| HYPERCORRECT, -ECTE, adj. LING. [En parlant d'une forme linguistique] Qui est (re)construite de manière erronée, pour avoir substitué à un état qu'on suppose incorrect ou altéré un état supposé à tort correct ou conforme à l'étymologie ou au système de la langue. Graphie hypercorrecte. « Lefebvre » orthographié avec un « b » est une graphie hypercorrecte (Lar. encyclop.). Le vaudevillesque dont auquel, locution du « style noble » dans la bouche du gendarme dressant solennellement son procès-verbal : L'individu dont auquel j'ai l'honneur de vous causer; pléonasme où l'accumulation superfétatoire de deux formes hypercorrectes est doublement « distinguée » (Guiraud, Le Fr. pop., Paris, P.U.F., 1965, p. 47).− SOCIOLING. Qui est dû au phénomène d'hypercorrection (infra). Les locuteurs de la classe ouvrière (...) en sont à une étape peu avancée : voyelles très hautes en discours familier, mais très faible stratification au niveau des styles plus surveillés et guère de tendance pour les formes extrêmes, hypercorrectes (W. Labov, Socioling., Paris, les Éditions de Minuit, 1976, p. 244). REM. Hypercorrection, subst. fém.a) Ling. Reconstruction fautive d'une forme linguistique qui conduit à une forme hypercorrecte; la forme ainsi obtenue. La forme vous médites (...) va à l'encontre du décours naturel de l'évolution; c'est une hypercorrection pseudo-cultivée, née de l'ignorance et de la confusion (Guiraud, Le Fr. pop., Paris, P.U.F., 1965p. 16).Ce sont (...) les fautes, d'une part, et d'autre part, les excès de correction ou les hypercorrections que ces personnes [peu cultivées] commettent, en un mot, les dérogations aux normes littéraires, qui nous instruisent sur le latin vulgaire (V. Väänänen, Introd. au lat. vulg., Paris, Klincksieck, 1967, p. 14).Une forte insécurité linguistique qui atteint son paroxysme dans les situations officielles, engendrant les « fautes » par hypercorrection des discours de comice agricole ou de banquet des sapeurs-pompiers (P. Bourdieuds Lang. fr.,1977, no34, p. 29).b) Socioling. Fait, pour un locuteur mis dans une situation de discours « surveillé » ou « recherché », d'outrepasser de façon non fautive mais révélatrice, certains usages linguistiques appartenant au style réputé correct et soigné. Nous décrirons ce phénomène du terme d'hypercorrection, puisque les locuteurs de la petite bourgeoisie outrepassent ceux du groupe le plus élevé dans leur tendance à employer les formes réputées correctes et appropriées au style soigné (W. Labov, Socioling., Paris, les Éditions de Minuit, 1976p. 193). Prononc. : [ipε
ʀkɔ
ʀ
εkt]. Étymol. et Hist. 1933 (Mar. Lex.). Formé de correct* et de hyper-*. |