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HURLUBERLU, -UE, subst. et adj.
(Personne) qui se comporte d'une façon bizarre, extravagante, inconsidérée. Synon. écervelé, évaporé, extravagant, farfelu (fam.).
A. − Subst. On parle de l'hurluberlue qu'est la princesse, tombant comme un ouragan dans la maison, jetant le désarroi chez tout le monde, même chez les médecins, par ses exigences de promptitude impossible demandée aux remèdes, par ses inventions d'aération propres à tuer un malade, par ses agitations, ses inquiétudes (Goncourt, Journal,1888, p. 770).C'est un hurluberlu, une tête brûlée, un maboul. Et puis, il est un peu sournois (Duhamel, Cécile,1938, p. 184) :
Cet étonnant abruti de Napoléon III, hurluberlu couronné, prince des gaffeurs et des imprévoyants, l'avait envoyé [V. Hugo] en exil, où il moisit, entre les bras adorables et les jambes exquises de Juliette pendant dix-huit ans. L. Daudet, Brév. journ.,1936, p. 81.
[Dans une constr. qualificative antéposée] Cet hurluberlu d'Armand se conduisait d'une façon bizarre (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 381).
B. − Adj. Il est juste que je cite à part Marcelle Yrven, excellente dans un de ces rôles de marquise hurluberlue qui ne pardonnent pas à une comédienne médiocre (Colette, Jumelle,1938, p. 77).Pascal (...) me demanda l'objet de ma visite. Je ne pouvais tout de même pas lui répondre, de but en blanc, que cet objet, c'était en quelque sorte lui-même (...). Prise de court et préférant passer pour fâcheuse que pour hurluberlu, je lui parlai rapidement (H. Bazin, Lève-toi,1952, p. 113).
P. ext. [En parlant de choses] Qui dénote de la bizarrerie, de l'extravagance. Une page tout à fait hurluberlu (Péguy, Argent,1913, p. 1196).
Prononc. et Orth. : [yʀlybε ʀly]. Att. ds Ac. dep. 1718. Vx : hurlubrelu (métathèse) ds Land. 1834, Besch. 1845 et DG. Au fém. une hurluberlue (Goncourt, loc. cit.) et au plur. des hurluberlus. L'adj. est parfois inv. (H. Bazin, loc. cit. et Péguy, loc. cit.). Étymol. et Hist. 1. 1564 hurluburlu nom de saint imaginaire (Rabelais, Cinquiesme Livre, éd. J. Boulenger, prol., p. 772, et chap. 15, p. 809, note 3); 1581 interj. (Baïf, Les Mimes, L. II, t. 5, p. 93 ds Hug. : Hurlu burlu tout est confus); 2. 1690 qualifié d'adv. mais utilisé aussi comme adj. hurlubrelu (Fur. : Terme populaire qui signifie, Brusquement, inconsidérément. C'est un homme hurlubrelu, qui agit estourdiment & sans connoissance); 1718 hurluberlu adv. mais utilisé comme adj. et subst. (Ac.). Orig. incert.; peut-être empr., en raison du sens et de la forme des plus anc. attest., à l'angl. hurly-burly « tumulte, confusion », attesté dep. 1539 (Taverner ds NED), prob. altération de hurling and burling (ca 1530, ibid.), hurling « trouble, tumulte » étant le part. prés. substantivé de to hurl « lancer violemment » (d'orig. onomat.), et burling une sorte de reduplication expressive de hurling (v. NED) : Rabelais aurait empr. ce mot aux archers écossais de la garde du roi (v. L. Sainéan ds R. Et. rab., t. 7, pp. 256-257 et p. 460). Pour FEW (t. 9, p. 150b et t. 4, p. 517b, note 12) et EWFS2, hurluberlu est un comp. de berlu attesté dans les dial. aux sens de « qui a la berlue; ahuri; excentrique, etc. » (v. FEW t. 9, pp. 147b-148a), qui, de même que berluer « voir mal, être ébloui » (dep. 1549, Est.), est dér. de berlue* et d'un *hurelu difficile à expliquer : − FEW, loc. cit., y voit un dér. de l'a. fr. hurel « homme à la tête hérissée » (dér. de hure*), mais ce mot n'est attesté qu'une seule fois chez J. Bretel (Tournoi de Chauvency, éd. M. Delbouille, 1511 : Et demandai a un hurel Que on apelle Wauterel) où l'on doit plutôt le comprendre, avec l'éditeur (v. glossaire de l'éd. citée) comme une forme lorr. de hiraut « héraut » (cf. formes hirel, hural citées ds FEW t. 16, p. 199; Wauterel [Wautier] est un héraut dans le texte de J. Bretel, v. en partic. 1226-1227); − EWFS2y voit un croisement de l'a. fr. hurepé « qui a les cheveux hérissés » (attesté dep. 1135, Couronnement Louis ds T.-L., dér. à suff. inexpliqué de hure*) avec hurler*. Fréq. abs. littér. : 42. Bbg. Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 439.