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* Dans l'article "HÉLER,, verbe trans."
HÉLER, verbe trans.
A. − MAR. Appeler d'une voix forte et à distance (des marins, une embarcation, un navire), souvent à l'aide d'un porte-voix. Synon. interpeller.Héler un bateau, un canot; héler un bâtiment pour l'arraisonner. Ah çà, vous êtes donc sourd, capitaine, voilà une heure que je m'égosille à vous héler; nous sommes chassés, et par une frégate (Sue, Atar-Gull,1831, p. 19) :
1. saül, oubliant le démon : Ah! qu'est ce donc que j'attends à présent pour me lever et agir? Ma volonté! ma volonté! je l'appelle à présent comme un marin abandonné hèle une barque qu'il voit s'enfuir au loin... Gide, Saül,1903, V, 4, p. 400.
Emploi absolu On hèle avec un porte-voix (Ac.1878-1935).Se penchant à son tour sur la mer et prêtant l'oreille, Paganel (...) écouta (...) héla d'une voix forte. Rien ne lui répondit (Verne, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 232).Les pêcheurs hélèrent, frappèrent de l'aviron la paroi sonore; on ne répondait pas (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 51).
Emploi pronom. réciproque. Les deux capitaines, placés sur le gaillard d'arrière, se hèlent avec le porte-voix : « Le nom du navire? De quel port? Le nom du capitaine? D'où vient-il?... » (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 258).Les mousses se hélaient d'une chaloupe à l'autre (Lorrain, Sens et souv.,1895, p. 156).
B. − P. ext., usuel
1. Appeler de plus ou moins loin ou au milieu du bruit, par geste ou avec la voix. Héler un cocher, un fiacre, un porteur, un serveur, un taxi, une voiture. À la sortie, il me hèle. − Hé, là, où tu vas, l'artiste? (Giono, Baumugnes,1929, p. 158).Notre père, aussitôt, me héla : − Laurent, viens donc m'aider (Duhamel, Terre promise,1934, p. 132) :
2. Les clients de la grande salle regardaient avec curiosité, ceux de la petite hélaient à qui mieux mieux leur ami qui finissait de s'essuyer les pieds. Mais au moment où il allait pénétrer dans la petite salle, il m'aperçut dans la grande. Proust, Guermantes 2,1921, p. 407.
S'entendre héler. Elle s'entendit héler de fort loin, et elle vit des gens qui descendaient l'allée des fontaines en courant (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 135).Il s'entendit héler joyeusement et il reconnut la voix d'Ivan Pétrovitch. Les trois compères étaient assis devant une bouteille de champagne (G. Leroux, Roul. tsar,1912, p. 91).
Rem. Au fig., littér. hapax. Faire venir, appeler, provoquer. Et rien d'autre ne me touchait le cœur. J'en avais honte. Je hélais des larmes en appliquant ma mémoire distraite aux souvenirs les plus amers de mon enfance (Cocteau, Potomak, 1919, p. 230).
Emploi pronom. réciproque. Des voix enrouées qui se hélaient dans le frisquet du petit jour (A. Daudet, Trente ans Paris,1888, p. 282).On se hélait d'une chambre à l'autre; on se donnait la réplique à travers planchers et cloisons (Duhamel, Suzanne,1941, p. 236).
2. P. anal. [Le suj. désigne une chose] Appeler avec insistance. Le téléphone le hèle brutalement, le dérange deux fois : dans son esprit, dont le cours est brisé, dans son corps, qui doit se déplacer pour aller à l'appareil (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1384).Oui, le téléphone (...) quand me hèle sa sonnerie impérieuse (Arnoux, Double chance,1958, p. 34).
Au fig. Il prendrait la grand'route, marchant droit devant lui jusqu'à ce que la chance le hèle enfin, lui qui était né pour les aventures (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 196).
REM.
Héleur, subst. masc.,hapax. Un ouvrier qui se trouvait là, battant la semelle sous un parapluie, au milieu d'autres héleurs de fiacres (Lorrain, Âmes automne,1898, p. 50).
Prononc. et Orth. : [ele] init. asp., (il) hèle [εl]. Att. ds Ac. dep. 1762. Conjug. : devant syll. muette change é du rad. en è sauf au fut. et au cond. je hélerai(s). Hêler chez qq. aut. (Karr, Sous tilleuls, 1832, p. 287; Barrès, Appel soldat, 1900, p. 317; Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 236; Montherl., J. filles, 1936, p. 960); ê reflète une prononc. [ε] anal. des formes fortes (hèle). Étymol. et Hist. [1391 Hurter et heiler (16 août, Reg. du Châtelet, II, 262 ds Gdf. Compl.)]; 1531 [1518 d'apr. éd. Droz-Minard, Textes littér. fr. 1971] mar. (J. Parmentier, Chant Royal ds Bonn., p. 71 : Hau de la nef! Hola Hau, qui nous Helle?); 1830 héler un fiacre (Balzac, Mais. chat, p. 12). Du m. angl. heilen (angl. mod to hail) « saluer, appeler » (de heil, hail « santé, prospérité », d'orig. nord., utilisé comme interj. de salutation) attesté dep. ca 1200 (MED) et dont les attest. comme terme de mar. ne sont pas ant. au xvies. (NED). Le rapport, par étymol. pop., de héler aux interj. hé, ha, ho a pu contribuer à l'extension d'emploi de ce verbe (cf. FEW t. 18, p. 70b). Le terme du Nord de la France héler « boire ensemble, se souhaiter la santé » (1374-87 ds Gdf.; cf. aussi Bonn., p. 71) se rattache au m. néerl. heel, qui correspond au m. angl. heil (FEW t. 16, p. 188b et t. 18, p. 70b). Fréq. abs. littér. : 226. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 103, b) 260; xxes. : a) 536, b) 407. Bbg. La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 288, 289.