, p. 1403. − P. ext. Sur ce sujet, dans ce domaine, dans cette matière. Ici encore, comme sous tant d'autres rapports, Élisabeth a été une personnification admirable et complète de son siècle (Montalembert, Élisabeth,1836p. 134).Olga : Qu'est-ce que l'amour vient faire ici? Vous lisez trop de romans (Sartre, Mains sales,1948, 5etabl., 1, p. 178) : 6. Et pourtant il ne faut pas avoir peur de la vérité parce qu'elle seule est belle. Quand je parle ici de la vérité, sans doute je veux parler d'abord de la vérité scientifique; mais je veux parler aussi de la vérité morale, dont ce qu'on appelle la justice n'est qu'un des aspects.
H. Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 2. 4. Loc. adv. et prépositives a) Ici-bas, loc. adv. Sur la terre, dans ce monde (p. oppos. à l'au-delà, à une autre vie). Anton. là-haut, au ciel, dans l'au-delà.Dès ici-bas; les choses d'ici-bas (anton. d'en haut). Le peintre qui cherche ici-bas un type à la céleste pureté de Marie (Balzac, E. Grandet,1834, p. 83).La consolation suprême d'ici-bas : C'est la prière, baume en qui se cicatrisent Souvent la chair et toujours l'âme qui se brise (Jammes, Géorgiques,1912, p. 55) : 7. ... de par les articles les plus sacrés de son Credo, le chrétien estime que l'existence d'ici-bas se continue dans une vie dont les joies, les peines, la réalité, sont sans proportion avec les conditions présentes de notre Univers.
Teilhard de Ch., Milieu divin,1955, p. 34. − Emploi subst. masc. Pouah! Quelle infection par moments que tout cela, que tout cet ici-bas! (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 248).La grâce ne signifie-t-elle pas que, si l'au-delà se rapporte lui-même à l'ici-bas, il ne le continue en aucun cas, mais le nie et le transfigure? (Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 263). b) Par ici, loc. adv. Cf. aussi supra A 1 b. − Dans cette direction. Regardez par ici; veuillez me suivre par ici; par ici la sortie! Par ici la bonne soupe*! − Par ici, Monsieur. − Et le précédant, elle l'introduisit dans le salon (Reider, MlleVallantin,1862, p. 201). − Dans cette contrée, dans cette région (avec ou sans idée de mouvement). Synon. dans les parages.Rôder par ici; qu'êtes-vous venu faire par ici? Des yeux durs en résumé, et point animés par cette gentille vivacité commerciale, orientalo-fragonarde qu'ont presque tous les yeux de par ici (Céline, Voyage,1932, p. 68).− Je vois ce qu'est Monsieur le curé, soupira Céleste, trop bon, trop tendre. Par ici, les gens sont durs (Bernanos, Crime,1935, p. 737) : 8. ... Tartarin, que l'enseigne de l'auberge intriguait, demanda au joueur de cor cassant une croûte dans un coin (...) : − Vous avez donc des chamois par ici?
A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p. 166. − [Dans une phrase exclam., avec une nuance péj. ou iron.] Les bonnes femmes venaient me voir au lit à cause de mes pyjamas. Des retardés, par ici, ce n'est pas croyable! (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 1031). c) Jusqu'ici. Jusqu'au lieu où se trouve le locuteur. De la rivière jusqu'ici; avancez jusqu'ici; depuis... jusqu'ici. Cf. jusque(s) I A 1 d. d) D'ici. Du point où nous sommes (point de départ d'un verbe de perception). Je l'entends d'ici; je vois ça d'ici (= j'imagine); vous voyez d'ici le tableau. − D'ici (à)... [pour marquer une distance]. V. de1I A 1 a β. − ... d'ici (postposé, le compl. de distance est toujours introduit par une prép. : à ... d'ici). À deux pas d'ici; à cent, à mille lieues d'ici. Il y a, à vingt pas d'ici, une crémerie qui, d'après des photographies qu'on ferait peindre par un peintre de charcutier, donnerait un décor cent fois plus réel (Goncourt, Journal,1888, p. 866) : 9. Nous nous verrions souvent : vous habiteriez chez ta mère, à deux kilomètres d'ici... Qu'est-ce que c'est deux kilomètres? Cinq minutes en auto! Et tu n'en mets guère plus à pied quand tu prends le raccourci, par le bois de Berge, et que tu cours comme un fou...
Mauriac, Mal Aimés,1945, II, 9, p. 217. ♦ À x minutes, heures d'ici. À cinq minutes d'ici. − On ira demain? C'est au moins à deux heures d'ici! (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 197).− Là où vous allez pour la Compagnie, c'est la pleine forêt, c'est humide... C'est à dix jours d'ici (Céline, Voyage,1936, p. 163). 5. Loc. temporelles (ici marque le point de départ ou d'aboutissement dans le temps) a) Jusqu'ici, loc. adv. Jusqu'au moment présent, jusqu'à aujourd'hui. Synon. jusqu'à présent, jusqu'à maintenant.Jusqu'ici il n'a rien dit; cela ne s'est guère vu jusqu'ici; jusqu'ici..., désormais/maintenant... Cf. jusque(s) I A 2 c. b) D'ici (à)... (pour marquer un laps de temps). À partir de maintenant. D'ici là, d'ici peu. Cf. de1ex. 5. − D'ici à ce que + subj.D'ici à ce que ma vaste opération soit finie, je suis dans les embarras les plus étroits (Lamart., Corresp.,1830, p. 6).D'ici à ce que ton neveu ait l'âge de Péclet, la condition des travailleurs peut s'être améliorée (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 281).D'ici que + subj. (plus rare).D'ici que l'on donne le nom de Régis Lalande à une rue... (E. Triolet, Le Grand Jamais,pp. 139-140 ds Grev. 1975, § 916, N.B. 2). − Au fig. D'ici à + inf.D'ici à s'imaginer que je passe mes nuits à sabler le champagne, que je suis vendu à l'Amérique, il n'y a qu'un pas : on le franchira vite (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 394). Rem. La prép. à est facultative pour introduire l'indication de la limite considérée; l'usage tend à l'omettre. D'ici demain/à demain; d'ici janvier/à janvier, d'ici le 13/au 13... Cf. de1I A 3 c. c) ... d'ici(le compl. de temps est introduit par une prép. comme avant, dans, après...). Dans vingt ans d'ici. Je ne serais pas étonné si dans quelques années d'ici mes facultés baissaient tout à coup (Constant, Journaux,1804, p. 129).Avant huit jours d'ici, il n'y aura plus en France, et peut-être en Europe, une douzaine de socialistes pur jus (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 512). 6. Emploi subst. masc. inv., littér. ou spéc. (dans le domaine de la philos.).Le lieu de la présence. Anton. l'ailleurs.L'ici et le maintenant. La présence des anges est une annonce de paradis. Elle crut voir au-dessus de cette auberge le mystérieux ICI de la Providence (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 189).L'élément des formes, c'est l'ensemble des « ici », ou, comme disent les relativistes, des points-événements dans l'espace-temps (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 32).Une conscience absolue de l'« ici », sans laquelle on serait renvoyé de souvenir en souvenir et l'on n'aurait jamais une perception actuelle (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 163). B. − Emploi référentiel 1. À l'endroit plus ou moins proche mais précis que l'on désigne (d'un geste par exemple). Synon. là (sans idée de proximité). a) Veuillez signer ici; il y a une tache, une faute d'orthographe ici; appuyez ici (= sur ce bouton); regardez ici; placez-vous ici, près de moi. − Mettez une épingle ici. Eh! non, pas là, ici, près de la manche (Zola, Bonh. dames,1883, p. 692).Commence par remplir ce formulaire. Mets tes doigts dans cette encre. Pose-les ici. Parfait (Camus, État de siège,1948, p. 244) : 10. − C'est ici − (montrant sa place) − que vous travaillez? − Non, dit-il, c'est là. Il indiqua le renfoncement le plus obscur de la pièce, et une chaise basse qui tournait le dos à la lumière.
Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1509. − En partic. [pour désigner un endroit du corps] Où souffrez-vous? − Ici; j'ai mal ici, pas là, ici. Knock, il lui palpe et lui percute le dos, lui presse brusquement les reins. − Vous n'avez jamais mal ici le soir en vous couchant? Une espèce de courbature? (Romains, Knock,1923, II, 4, p. 11). b) Ici! [En phrase ell. du verbe, interj. servant à exprimer l'ordre de venir, en partic. en s'adressant à un chien] Fam. Ici, Médor! Ici, tout de suite! Synon. aux pieds! (pour s'adresser à un chien).« Top, ici! » dit-il. Le chien accourut à l'appel de son maître (Verne, Île myst.,1874, p. 115).Les promeneuses, ici, tout de suite! − Voilà, Mademoiselle! (Colette, Cl. école,1900, p. 274) : 11. − Allons, − ici, Diane, dit le jeune homme; ici tout de suite. − À l'appel de son maître, le chien lâcha prise et reçut un dernier coup de balai de la marchande, qui l'appela Lacenaire!
Murger, Scènes vie jeun.,1851, p. 199. c) Allô, ici Untel! [Au téléphone, à la radio, à la télévision, etc., pour annoncer l'identité du poste ou du locuteur] Ici Londres; ici Paris, Radiodiffusion et Télévision française; allô, la maison X? Ici M. Untel qui voudrait parler à... − Ici, le poste radio. Nous vous communiquons les télégrammes (Saint-Exup., Vol nuit,1931, p. 102).Allô, allô, ici radio Barcelone. Chers auditeurs, nous vous donnons lecture des derniers télégrammes relatant les événements d'Oviedo (Camus, Révolte Asturies,1936, II, 3, p. 415) : 12. − « Allô... le 01-32?... Le professeur Philip est rentré? Ici, le docteur Thibault... » (Un temps). « Allô... Bonjour, Patron... Je vous empêche de déjeuner... C'est pour une consultation. Urgente... »
Martin du G., Thib., Consult., 1928, p. 1055. d) Dans un endroit désigné par une inscription (épitaphe, lieu célèbre...). Ici naquit, ici gît, ici repose... (cf. ci1B 2). Une balustrade avec cette inscription : Ici, les Guises tenaient conseil (Michelet, Journal,1839, p. 320).Une pierre noire avec cette inscription en lettres dorées : ici naquit turenne le 11 septembre 1611 (Hugo, Rhin,1842, p. 44) : 13. ... j'ai demandé que l'on grave sur ma tombe : « Ici gît un citoyen britannique qui n'a jamais sifflé dans son bain et qui n'a jamais prétendu être un détective amateur ».
Maurois, Silences Bramble,1918, p. 59. 2. P. anal. À l'endroit du texte plus ou moins proche, que l'on désigne. J'ai voulu montrer/peindre ici...; ce que j'ai voulu faire ici (= dans ce qui précède). 3. [En corrélation avec là (ou un mot équivalent, comme ailleurs) pour marquer une opposition entre des lieux différents, sans qu'il y ait nécessairement idée de proximité ou d'éloignement, ici se rapportant au lieu dont on parle en premier] Ici..., là... À un/tel endroit..., à un/tel autre... Ailleurs..., ici... Ici, des rosiers nains qu'un goût docte affila; Plus loin, des ifs taillés en triangles. La lune D'un soir d'été sur tout cela (Verlaine, Poèm. saturn.,1866, p. 71).Et, de comptoir en comptoir, la cliente se trouvait prise, achetait ici l'étoffe, plus loin le fil, ailleurs le manteau (Zola, Bonh. dames,1883, p. 459) : 14. Point d'art ni de lettres en Turquie, donc point de langue circulant de peuple à peuple, point de pensée commune, point d'unité. Ici on parlait latin, là grec, ailleurs slave, plus loin arabe, persan ou hindou.
Hugo, Rhin,1842, p. 440. ♦ Ici et là. De côté et d'autre; en divers endroits. Synon. çà et là, deçà delà, par-ci par là.Ce lieu sublime, mal cultivé, planté ici et là de nobles vignes et de pauvres haricots mourants, a été certainement visité de Dante (Michelet, Journal,1838, p. 265).Profiter de cette dispersion pour s'attribuer, ici et là, des parcelles de ses propriétés (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 208) : 15. Bien des fois, ces derniers temps, j'ai fouillé le quartier de la rue de Sèvres pour les retrouver, interrogeant des concierges, des commerçants, trottant ici et là à n'en plus finir.
Léautaud, In memor.,1905, p. 195. − P. anal. [Pour indiquer une simple opposition entre deux faits, deux cas, deux circonstances qui se rapportent à des moments différents] Synon. tantôt... tantôt...Ici il pardonne, là il punit (Ac.). Pour le but, quelle différence! Là, le présent qui nous échappe; ici, l'avenir qui nous reste (Lemercier, Pinto,1800, I, 8, p. 28). Rem. 1. Ici/là. Ici marque une relation au locuteur : il réfère au lieu (supra A 1, 2, 3, 4) ou, plus rarement, au moment du dire (supra A 5); mais il sert aussi à désigner un lieu considéré comme proche : son rôle est alors celui de l'identification spatiale; si l'idée de proximité s'estompe, il commute avec là, qui fonctionne normalement par rapport à lui comme terme « non marqué » (supra B 1, 2); l'usage tend à remplacer ici par là dans la lang. cour. ou fam. : Nous ne sommes pas là pour nous amuser; qui est là? Ailleurs, ici désigne, p. oppos. à là, le lieu dont on parle en premier (supra B 3). 2. Ici précède parfois le part. passé, dans la lang. recherchée. Les mots ici ajoutés (G. Mauger, Gramm. pratique du fr. d'auj., Paris, Hachette, 1968, § 834). Les personnes ici rassemblées. Ici venu, l'avenir est paresse (Valéry, Charmes, 1922, p. 149). 3. Un emploi pop., à valeur de dém. (pour -ci). Dans ces temps ici (cf. Maupass., Contes et nouv., t. 1, Réveillon, 1882, p. 54). 4. Ici s'emploie suivi d'un adv. : ici même, ici encore, ici au moins. Loc. adv., vx a) Ici dedans. La pluie de nouveau cingla les vitres de la passerelle (...) « Jamais, je ne pourrai veiller ici dedans, dit Davis » (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 56). b) Ici près. Tout près d'ici. Il demeure ici près, rue de la Perle (Balzac, Cous. Pons, 1847, p. 171). REM. 1. Icicaille, adv.,arg. du Temple (cf. Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 180 et 227). 2. Icigo, adv.,arg. des barrières (cf. Id., ibid., p. 229). 3. Icit(t)e,(Icite, Icitte) adv.,région. (notamment Canada, Centre et Ouest) (cf. Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 9; Genevoix, Raboliot, 1925, p. 158; Guèvremont, Survenant, 1945, p. 33; Roy, Bonheur occas., 1945, p. 182; La Varende, Sorcière, 1954, p. 22). Prononc. et Orth. : [isi]. Att. ds Ac. dep. 1694, icy (1694, 1718), puis -i. Étymol. et hist. I. A. 1. Mil. xies. (i)ci adv. de lieu, désigne le lieu où se trouve celui qui parle (Alexis, éd. Chr. Storey, 202); ca 1100 d'ici qu'en « depuis ce lieu jusqu'à » (Roland, éd. J. Bédier, 3635 : d'ici qu'en Sarraguce); ca 1180 d'ici a (Marie de France, Fables, 46, 30 ds T.-L.); 2. fin xiies. [date du ms.] p. ext. « à cet endroit du manuscrit, du discours » (Alexis, prol.). B. Ca 1130 adv. de temps, désigne le moment présent de ici que « jusqu'à ce que » (Lois de Guillaume ds Henry Chrestomathie, no189, p. 338, 16, et gloss. s.v. deci). II. 1604 icy bas loc. adv. « ci-dessous, dans la suite » (Le Loyer, Hist. des spectres, VIII, 8 ds Hug.); av. 1648 venez ici bas (Voiture, Poésies d'apr. Rich. 1680); 1668 (La Fontaine, Fables, VII, 3 : Les choses d'ici-bas ne me regardent plus). I composé de ci1* et d'un i- initial provenant de l'adv. a. fr. iluec « là » (2emoitié xes. illo, St Léger, éd. J. Linskill, 100; mil. xies. iluec, Alexis, 247), du lat, class. ĭllōc « là-bas, là », ĭ
étant devenu ī
sous l'infl. de hīc « ici », cf. FEW t. 4, p. 425a, 559b. II composé de I et de bas1*. Fréq. abs. littér. : 42 986. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 62 381; b) 59 388; xxes. : a) 52 352, b) 66 282. Bbg. Foulet (L.). L'Effacement des adv. de lieu. II. Ici, là et leur groupe. Romania. 1954, t. 75, pp. 433-456. - House (A.B.), Corbett (N.L.). Sur l'orig. de la prononc. icit « ici » au Canada fr. Fr. mod. 1970, t. 38, pp. 147-150. - Kjellman (H.). Fr. ici-ainsi. In : [Mél. Vising (J.)]. Paris, 1925, pp. 161-178. - Larthomas (P.). Là-haut, là-bas. Fr. mod. 1974, t. 42, pp. 196-205. |